›› Technologies - Energie
Le 27 décembre dernier Rang Chengqi, directeur du centre chinois de positionnement par satellite, a annoncé que la Chine avait mis à l’essai son système de positionnement spatial baptisé Beidou (Grande Ourse). Durant la période d’essai, le système aura une précision de 25 m. Il comporte 10 satellites en orbite moyenne, qui s’ajoutent aux 5 satellites géostationnaires de Beidou 1, et couvre une zone qui s’étend d’Ouest en Est du Xinjiang à la côte orientale de la Chine et du Nord au Sud de la partie méridionale de la Russie à l’Australie.
Le système, baptisé Beidou 2, fait partie de la 2e phase du programme de positionnement spatial chinois. Il fait suite à Beidou 1, qui s’était achevé en 2004 avec 5 satellites géostationnaires. L’utilisation de Beidou 1 était compliquée par la nécessité de disposer d’un équipement terminal encombrant et cher. Il a cependant été utilisé par les unités de garde frontières et pour positionner les bateaux de pêche et les bâtiments de guerre en Mer de Chine du Sud.
Depuis le 17 avril 2007, date de lancement du 1er satellite de Beidou 2, la Chine a mis en orbite 10 satellites. 6 autres seront lancés en 2012, ce qui devrait améliorer la précision à 10 m. Le système, également baptisé Compass, devrait être entièrement opérationnel et global en 2020 avec au total 35 satellites (le GPS américain et le Glonass russe comptent chacun 24 satellites).
Les échéances chinoises pour un système global correspondent approximativement à celles du système européen Galileo qui devrait également entrer en service entre 2014 et 2020, avec plusieurs années de retard sur le programme prévu.
Rappelons que Galileo offrira une précision de 3 à 4 m en service standard (10 m pour le GPS public) et de moins d’un mètre en application prémium. Les 2 premiers satellites opérationnels de Galileo ont été lancés le 21 octobre 2011 du pas de tir de Guyane par une fusée Soyouz. Ils rejoignent ceux lancés en janvier 2006 à titre expérimental.
La mise en œuvre de Beidou libère dès maintenant la Chine du GPS américain – que le Pentagone pourrait fermer à volonté en cas de conflit -. Il permet le positionnement des navires de guerre américains dans sa zone d’intérêt stratégique directe rendant ces derniers vulnérables à une frappe missile jusqu’à 2500 km des côtes chinoises. Cette évolution capitale obligera le Pentagone à plus de prudence dans les mouvements de ces navires de combat, notamment en cas de tensions en Mer de Chine du Sud et dans la zone de Taïwan.
La mise en service expérimentale de Beidou 2 est l’aboutissement d’une longue quête pour dégager la capacité de manœuvre de l’APL de sa dépendance technologique à l’égard des satellites américains. Elle a démarré après la première guerre du Golfe et s’est accélérée après les tensions avec Taïwan lorsque la marine chinoise avait été incapable de positionner avec précision les porte avions que le Pentagone avait dépêché dans la zone, en réponse aux tirs de missiles balistiques chinois au large de l’Ile.