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›› Chronique

Le retour en grâce de l’Eurasie et toujours la quête d’énergie

Frictions commerciales

La période a également été marquée par quelques aigreurs, raidissements politiques et querelles commerciales dirigés contre les équipements high-tech des technologies américains de l’information, les laboratoires GSK et les grands du transport maritime mondial, dont la Chine craint la concurrence.

Retour au premier plan de l’affaire GSK

Avec le retour au premier plan du scandale de la corruption des médecins chinois par le groupe GSK, sur la sellette en Chine depuis un an, la cour de Shanghai et la police donnent une nouvelle fois l’image d’une justice sous la coupe du système politique fonctionnant de manière opaque et dont l’objet est plus de détourner l’attention sur des boucs émissaires publiquement montrés du doigt, que d’explorer la vérité des faits. Début juillet on apprenait en effet que Peter Humphrey citoyen britannique et son épouse américaine d’origine chinoise Yu Yingzheng, seraient jugés à huis clos début août.

Arrêtés en août 2013, de toute évidence victimes de représailles dont il est pour l’instant difficile d’identifier l’origine et officiellement accusés de s’être « procurés des informations de manière illégale », ils avaient été mandatés par le siège de GSK à Londres pour enquêter sur l’origine d’une vidéo compromettante du n°1 de GSK à Pékin Mark Reilly, filmé chez lui lors d’une rencontre avec sa maîtresse chinoise.

Au cours des investigations, le couple, victime d’un enchevêtrement d’intérêts qui le dépasse avait exprimé la certitude que les soupçons de corruption qui pesaient sur GSK et un réseau de médecins chinois étaient exacts.

En septembre dernier, ils avait été exhibés à la télévision nationale chinoise, menottés, vêtus de la veste orange des justiciables et forcés de faire publiquement amende honorable, dans la plus pure tradition de la justice spectacle, politiquement manipulée dont la vertu essentielle n’est pas la mise à jour des faits, mais la désignation d’un bouc émissaire qui laisse dans l’ombre le véritables responsables des dysfonctionnements de l’industrie pharmaceutique, qu’il s’agisse des Chinois eux-mêmes, du système de santé, ou des étrangers.

Mise à jour le 9 août  : Le 8 août une cour de Shanghai a condamné
Peter William Humphrey et Yu Zing Zeng respectivement à 2 ans et demi et 2 ans de prison et à des amendes de 200 000 et 150 000 Yuan.

Pharmacie, corruption et revenus des médecins

Les dérapages observés dans le secteur pharmaceutique sont en réalité le produit d’une réglementation chinoise à deux vitesses. La promotion des médicaments n’est en effet autorisée que pour les médicaments chinois fabriqués localement dont le retour sur investissement est faible. Les groupes étrangers qui investissent d’importants capitaux dans la recherche en Chine, s’appliquent donc à mettre en place des circuits de distribution occultes destinés à assurer la promotion de leurs produits.

La stratégie passe inévitablement par les médecins que les groupes chinois ou étrangers rémunèrent soit directement soit par des avantages en nature (voyages d’agrément, appartements, voitures de luxe, études à l’étranger pour les enfants) que les médecins chinois ne pourraient s’offrir avec leurs salaires ne dépassant pas quelques centaines de dollars par mois. Sans cet appoint considérable, le gouvernement chinois serait confronté au défi d’avoir à relever de manière substantielle les rémunérations des médecins.

Lire nos articles :
- 3e trimestre 2013. La lutte contre la corruption et les monopoles cible les groupes étrangers.
- Procès de Rio Tinto. Coup de projecteur sur le système judiciaire chinois.

Offensive contre les groupes IT américains

Depuis 2008, les administrations publiques, les banques d’État et plusieurs grandes entreprises nationales ont engagé une campagne pour supprimer progressivement de leurs équipements informatiques les logiciels et serveurs mis au point par les firmes américains IBM, Oracle et EMC, qui, jusque il y a peu, détenait un complet monopole du marché. Cette manœuvre profite aux firmes nationales telles que Inspur, Sugon et Huawei. Au passage, ce dernier compense ainsi les blocages dont il est victime sur le marché américain.

Le mouvement c’est accéléré à partir de l’affaire Snowden, adjuvant d’une phobie anti-américaine qui semble avoir saisi la machine politique chinoise, tandis que les opérateurs poussés par l’administration adoptaient des microprocesseurs opérant avec les systèmes d’exploitation libres fonctionnant à partir du noyau Linux.

Cinq ans après le lancement de l’offensive et même si les banques d’État qui ont besoin de programmes stables et fiables, tardent à se conformer au mouvement, les ventes d’IBM, Cisco System et Hewlett-Packard ont baissé. IBM avoue que son marché des logiciels s’est contracté de plus de 8%, tandis que celui des « hardwares » chutait de 25%, notamment dans les administrations et les sociétés de distribution d’électricité qui comptaient parmi ses plus importants clients.

Simultanément les ventes de Huawei et Inspur ont respectivement bondi de 61% et de 288%. Il reste que, compte tenu du monopole américain dans l’industrie des semi-conducteurs (dans les 20 premiers fabricants mondiaux 11 sont américains), la manœuvre, pour irritante qu’elle soit pour les Américains et leurs entreprises IT, risque de n’être que cosmétique, voire contreproductive.

Veto chinois contre les grands du transport maritime

Le 17 juin le ministère du commerce a mis son veto à un projet d’alliance formé il y a un an par Moeller-Maersk, Mediterranean Shipping et CMA CGM au prétexte qu’elle fausserait la libre compétition sur les routes maritimes Asie – Europe. Alors que le régulateur américain avait accepté l’accord, le Chinois l’a rejeté expliquant que l’alliance trusterait 47% du trafic maritime entre l’Asie et l’Europe.

Le blocage de l’alliance dite « P3 », en partie décidé pour protéger le transport maritime chinois en situation financière difficile, a provoqué une chute de cours en bourse des trois géants (moins 8% pour Maersk) et ralentira leurs politiques d’économies d’échelle. Mais il ne freinera pas leur association sur les autres routes Europe - Afrique - Moyen Orient et transatlantiques. S’il est vrai que pour les transporteurs chinois, l’interdiction élimine la menace immédiate d’une puissante « méga-alliance », il n’en reste pas moins que les trois chercheront à optimiser leurs opérations sur les autres routes.

A signaler aussi la vente par CMA-CGM de 49% de sa filiale de terminaux portuaires au Chinois Terminal Link, actif en Côte d’Ivoire et au Maroc. Cette transaction installe un partenariat stratégique équilibré entre le Français et le Chinois pour le développement d’installations portuaires internationales avec un contrôle partagé des actifs où CMA-CGM a gardé la majorité.

Photo Les routes de CMA CGM vers la Chine et l’Asie. Le 17 juin le ministère du commerce a mis son veto à un projet d’alliance formé il y a un an par Moeller-Maersk, Mediterranean Shipping et CMA CGM au prétexte qu’elle fausserait la libre compétition sur les routes maritimes Asie – Europe.


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