Your browser does not support JavaScript!

Repérer l'essentiel de l'information • Chercher le sens de l'événement • Comprendre l'évolution de la Chine

›› Chine - monde

Les crispations territoriales ternissent la visite de Xi Jinping en Inde

Les intrusions intempestives de l’APL dans le Ladakh.

Photo : Militaires chinois et indiens dans le Ladakh à l’ouest de l’Aksai Chin, partie occidentale du plateau tibétain.

Déjà, la dernière réunion au sommet entre Li Keqiang et le prédécesseur de Modi en mai 2013, avait été empoisonnée par un face à face militaire dans une partie du Cachemire indien revendiquée par Pékin, au nord-ouest du sous-continent indien, au milieu de zones mal délimitées et sans cesse contestées sur fond de face à face militaire.

Héritage de l’époque coloniale et d’un accord signé en 1914 par la couronne britannique avec le Tibet dont l’indépendance proclamée en 1913 n’a jamais été reconnue par la Chine, la controverse porte sur les territoires de l’Aksai Chin revendiqué par l’Inde et occupé par la Chine depuis le conflit sino-indien de 1962 et sur le Ladakh, contigu de l’Aksai Chine, contrôlé par New-Delhi, mais revendiqué par Pékin.

Dans cette zone, partie occidentale du plateau tibétain, les troupes des deux pays se font face de part et d’autre de la « Ligne de contrôle » (line of octual control), frontière provisoire que ni l’un ni l’autre ne reconnaît. Lire notre article Diplomatie chinoise et méfiances indiennes.

Mais, cette fois, les transes nationalistes une nouvelle fois attisées par un mouvement intempestif des troupes chinoises, peut-être suite à une provocation indienne, furent plus graves. Surgies en amont de la visite, elles persistèrent durant le séjour de Xi Jinping. Le 18 septembre, un jour après l’arrivée du n°1 chinois, un gros bataillon de l’APL à l’effectif de 1000 hommes venant de l’Aksai Chin était toujours présent dans le sud Ladakh, avec l’intention déclarée de construire une route reliant l’Aksai Chin au Cachemire pakistanais. Selon la presse indienne, dont l’objectivité sur cette question est cependant aléatoire, après le départ de Xi Jinping, les militaires chinois étaient toujours présents dans la zone.

Des accords commerciaux et industriels moins vastes que prévus.

Quels que soient l’angle de vue et les responsabilités indiennes ou chinoises, il est impossible de minimiser cet incident, même en soulignant, comme le font les adeptes de l’estompage lénifiant, que Xi Jinping venait en Inde avec de bonnes intentions commerciales, accompagné par de nombreux hommes d’affaires dont les engagements d’investissements furent cependant très en-dessous des promesses diffusées avant le voyage.

Comme le soulignent de nombreux observateurs, au lieu des 100 Mds de $ évoqués quelques jours avant la visite de Xi Jinping par le Consul chinois à Bombay, la moisson de contrats ne fut pas à la hauteur des promesses. Avec à peine plus de 20 Mds de $, elle fut en tous cas très en dessous des 35 Mds promis par les Japonais lors de la visite de Modi à Tokyo.

Les annonces évoquent certes la construction d’infrastructures ferroviaires et routières et 2 parcs industriels sur la côte ouest dans l’État de Maharashtra et celui contigu du Gujarat, limitrophe du Pakistan et ouvert sur la mer d’Oman d’où le nouveau premier ministre qui en était le gouverneur, a construit sa popularité. Mais, pour dissiper la méfiance du très nationaliste Modi, il était essentiel de s’abstenir, même en réaction à une bravade de l’armée indienne, de raviver par une nouvelle provocation militaire au Ladakh, les blessures d’amour propre vieilles de plus d’un demi-siècle, mais toujours douloureusement présentes dans l’esprit des élites indiennes.

L’incohérence entre les intentions affichées par la direction chinoise et l’attitude de l’APL a mis en porte à faux Xi Jinping, sommé par Modi de commander le retrait de l’APL le soir même du dîner d’État. Ce qui, selon la presse indienne, n’aurait pas été suivi d’effet. La nouvelle intrusion de l’APL a lourdement pesé sur l’atmosphère de la visite dont la fin fut à ce point tendue que les déclarations des deux parties contrastaient dans la forme et le fond.

Alors que Xi Jinping entonnait l’habituel message chinois d’harmonie par le commerce, les investissements et les bénéfices mutuels, Modi s’arc-boutait sur ses positions nationalistes et rappelait sans détour que la paix aux frontières était la condition essentielle des progrès dans la relation.

Même s’il est peu probable que les différends territoriaux vieux d’un siècle dérapent vers un nouvel affrontement armé, les péripéties discordantes du voyage de Xi Jinping mettent une fois de plus l’accent sur les profondes défiances réciproques qui gênent la relation. Le fait est que Pékin devra déployer de gros efforts pour remonter la pente de cette bévue et rassurer la classe politique indienne.

Modi avait d’ailleurs mis le doigt sur cette exigence quand, lors de son voyage à Tokyo, il avait évoqué la nécessité pour « certains pays » d’ajuster leurs « tentations expansionnistes » à l’état d’esprit du monde moderne.


• Commenter cet article

Modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Votre message

Ce formulaire accepte les raccourcis SPIP [->url] {{gras}} {italique} <quote> <code> et le code HTML <q> <del> <ins>. Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

• À lire dans la même rubrique

Au Pakistan, des Chinois à nouveau victimes des terroristes

Munich : Misère de l’Europe-puissance et stratégie sino-russe du chaos

Au Myanmar le pragmatisme de Pékin aux prises avec le chaos d’une guerre civile

Nouvelles routes de la soie. Fragilités et ajustements

Chine-UE. Misère de l’Europe puissance, rapports de forces et faux-semblants