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La puissance financière de la Chine : une carte maîtresse économique, politique et diplomatique

L’Amérique latine, que Washington surveille comme son arrière cour, n’est pas oubliée. Récemment, la Banque Chinoise de Développement a prêté 7 milliards d’Euros au Brésilien Petrobras pour financer une partie de son plan de recherche et d’exploitation, en échange de 200 000 barils / jour. La même opération a eu lieu au Venezuela à hauteur de 3 milliards d’Euros. Le bruit court que la China National Off Shore Oil Corporation (CNOOC), spécialisée dans l’exploration off-shore, aurait avancé ses pions pour participer à l’exploration des eaux territoriales américaines dans le golfe du Mexique en achetant des parts de StatoilHydro, une société norvégienne déjà engagée dans la zone en compagnie d’autres « majors » internationales dont Total, Petrobras, Shell et BP. Une situation très internationale qui rendra très difficile un blocage de Washington.

La quête chinoise se poursuit également en Asie Centrale, au Moyen Orient et en Afrique, où la Chine s’est récemment mise en mesure d’augmenter encore ses opérations avec l’achat (6 milliards d’Euros) en juin dernier, par Sinopec de la société suisse Addax Petroleum Corp, engagée à l’ouest des côtes africaines et en Irak.

Mais les dernières avancées en date ont eu lieu au Ghana, où la CNOOC négocie avec la société pétrolière nationale ghanéenne GNPC pour concurrencer l’offre de l’Américain Exxon Mobil (2,5 milliards d’Euros) en vue d’obtenir une part dans l’exploitation d’un gisement en eau profonde, dont le stock est évalué à près de 2 milliards de barils. Une opération de même ampleur est envisagée en coopération avec les gouvernements guinéen et angolais dans le golfe de Guinée. Les initiatives chinoises dans l’exploration en eau profonde, favorisées par la puissance des réserves de Pékin, alors même que les capitaux manquent à l’Ouest, empiètent sur les chasses gardées des grands groupes pétroliers occidentaux.

Sur le continent eurasiatique Pékin est tout aussi actif. Au Kazakhstan, le fonds souverain chinois a acheté 11% (625 millions d’Euros) d’une société d’hydrocarbures. Les investissements en Russie (construction du pipeline vers l’Extrême Orient russe, prêts à long terme à Rosneft et Transneft) ont atteint 15 milliards d’Euros contre la livraison de 300 000 barils / jour. Là aussi, le dernier investissement en date a été effectué, à la mi-octobre, par le fonds souverain chinois qui, pour 200 millions d’Euros, a racheté 45% des actions de la société d’hydrocarbures russe Nobel Oil Group. C’était le deuxième investissement massif en moins d’un mois du fonds souverain pour un total de 800 milliards d’Euros.

Plus généralement, la puissance financière de Pékin favorise les implantations chinoises partout dans le monde et sont un vecteur de l’influence stratégique de ce nouveau monstre économique. Du Pakistan à l’Angola en passant par le Kirghizstan, le Kazakhstan, la Russie et le Moyen Orient ; de l’Amérique centrale au Brésil, aux marges des Etats-Unis, et jusque dans leurs eaux territoriales, la Chine, qui ne s’embarrasse pas plus d’éthique que la plupart des autres « majors », privilégie ses affaires et utilise ses ressources financières pour assurer ses approvisionnements, consolider ses positions diplomatiques et promouvoir les contrats de ses sociétés. Si les projets au large du Ghana se réalisaient, ils infligeraient un cuisant échec à Exxon Mobil, qui depuis 10 ans recherche en vain de nouveaux gisements.


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