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Le difficile financement des logements sociaux. Effacement de la dette des provinces

Les grands moyens pour une priorité cardinale

Confronté à une impasse, les pouvoirs publics ont d’abord fait savoir en mars, par la voix du Président de la Commission de régulation bancaire Liu Mingkang, que les restrictions de crédit ne concerneraient pas les projets de logements sociaux. Puis, mis en présence du cul-de-sac financier des administrations locales très endettées et dont les revenus liés aux spéculations sur les terres ont, ces dernières années, été sérieusement écornées, le gouvernement prenait fin mai la décision surprise d’éponger la totalité des dettes des gouvernements locaux à hauteur de 463 Mds de $.

Bien que Pékin n’ait pas encore indiqué par quelle méthode il procèdera à ce grand nettoyage d’urgence des créances douteuses accumulées par les agences de financement locales durant la crise, on peut supposer que, comme pour la mise au net des banques entre 1998 et 2005, des sociétés de défaisance rachèteront par des obligations d’état non négociables les dettes non recouvrables, qui disparaîtront des comptes publics.

Les conséquences à long terme de cette décision sont difficiles à prévoir. La dette chinoise est en totalité interne, et donc moins sensible. Mais certaines agences, plus pessimistes, anticipent une crise du système bancaire en 2013.

La manoeuvre brutale indique en tous cas à quel point le projet des logements sociaux - qui, sans être la seule raison de la décision subite d’apurer les créances douteuses des provinces, en aura au moins été un des déclencheurs - est une priorité cardinale pour le pouvoir, décidé à contrôler la grogne des classes moyennes. Lancé par Wen Jiabao en mars, il a déjà été entériné sans ambiguïté par son successeur probable, Li Keqiang, qui a souligné le caractère obligatoire des objectifs fixés par le gouvernement.

L’insistance qui accompagne le programme de logements à prix réduits (à l’achat et à la location) témoigne de la marque sociale de l’équipe Hu Jintao - Wen Jiabao, clairement affirmée dès 2002 et confirmée lors du 17e Congrès en 2007.

Il s’agit, avec la réforme du système de santé qui s’accélère depuis 2009, du deuxième grand chantier de rééquilibrage des inégalités. Ils expriment l’attention portée à la paysannerie et surtout aux classes moyennes des villes, dont la vie quotidienne est systématiquement mise en présence d’insondables inégalités de fortune et de droits.

Que ces deux réformes cruciales pour « l’harmonie » sociale, fil conducteur de l’action politique de l’équipe mise en place en 2002, se heurtent aujourd’hui à des obstacles presque identiques de financement surgis des provinces (voir notre article), dont la racine est l’absence de retours lucratifs, habituel appât des apports massifs de capitaux, constitue une situation alarmante.

Pour la mouvance sociale - réformatrice, elle exprime à la fois une quadrature du cercle et le signal avant coureur de sérieux obstacles sur la route des indispensables rééquilibrages sociaux qui devraient accompagner la bascule du schéma de croissance chinoise vers plus de consommation interne, moins d’attention accordée à l’export, avec, par-dessus tout, la limitation des investissements publics massifs, principal moteur de la hausse du PNB, mais qui monopolisent à l’excès les ressources financières du pays.


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