›› Editorial
Selon les médias chinois (Shanghai Daily, Global Times, China News Service, cités par Willy Lam dans un article de China Brief), dans sept provinces, une dizaine de villes et 14 districts, les dettes auraient déjà dépassé le montant des revenus. Dans le pire des cas, elles étaient même trois fois supérieures aux revenus.
En juin, le gouvernement, inquiet, émettait une circulaire, incitant les administrations locales à améliorer la gestion de leurs finances et à remettre en ordre les sociétés d’investissement créées en grand nombre à partir de 2008, dans le sillage de la crise et du plan de relance.
Cette imbrication entre les projets immobiliers et les administrations locales est un des principaux obstacles rencontrés par le Conseil d’Etat pour freiner la spéculation immobilière. En fait l’administration de la terre, propriété de l’Etat, mais que les pouvoirs publics peuvent céder en usufruit, se trouve au centre des politiques locales. Les revenus de ces cessions, qui constituent 40% des budgets des administrations, subviennent au fonctionnement et financent des projets. Ils permettent aussi de construire des réseaux et des allégeances, d’affirmer son rang social et souvent, d’enrichir ses amis et ses parents.
Mais il y a plus, la directive de Juin demandait aux banques de vérifier la solvabilité de leurs débiteurs, indiquant que de nombreux prêts avaient été octroyés sans précaution, au vu et au su des autorités locales.
Par là, elle mettait en évidence l’indiscipline et l’imprudence des cadres locaux et jetait une lumière crue sur les écarts entres les intentions du centre et leur application sur le terrain. Là où, par exemple, les autorités centrales souhaitent mettre en œuvre des projets d’habitation à loyers modérés, indispensables pour freiner la grogne des petits revenus, les développeurs préfèrent logiquement spéculer, avec les administrations locales, sur les revenus confortables des projets de luxe.
Quant aux programmes sociaux, dont l’urgence a été rappelée en mars dernier, dans la ligne des priorités du 17e Congrès, ils ne sont pas toujours mis en œuvre avec la célérité voulue. En effet, dès lors que la santé financière des administrations locales repose sur les revenus de la terre et en partie sur la spéculation, ils courent le risque de s’enliser dans les conflits d’intérêt avec les contraintes des finances publiques locales en difficulté et les projets immobiliers de grand standing plus rémunérateurs.