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›› Politique intérieure

La transparence hésitante des « 两会 »

Contrôle macro-économique et priorités sociales.

En février dernier lors de la fête du Chunjie, des ouvriers migrants de la région de Dali au Yunnan non payés par leur employeur rentrent chez eux à pied. Photo Zhang Hao/东方IC

Des dix jours de session il faut d’abord retenir la volonté du Parti de contrôler étroitement les commandes macro-économiques. Si le freinage de la croissance, conséquence conjointe des réformes et du ralentissement global a été entériné avec un objectif fixé à 7% pour 2015, le pouvoir fera tout pour éviter un atterrissage brutal aux conséquences socio-politiques dangereuses pour son magistère.

A cet effet, Li Keqiang a mis en garde le pays contre l’âpreté des défis à venir, « peut-être plus redoutables encore en 2015 ». Conscient des conséquences déstabilisantes d’une chute trop forte de la croissance, il a, dans son rapport du 5 mars, évoqué l’idée d’une « croissance moyenne » indispensable pour améliorer le niveau de vie et créer des emplois, soutenue par des nouveaux moteurs de développements dont les plus importants sont la consommation intérieure, l’amélioration qualitative de la production industrielle et la part accrue des services dans le PIB.

Le tropisme social est clair : l’intention est de connecter 60 millions de ruraux à l’eau potable, de réduire le nombre de foyers sans électricité (soit encore 200 000 personnes), tout en améliorant les performances très maigres et très inégales du système de santé, des assurances maladies et des retraites dont beaucoup, en zones urbaines ou rurales, ne dépassent pas 70 RMB par mois (10,5 €).

Réformer tout en maintenant la croissance.

Le gouvernement créera aussi 10 millions d’emplois dans l’année pour tenter de maintenir le niveau de chômage à 4,5%. Une attention particulière sera portée aux PME et entreprises innovantes qui, plus que les grands groupes publics, sont en mesure de créer des emplois modernes adaptés aux exigences des nouvelles générations.

Comme il l’avait déjà fait en 2014, Li Keqiang a, lors de sa conférence de presse du 15 mars, promis que les formalités de création d’entreprises seraient allégées. Selon lui, la nouvelle souplesse permettait déjà d’enregistrer 10 000 nouvelles sociétés par jour, soit une augmentation de 50% par rapport à l’année dernière.

Globalement, le projet du pouvoir reste de pousser le feu des réformes de structures tout en maintenant la croissance à un bon niveau. Pour l’instant, il n’a pas eu recours à des mesures de relance massives et s’est contenté d’ajuster les taux d’intérêt et le ratio des réserves obligatoires des banques. Une nouvelle fois la promesse a été réitérée que le gouvernement ne cèdera pas à la tentation d’une politique monétaire au risque d’augmenter encore la dette et de retarder les réformes.

Maîtriser les finances publiques. Contrôler les déficits.

Alors que l’immobilier reste fragile, que le montant des créances toxiques des banques souligné par le rapport de la Commission Nationale pour la Réforme et Développement est reparti à la hausse et que les dettes cumulées de la Chine (administrations locales, gouvernement central, ménages et entreprises) ont atteint 282% du PIB soit 29000 Mds de $, ce qui réduit fortement la marge de manœuvre budgétaire, le gouvernement envisage toujours d’ouvrir progressivement le compte de capital, de favoriser la concurrence de nouveaux acteurs privés contre les banques publiques et de libérer progressivement les taux d’intérêt.

Lire notre article Risques financiers et pilotage macro-économique. Entre relance et rigueur

Dans ce contexte, la dépense publique sera en 2015 de 17000 Mds de RMB (2500 Mds d’€), en hausse de 10,6% par rapport à 2014, ce qui portera le déficit budgétaire à 2,3% du PIB. Une partie de ces sommes – près de 50 Mds d’€ - qui, selon Xu Shaoshi, le Président de la CNRD, ne sont pas des mesures de relance, seront consacrées aux projets d’aménagement hydriques, à la modernisation de l’agriculture, et aux constructions d’infrastructures ferroviaires.

Bousculer les réticences des groupes publics.

Le secteur productif sera modernisé et assoupli avec un effort en faveur des PME innovantes utilisant des technologies de pointe dans le but de favoriser la bascule de « l’usine du monde » de la quantité vers la qualité. Quant aux entreprises publiques qui furent longtemps au cœur de la production chinoise, mais dont les profits sont fortement en recul depuis 2012, plombées par d’importantes surcapacités, elles ont donné lieu à un commentaire politique de Li Keqiang.

Celui-ci dénonça les résistances aux réformes, tout en rappelant sa détermination à les surmonter. Après avoir rappelé une nouvelle fois que les inerties et les obstacles étaient profondément retranchés derrière les intérêts corporatistes des groupes industriels publics, le premier ministre a martelé que les restructurations seront poursuivies.

Au passage notons que la réforme des groupes publics ne vise pas à leur privatisation, mais à leur adaptation compétitive au marché. Aussi douloureuse soit-elle pour les grandes entreprises protégées, comme pour le pouvoir qui les a investies, la tâche de modernisation pour plus d’efficacité, de qualité et de rentabilité sera menée à bien quelles que soient les difficultés a insisté le Premier Ministre.

Une bataille féroce contre la corruption.

L’autre commentaire politique de Li Keqiang a porté sur la lutte anti-corruption. Sans élaborer, il a répété « la tolérance zéro » d’une campagne qui allait durer. Immédiatement après la conférence de presse, la détermination anti-corruption du pouvoir a, s’il en était encore besoin, été confirmée par l’arrestation de deux délégués de l’ANP : Qiu He, n°2 du Parti à Kunming et Xu Jianyi, venant de Jilin, PDG du groupe public FAW第一汽车 集团 , engagé dans des JV avec Toyota et Volkswagen. L’accusation formulée par la Commission de discipline, en dehors du système judiciaire chinois, est toujours la même : « manquement grave la discipline du Parti ».


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