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La hausse des prix du porc et ses inquiétantes incidences

Effet de la hausse des prix du maïs, utilisé dans la fabrication de carburant bio (éthanol), les prix du porc se sont envolés au printemps avec des hausses pouvant aller jusqu’à 70% pour le prix du bétail sur pied et près de 30% chez les grossistes à Pékin. La hausse est également le résultat de l’abattage, en mai de 19000 têtes, suite à la « maladie des oreilles bleues » dans 194 districts de Chine. Il en est résulté une désaffection des éleveurs qui hésitent désormais à « faire du porc ». La question est sensible pour deux raisons : la première est que le porc est une des bases essentielles de l’alimentation des Chinois ; la deuxième renvoie aux craintes du pouvoir face aux risques d’inflation, que de nombreux experts et historiens voient comme une des causes majeures du malaise social qui avait initié les drames de 1989 et la répression de Tian An Men.

La question est traitée avec sérieux par le gouvernement central qui a pris deux mesures drastiques, dont l’envergure traduit l’ampleur de l’inquiétude générée par l’emballement des prix : l’utilisation du maïs dans la fabrication de l’éthanol est prohibée ; une allocation de 3,8 milliards de yuans (380 millions d’euros) destinée à financer un fond d’assurance pour dédommager les éleveurs de porc a été débloquée. Au total selon des sources du ministère des finances, citées par Xinhua, l’Etat dépenserait 6.5 milliards de yuans d’ici la fin de l’année pour contenir les prix du porc. Mais ces derniers n’ont pas été les seuls à grimper récemment : l’inflation avouée par les chiffres officiels est de 3,4% (Xinhua). Tout porte à croire qu’elle est plus élevée, effet pervers combiné de la surchauffe de l’économie, que le pouvoir central tente de juguler sans succès depuis plusieurs années et de l’excessive consomation d’énergie chinoise (à production égale 7 fois plus que les Etats-Unis et, ce qui est plus troublant, 3 fois plus que l’Inde).

Il sera intéressant de suivre l’inflation chinoise dans les mois qui viennent et de vérifier si les prix du maïs baissent effectivement : en effet depuis plusieurs années ces derniers grimpent, tirés vers le haut par le « jackpot » de la fabrication de l’ethanol, chasse gardée de plusieurs grands groupes chinois ayant d’étroites connexions avec le pouvoir central et qui font de la Chine le 3e fabricant mondial, avec l’ambition affichée de faire fonctionner 20% des voitures au carburant bio d’ici trois ans. Plus largement cette affaire illustre à quel point les questions sont enchevêtrées en Chine et renvoient presque toujours à la stabilité sociale, dont les paysans sont à la fois les garants et le facteur perturbant.


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