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Les arrières pensées de la relation entre la Chine et l’Iran

Meng Jianzhu, membre du Bureau Politique, président de la Commission des lois, en charge de la lutte anti-terroriste était à Téhéran du 15 au 17 novembre où il a rencontré le vice-président Eshaq Jahangiri, le ministre de l’intérieur Abdolreza Rahmani Fazl et le président du Conseil National de sécurité Saeed Jalili (sur la photo).

Prémisses d’un accord anti-terroriste sino-iranien.

Le rapprochement économique s’accompagne d’une accélération des relations politiques et militaires sur fond de discussions autour d’une coopération anti-terroriste. Le 21 mai, Hassan Rouhani le président iranien rencontrait Xi Jinping à Shanghai lors de la conférence sur les mesures de confiance en Asie ; en octobre, le ministre iranien des Affaires étrangères Javad Zarif venu à Pékin pour le « processus d’Istambul » sur l’Afghanistan promettait avec Yang Jiechi d’augmenter la coopération bilatérale (Lire aussi Le pragmatisme chinois et le bourbier afghan).

Avant et après ces deux rencontres au sommet eurent lieu plusieurs événements dont il est impossible de minimiser l’importance dans la conjoncture actuelle marquée par le glissement tectonique des stratégies planétaires. A la mi-novembre, Meng Jianzhu, membre du Bureau Politique, président de la Commission des lois, en charge de la lutte anti-terroriste était à Téhéran.

Confronté à l’insécurité au Xinjiang, nourrie des tensions ethnico-religieuses dont Pékin craint l’aggravation par le truchement de la nébuleuse radicale en Asie centrale, au Pakistan et dans les zones tribales limitrophes de l’Afghanistan, le responsable chinois de la sécurité a indiqué à son homologue le Ministre de l’intérieur Abdolreza Rahmani Fazl, la disponibilité de Pékin à s’engager dans une coopération anti-terroriste avec Téhéran.

Des manœuvres navales, symbole du rapprochement.

Tout juste trois semaines avant, le commandant de la marine iranienne l’Admiral Habibollah Sayyari était à Pékin où il rencontrait le ministre de la défense Chang Wanquan et le commandant de la marine chinoise Wu Shengli. Ces entrevues faisaient suite au premier exercice naval conjoint de l’histoire récente entre les deux marines, le 22 septembre dans le golfe persique.

La présence du destroyer lance missile Changchun, de la classe Luyang et de la frégate Changzhou de la classe Jiankai dans le port méridional iranien de Bandar Abbas à l’entrée du détroit d’Ormuz, au moment même où les 4 pays occidentaux des P5+1 s’interrogent encore sur le bien fondé d’une stratégie de patience à l’égard de Téhéran, lance un puissant message sur le positionnement résolument pro-iranien de Pékin, opposé aux sanctions dans les négociations sur la question nucléaire.

C’est dans cet esprit que la direction chinoise pousse les parties en présence à « plus de volontarisme et plus de créativité dans les négociations » pour que « chacun accepte d’accomplir la moitié du chemin, condition du succès » (porte parole du Waijiaobu).

Le défi de la sécurité intérieure…

En arrière plan : la sécurité intérieure de la Chine dont les anciens repères sont aujourd’hui ébranlés. Négociations nucléaires ou pas, ce défi est aujourd’hui la plus grande priorité du régime. Même si les discours officiels chinois restent calibrés par la nécessité d’afficher les équilibres immuables dont ils affirment l’irrévocable stabilité, le risque terroriste interne pèse désormais sur la nature des relations avec Téhéran, Islamabad, New-Delhi et Washington.

Au moment où s’accélère le rapprochement chinois avec l’Iran, lui-même considéré – terrorisme de l’ISIS oblige - avec moins d’agressivité par Washington, surgissent des tensions entre Téhéran et Islamabad, tandis que Pékin commence à s’inquiéter du rôle de certaines factions militaires pakistanaises en arrière plan de la menace terroriste.

…sur fond de luttes religieuses importées du Moyen Orient.

A la fin octobre, les deux grands alliés de la Chine dans la région se sont affrontés dans un incident de frontière meurtrier.

Le 23 octobre, l’armée iranienne qui doit assurer la sécurité de plus de 700 km de frontière commune avec l’Afghanistan et presque autant avec le Pakistan, agacée par l’activisme de groupes terroristes sunnites dans les provinces iraniennes du Balutchistan et du Sistan et piquée au vif par les ambiguïtés de l’armée pakistanaise incapable de mettre fin aux meurtres sectaires de musulmans chiites, a déclenché un tir de mortier contre un village frontière du district de Shagai au sud-ouest du Pakistan. Le lendemain une unité iranienne pénétrait en territoire pakistanais.

Le 24 octobre, les médias de Téhéran annonçaient que deux gardes frontières iraniens avaient été tués dans l’incident. Côté pakistanais on déplorait également un mort, tandis que, le 23 octobre, deux hommes armés faisaient irruption dans un bus et assassinèrent huit Chiites pakistanais membres de la minorité des Hazara dont le dialecte est d’origine persane.

Si on se souvient qu’à l’exception des Tadjiks d’origine persane et d’obédience Chiite, la majorité de la population ouïghour du Xinjiang est sunnite, tandis que d’importantes factions de ce groupe ethnico-religieux, à l’origine modéré, donne des signes de radicalisation extrémiste attisée par la répression et les influences religieuses voisines, on comprend l’attention que Pékin porte à ses relations avec l’Iran Chiite, en dépit de son passé terroriste, mais dont les frontières jouxtent les foyers instables de l’Asie Centrale, de l’Afghanistan et du Pakistan.


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