›› Taiwan
Ces craintes étaient confirmées par le séminaire sur les relations dans le Détroit, organisé à la mi novembre par l’Ile, auquel participait le Général de l’APL en retraite Li Jijun, Président honoraire de la Société d’Etude sur l’art de la guerre de Sun Zi. Pour ce dernier, les exigences du Président Ma Ying Jeou de démanteler les missiles chinois pointés sur l’Ile, en amont de négociations pour un traité de paix, n’avaient aucun sens.
« Puisque », dit-il, sans s’embarrasser de précautions diplomatiques : « les missiles sont mobiles et pourraient être réinstallés à tout moment ». Au demeurant ajoutait t-il, « Taïwan pointe aussi ses missiles sur la Chine et les Chinois ne se sentent pas menacés pour autant (...). En réalité, la menace missiles est factice et a été créée de toutes pièces par les Etats-Unis pour leur permettre de vendre des armes ».
La déclaration à l’emporte pièce a soulevé un tollé dans la mouvance indépendantiste (DPP et TSU). Pour le DDP, la remarque du Général Li, montrait qu’il ne comprenait pas l’aspiration des Taïwanais à choisir leur destin. « Prétendre que les missiles ne sont pas une menace, et soutenir des opinons aussi ridicules, ne contribue pas à la paix dans le Détroit », a-t-il ajouté.
Quant au Président de l’Union pour la Solidarité (TSU), également indépendantiste, il souligne que le général Li s’inscrit dans la stratégie classique de la Chine, visant à isoler Taïwan de la communauté internationale pour forcer l’Ile à signer un traité de paix à ses conditions. Il ajoute « A ce jour, Pékin a réussi à persuader les Etats-Unis de ralentir leurs ventes d’armes à Taïwan et à empêcher toute interférence extérieure dans le dialogue entre Pékin et Taipei, dans le but d’annexer l’Ile. Dans ces conditions, la stratégie de réunification par le biais de la dépendance économique commence à porter ses fruits ».
Les craintes qui hantent la classe politique taïwanaise, inquiète de l’accélération des rapprochements commerciaux liant de plus en plus l’Ile au Continent, peuvent être résumées par la remarque de Nicola Casarini, chercheur italien de l’Institut Marie Curie, rattaché à l’Université Européenne Robert Schuman de Florence et publiée le 16 novembre dernier dans le Taipei Times : « La prochaine élection présidentielle à Taïwan sera cruciale. Nous vivons un moment historique, où l’UE et les Etats-Unis, souhaitent à tout prix un compromis avec la Chine qui pourrait sacrifier Taïwan à la paix (...). Il faut craindre que le statu quo ne dure pas. Si nous continuons à penser que rien n’arrivera, le risque existe que Taïwan se laisse surprendre ».