Your browser does not support JavaScript!

Repérer l'essentiel de l'information • Chercher le sens de l'événement • Comprendre l'évolution de la Chine

›› Politique intérieure

Les causes croisées de l’agitation en Mongolie intérieure

Brèves.

Survivance du Maoïsme et nébuleuse conservatrice

Récemment un essai qui attaquait et détruisait le mythe de Mao écrit par Mao Yushi, 82 ans (sans rapport avec le Grand Timonier), célèbre professeur d’économie, connu en Chine pour s’être fait l’avocat des micro-financements d’aide aux plus pauvres, a fait l’objet de violentes ripostes de la part de la mouvance maoïste d’autant plus vivace qu’à Chongqing le Secrétaire Général Bo Xilai a, par tactique politique, remis à l’honneur la « pensée révolutionnaire ».

Alors que le Parti, qui sait à quoi s’en tenir, est resté placide, environ 10 000 personnes parmi lesquelles 2 descendants de Mao, sa nièce et sa belle fille, ont soumis une pétition à la police de Pékin pour demander réparation. L’essai iconoclaste, retiré après 48 heures du site du magazine Caixin où il avait été publié, et, depuis, introuvable sur le net chinois, rappelait sans détour le bilan de la période maoïste (plus de 50 millions de morts et le saccage du pays). Il appelait à la fin du culte de la personnalité de Mao, évoquant la nécessité de retirer sa dépouille et son portrait de la Place Tian An-men.

L’incident qui est une première, au moins dans cette forme vigoureuse et de la part d’un intellectuel respecté, renvoie à une situation de politique intérieure marquée par le raidissement de la faction conservatrice, opposée à l’ouverture politique, dont la mouvance maoïste constitue l’aile la plus extrême. Le conservatisme antioccidental a repris de la vigueur après la crise économique et l’affaiblissement du magistère moral des Etats-Unis, de l’Occident et des concepts d’économie libérale.

La mouvance maoïste, qui prône « le retour à l’orthodoxie de Parti » et commence implicitement à critiquer la politique d’ouverture de Deng Xiaoping, est, sur ces bases radicales ponctués d’appels au redressement moral, rejointe par quelques personnalités, dont le Général Liu Yuan, fils de Liu Shaoqi et, comme Bo Xilai, membre de la faction des « fils de prince ». Le général Liu critique la période Den Xiaoping dont il stigmatique le caractère univoque et « sans débats ».

Nouveau Premier Ministre tibétain en exil

Après la démission du Dalai Lama de ses fonctions politiques, Lobsang Sangay, 43 ans Docteur en droit diplômé de Harvard, a, le 27 avril dernier, été élu nouveau Premier Ministre du gouvernement tibétain en exil avec 55% des voix des 150 000 tibétains réfugiés à Dharamsala. La nouvelle situation constitue une rupture avec la tradition où le chef spirituel était également le chef du gouvernement tibétain.

Après cette élection, la critique de Pékin d’un gouvernement tibétain à la fois théocratique et rétrograde perd de sa pertinence. Le 19 mai, le chef du gouvernement du Tibet, Padma Choling, nommé par Pékin, a invité le Dalai Lama à revenir au Tibet, à condition qu’il abandonne ses activités politiques.

Pour Pékin et les Tibétains en exil commence une période dont l’enjeu sera la nomination du futur chef spirituel du Tibet, sur laquelle Pékin tentera d’avoir une influence. Alors que, pour éviter une intrusion chinoise dans le processus traditionnel de succession au Tibet, le Dalai Lama avait envisagé de désigner lui-même son successeur avant sa mort, Pékin insiste pour que le choix du nouveau Dalai Lama se déroule selon les méthodes ancestrales de désignation d’un chef spirituel réincarné, après la mort de l’actuel Dalai Lama.

Le nouveau Premier Ministre suggère qu’à la mort du Dalai Lama le Karmapa Lama, 3e dans l’ordre hiérarchique bouddhiste, soit nommé régent en attendant que la réincarnation du Dalai Lama atteigne la majorité.

En dépit de nombreuses tentatives de négociation le fossé reste entier entre les deux parties. Pékin, qui ne reconnaît pas le gouvernement en exil, et affirme avoir débarrassé le Tibet de l’obscurantisme religieux, accuse le Dalai Lama de séparatisme, ce que le chef spirituel nie, affirmant qu’il ne cherche que l’autonomie, conformément à l’accord en 17 points signé le 23 mai 1951 entre Pékin et Lhassa.

Tandis que les Tibétains, toujours aussi peu satisfaits de la présence des Han, reprochent à la Chine de tenir la province sous une lourde botte militaire et de vouloir éradiquer le mode de vie traditionnel, organisé autour d’une forte influence des sociétés monastiques.

Pékin met en garde contre les « forces étrangères »

Tout en reconnaissant que le gouvernement allait s’attaquer aux questions d’environnement en Mongolie, la porte parole de Waijiaobu a mis en garde contre « les ingérences extérieures qui attisaient les problèmes internes à la Chine ». Le message faisait allusion au « Centre des Droits de l’Homme pour la Mongolie », basé aux Etats-Unis qui avait appelé aux manifestations devant les ambassades de Chine dans le monde.

Moins d’éxécutions capitales

Alors que l’opinion publique suspecte que les directives pour moins de sentences de mort sont motivées par la volonté de ménager des coupables issus du milieu des affaires et de la haute administration, la Cour Suprême vient d’ordonner de commuer toutes les peines capitales en attente et dont la date n’a pas été arrêtée, en peine de mort avec sursis de 2 années.

Cette décision s’ajoute à celle prise en 2007 qui donnait à la Cour Suprême la responsabilité de statuer en dernier ressort sur toutes les peines capitales prononcées et à celle d’août 2010, réduisant le nombre de délits passibles du châtiment suprême. Il est également prévu de limiter les peines de mort prononcées pour crimes économiques. Il n’existe aucune statistique fiable sur la peine de mort en Chine. Selon Amnesty International, alors que le chiffre officiel communiqué par Pékin est de 2000, le nombre réel de peines de mort exécutées en 2010 pourrait être de 8000.

Le 9 mai dernier, l’ancien maire de Shenzhen, Xu Zongheng, qui avait été suspendu en 2009 pour corruption et connections affairistes avec le PDG de Gome - distribution d’équipements électronique grand public - (lui aussi arrêté)-, a été condamné à la peine de mort assortie de 2 années de sursis.

Ai Weiwei, autorisé à voir son épouse

Cinéaste, architecte autodidacte, écrivain et critique emblématique du pouvoir chinois, notamment sur les questions de corruption de l’administration - ayant focalisé ces dernières années son attention sur les écoles en ciment frelaté détruites lors du séisme de Wenquan en 2008 - AI Weiwei, 54 ans fait partie d’une série de dissidents emprisonnés sans jugement en Chine récemment. Le 3 avril, il avait été arrêté à l’aéroport de Pékin et tenu au secret pendant 6 semaines. Il est aujourd’hui mis en examen pour « crimes économiques », mais n’a pas été formellement jugé. Le 16 mai dernier, son épouse a été autorisée à le rencontrer durant 20 minutes.

Le 12 mai, le ministère des Affaires étrangers avait réagi sèchement contre les multiples appuis que l’artiste avait reçu des pays occidentaux : « le peuple chinois est mécontent qu’on traite un homme suspecté de crime comme un héro. Quels que soient ses appuis, il sera puni selon la loi ». En ne tenant pas compte des critiques et pressions occidentales, Pékin adresse un message dissuasif a la mouvance intellectuelle libérale en Chine, signalant qu’elle ne tolèrera ni ingérence étrangère, ni contestation interne, quels que soient la notoriété des dissidents et leurs appuis extérieurs.

Centralisation du contrôle d’Internet

Le 4 mai, le Conseil des Affaires d’état (CAE) a annoncé la création d’une agence centralisée, dont le Directeur a rang de ministre, pour le contrôle du net et de ses 460 millions d’utilisateurs. Cette responsabilité incombe à Wang Chen, actuellement directeur du bureau de l’information du CAE. Il aura 3 adjoints Qian Qiaoqian - avec rang de vice-ministre -, Xi Guohua et Zhang Xinfeng, les 2 derniers étant respectivement vice-ministre de l’industrie et des technologies informatiques et vice-ministre de la sécurité publique.

La centralisation des moyens et le niveau des responsables traduisent l’importance que l’Etat accorde au contrôle du net, qui concerne non seulement les activités politiques et le blocage des sites étrangers comme Youtube, mais également le commerce en ligne ou la pornographie.


• Commenter cet article

Modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Votre message

Ce formulaire accepte les raccourcis SPIP [->url] {{gras}} {italique} <quote> <code> et le code HTML <q> <del> <ins>. Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

• À lire dans la même rubrique

L’appareil fait l’impasse du 3e plénum. Décryptage

A Hong-Kong, l’obsession de mise au pas

Pour l’appareil, « Noël » est une fête occidentale dont la célébration est à proscrire

Décès de Li Keqiang. Disparition d’un réformateur compètent et discret, marginalisé par Xi Jinping

Xi Jinping, l’APL et la trace rémanente des « Immortels » du Parti