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Les chimères d’un traité de paix. Le poids de Washington

Washington alourdit sa main.

Alors que beaucoup aux Etats-Unis s’interrogent sur la nécessité de continuer à défendre Taïwan dans le contexte général de relations sino-américaines de plus en plus structurantes, et que certains analystes prônent même un retrait de Washington et l’arrêt des ventes d’armes à l’Ile, sources de constantes frictions avec Pékin, le récent article de Hillary Clinton paru dans le numéro de Foreign Policy de Novembre sous le titre « America’s Pacific Century » n’apporte pas de réponse directe aux questions qui fleurissent autour des relations Washington – Taipei.

Cette longue affirmation déterminée du renforcement américain en Asie Pacifique sur le mode et avec la même intensité que son implication en Europe au cours du XXe siècle, passe en revue à la fois les questions stratégiques majeures de la région (liberté de navigation en Mer de Chine du Sud, souveraineté sur les îlots, Corée du Nord), et met en avant la solidité de ses alliances avec le Japon, la Corée du Sud, la Thaïlande, les Philippines et l’Australie.

Elle dévoile aussi l’intention de la Maison Blanche de privilégier ses relations avec l’Inde et l’Indonésie, probablement considérée avec méfiance par Pékin, tout en présentant la Chine comme un partenaire obligé, mais dont elle attend des progrès en matière de transparence militaire, dans le domaine du taux de change du Yuan, de l’ouverture de son marché et dans celui des droits de l’homme.

En revanche, le document ne dit mot de Taïwan. Si certains y voient les prémisses d’un désengagement, il est plus probable que la discrétion exprime plutôt le souci de ne pas interférer dans les élections taïwanaises qui auront lieu dans dix semaines. On ne peut en effet que constater le décalage entre le silence sur Taïwan et le ton général de l’article qui prend ses distances avec Pékin et cible systématiquement tous les différends, comme le font d’ailleurs depuis quelque temps la plupart des déclarations officielles des responsables américains.

La totalité des questions stratégiques évoquées renvoie en effet de manière directe ou détournée à des contentieux avec la Chine et affirme la capacité des Etats-Unis et des alliés à « réagir à toutes les provocations d’où qu’elles viennent » ; en septembre dernier, H. Clinton rappelait à la suite de nombreux responsables, l’attachement de la Maison Blanche au Taïwan Relation Act (TRA) et sa volonté de continuer à rehausser les capacités de défense de l’Ile.

Que les Etats-Unis soient confrontés à un dilemme dans leur relation avec la Chine, et singulièrement à propos de Taïwan, dont le système démocratique a été porté sur les fonds baptismaux par Washington, c’est une évidence. Pour Washington, comme pour Pékin, la force des contentieux n’a d’égale que la somme des relations obligées, y compris dans le domaine militaire ou de la sécurité. C’est bien pourquoi l’article d’H. Clinton identifie la relation avec Pékin comme celle qui pose « les plus grands défis » à la Maison Blanche.

Il reste que, dans ce contexte, où le respect des engagements est essentiel à la crédibilité de Washington dans la zone, l’hypothèse la plus probable de cette tumultueuse relation à trois est que le Pentagone sera contraint de garantir le fragile statu quo énoncé par Ma Ying Jeou à sa prise de pouvoir en 2008 – pas de déclaration d’indépendance de la part de Taipei ; pas d’agression militaire de la part de Pékin -.

On peut donc prévoir que les ventes d’armes américaines à l’Ile continueront, même si les plus avancées comme la dernière version des F 16 – à laquelle Taipei a du renoncer pour se contenter de la rénovation de l’ancienne flotte - soulèvent de vives controverses.

Le reste sera toujours l’affaire des Taïwanais et des Chinois, dont le destin est partagé entre, d’une part, la proximité géographique, culturelle et historique, le poids des rapprochements économiques et l’obsession de réunification, et, d’autre part, la méfiance envers la dictature communiste, les souvenirs amers de la domination sans partage du Kuomintang et, peut-être surtout, l’aspiration d’un peuple à la liberté dont l’identité démocratique s’affirme depuis plusieurs décennies.


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