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Le système bancaire chinois est également une source de grippage des ascenseurs sociaux, puisque les petites et moyennes entreprises sont laissées pour compte. S’il est vrai qu’il existe des organismes de crédit adaptés aux campagnes, le système reste globalement articulé autour de puissantes banques publiques qui privilégient les prêts aux grandes entreprises d’Etat, dans les zones urbaines ou périurbaines.
Les dépôts de bilan aggravent d’autant plus le chômage que les particuliers, qui ne peuvent compter que sur l’aide de la famille, ne bénéficient souvent d’aucune aide publique pour monter leurs affaires, dans un contexte général plutôt malsain, où les cadres du parti, ostensibles adeptes des grosses voitures, des restaurants de luxe et des voyages, ont la réputation de gaspiller les fonds publics. A cela s’ajoute un système fiscal inégalitaire qui taxe les petites entreprises sur leur chiffre d’affaires et les salaires payés.
Mais, ajoute le professeur Hu, c’est la pauvreté des moyens d’expression à la disposition des plus démunis qui constitue le plus grave obstacle à une meilleure distribution de la richesse de la Chine. Dans une culture de forte concentration des pouvoirs, où tous les moyens d’information sont contrôlés par l’Etat, et où les syndicats ne sont autorisés que dans des limites strictes, les populations vulnérables ne disposent d’aucun canal pour exprimer leurs doléances, pointer du doigt les injustices dont elles sont victimes, réclamer des hausses de salaires ou critiquer les politiques publiques.
Commentaires : En dépit de ses efforts pour redresser les inégalités dont souffre le monde rural (investissements massifs, exonération de taxes, expérience de soins gratuits, système de retraite), l’actuelle direction peine à tenir ses promesses d’un développement harmonieux. S’il est vrai que les revenus des campagnes ont globalement augmenté depuis 2000 (Wen Jiabao avait promis de les doubler d’ici 2020), l’écart moyen avec les villes reste encore de 1 à 6. Les populations les plus touchées sont les migrants handicapés par la rigidité des règlements de contrôle. Selon une statistique récente, seulement 25% des migrants de la population de Nankin ont pu régulariser leur situation. Quant aux autres, très vulnérables et mal défendus, ils sont victimes d’une exclusion de fait qui handicape beaucoup leur ascension sociale.