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›› Chronique

La face cachée d’une société en quête d’harmonie

Tous les signes indiquent que l’affaire d’esclavage dans les briqueteries du Shanxi est en train de prendre une dimension politique au niveau national. Après l’intervention énergique de Hu Jintao et de Wen Jiabao en personnes, le gouverneur du Shanxi, M. Ju Youjun a été contraint de faire son autocritique. Même la presse officielle, d’habitude peu loquace sur les questions sensibles, commence à relayer l’indignation de l’opinion. Moins de six mois avant le XVIIe congrès du PCC et un an avant l’ouverture des JO-2008 à Pékin, le scandale du Shanxi a de quoi semer le trouble au sommet du pouvoir et ceci pour toutes sortes de raisons dont on peut ici donner une première analyse.

La première est évidemment l’étendue de l’affaire. D’après les enquêtes conjointes du ministère de Sécurité publique, du ministère du Travail et de la protection sociale et de la Fédération nationale des syndicats, les briqueteries ou petites mines impliquées dans l’enlèvement et l’emploi illégal d’enfants et adolescents dépassent le nombre de mille dans la seule province de Shanxi. L’importance du phénomène dément le caractère isolé du scandale. Il s’agit plutôt d’un modèle économique dont profitent un grand nombre d’entreprises du secteur. Le gouvernement central vient d’ordonner une campagne d’enquêtes de deux mois dans tout le pays. Ces pratiques illégales existent-elles dans d’autres provinces et d’autres secteurs économiques ? La question mérite une réponse claire de la part des responsables politiques tant locaux que nationaux.

La deuxième concerne la complaisance, voire la complicité que le pouvoir local entretenait avec des entrepreneurs indélicats. Il est inimaginable que ce phénomène puisse exister plusieurs années durant sans que l’alerte ne soit donnée par une des instances administratives, judiciaires et policières. Dans un pays où le Parti unique dispose d’un pouvoir absolu sur toutes les administrations, la défaillance des cadres du Parti suffit à étouffer toutes les actions publiques à l’encontre des infractions, qu’elles soient pénales, civiles ou sociales. Derrière cette affaire d’apparence purement judiciaire, c’est bien le régime du Parti unique se trouve dans le collimateur des critiques.

La troisième remarque que l’on peut faire de cette épineuse affaire est la cruelle absence de l’Etat de droit. Sur un scandale qui touche avant tout le droit des citoyens, en l’occurrence le droit du travail, le ministère chinois de la Justice tout comme les tribunaux du Shanxi gardent un curieux silence, laissant la Police mener des enquêtes sur le terrain pour son propre compte et les syndicats appeler dans les media plus de justice sociale. Sans parler d’une improbable indépendance, qu’il n’a d’ailleurs pas réclamée, le pouvoir judiciaire apparaît plus que jamais comme la cinquième roue d’une charrette dont la République populaire n’aurait nullement besoin.


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