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La mort de Kim Jong Il. Inquiétudes, non dits et arrière pensées

La puissance des non dits.

A ces éléments il faut en ajouter plusieurs autres, entourés de non dits, dont l’influence pèse également sur la situation.

Le premier est la « carte sauvage » représentée par Pyongyang, dont le régime considère que sa capacité de menace nucléaire à l’ombre de la Chine constitue la clé de sa survie. Cette réalité réduit considérablement les chances d’une solution à la crise, même à moyen terme, à moins que ne surgissent au sein du système – et c’est une inconnue majeure - des réformateurs suffisamment influents et puissants qui placeraient les réformes du pays au-dessus de la geste arc-boutée de la propagande, présentant la Corée du Nord comme un modèle indépassable, menacé par l’extérieur.

Un autre non dit est l’inconfort de Pékin, obsédé par la perspective d’un effondrement brutal du Régime, que Zhongnanhai refuse désormais d’envisager officiellement. Le Bureau Politique n’a en effet jamais répondu aux demandes américaines de planifier une réaction coordonnée en cas d’accident interne en Corée du Nord. Ce choix, qui s’est confirmé en 2010 quand la Chine s’est abstenue de condamner les attaques nord-coréennes contre Séoul, conduira Pékin à soutenir le Régime Nord-coréen, parfois à ses dépens, notamment si Pyongyang reprend sa stratégie de chantage et d’agressions. La question est de savoir jusqu’où Zhongnanhai est prêt à aller dans cette voie.

A l’évidence le Parti Communiste chinois place aujourd’hui ses espoirs dans les arrangements de pouvoir préparés par Kim Jong Il avant sa mort, où Kim Jong Un, plus jeune fils du défunt et successeur désigné, sera placé sous la coupe d’une direction collective composée par l’armée et la propre sœur de Kim Jong Il, Kim Yong Hee, récemment promue général à 4 étoiles, et dont le pivot serait son mari et beau frère de Kim Jong Il, Chang Sun Taek, 66 ans. Détail intéressant, ce dernier est le responsable des investissements étrangers en Corée du Nord ; il figurait en bonne place dans la délégation de Pyongyang qui a visité la Chine en mai 2011.

Chang est le mentor que le « Cher Dirigeant », avait désigné après avoir été victime d’une attaque cérébrale en 2008. En 2010, Chang avait été promu au rang de vice-président de la Commission de la Défense Nationale, de fait l’organe exécutif suprême du pays. Mais rien ne dit qu’il parviendra à bousculer la rigidité de ce système qui transparaît dans la pompe grandiloquente des mises en scène funéraires, sur fond de douleur apprêtée, dont l’objectif est probablement autant de rendre hommage au dirigeant défunt que de garantir la pérennité du Régime.

Enfin, dans la série des non dits, il est impossible de ne pas évoquer la force du complexe militaro industriel conservateur, aujourd’hui aux affaires en Corée du sud, lié aux Etats-Unis, et qui, bien qu’il s’en défende, tire avantage de la perpétuation des logiques d’affrontement. Kim Dae Jung avait tenté de sortir de cette impasse. Il avait en partie réussi, grâce à sa politique d’ouverture – dite « Sunshine policy » -, qui prenait Washington et l’oligarchie des Chaebols à contrepied. Mais ses successeurs n’ont pas été à sa hauteur et la vieille garde conservatrice arc-boutée à une logique qui stigmatise la menace nord-coréenne est revenue au pouvoir.


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