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Les embarras compliqués de la puissance chinoise

Note de contexte

Le 12 juillet dernier, sous la présidence du Cambodge, pour la première fois depuis 45 ans, l’Association, d’habitude assez consensuelle et attentive à éviter les controverses publiques, n’a pas réussi à concocter une déclaration commune. Phnom-Penh, mis sous pression par Pékin, dont la diplomatie régionale devient de plus en plus active et nationaliste, appuyée par des démonstrations de forces de sa marine, a en effet obstinément refusé, comme le lui demandait son mentor chinois, d’évoquer la question de la mer de Chine et les récentes controverses entre Pékin, Manille et Hanoi, dans le communiqué final.

En refusant d’inclure dans le communiqué ce clôture une mention des querelles autour des récifs de Scarborough, entre Manille et Pékin, le Cambodge s’est très exactement conformé à la position chinoise, qui considère que l’ASEAN ne doit pas traiter de la question de la Mer de Chine, qui ne saurait être envisagée d’une manière collective, mais seulement sous l’angle bilatéral entre Pékin et chacun des Etats pris séparément.

Pour certains hauts responsables de l’ASEAN, qui considèrent que la présidence cambodgienne est « la pire » depuis longtemps, l’échec du sommet constitue une menace pour la crédibilité même de l’Association, aujourd’hui profondément divisée.

Au point que Marty Natalegawa, le ministre des Affaires étrangères indonésien, Docteur en philosophie de l’Université de Cambridge, choqué par les blocages brutaux et sans nuances exercés par le ministre des Affaires étrangères cambodgien, a entrepris le tour des capitales de l’ASEAN pour tenter de réparer les dégâts.

Ce qui est en jeu est la capacité de l’ASEAN à concocter conjointement et avec la Chine un code de conduite, dans un contexte où 4 des 10 Etats de l’association sont aujourd’hui excédés par la revendication par Pékin, et sans esprit de recul de l’ensemble de la mer de Chine. (Lire notre article « Le Cambodge sous influence »).

BREVES. Chine – Monde

Patrouilles chinoises en Mer de Chine. CNOOC et Hanoi.

Le 28 juin le ministère de la défense chinois annonçait que pour s’opposer à toute provocation, il allait commencer ses patrouilles armées en Mer de Chine. La déclaration faisait suite au survol des Spratly par 4 chasseurs Sukhoi vietnamiens, le 15 juin.

Le 24 juin, CNOOC, n°1 chinois de l’exploration offshore annonçait sur son site internet que la Compagnie allait inviter des partenaires étrangers à explorer avec elle 9 blocs dans la partie ouest des Spratly. Deux jours après Hanoi répliquait que les projets de CNOOC étaient illégaux et qu’ils se situaient dans les eaux territoriales vietnamiennes.

A quoi Pékin a répondu le lendemain par la voix de son porte parole des affaires étrangères que la compagnie chinoise agissait dans le cadre des lois chinoises et internationales et demandait à Hanoi de ne pas aggraver les querelles bilatérales qui pourraient provoquer une escalade.

Lutte contre l’influence étrangère

Alors qu’au mois de mai plusieurs grands anciens du Parti de la province du Yunnan dont Zhao Zhengrong, connu pour son action anti-corruption, avaient demandé la relève de Zhou Yongkang, n°9 du Parti, jugé trop impliqué dans l’affaire Bo Xilai, ce dernier a récemment publié sa vision de la justice dans le dernier numéro du magazine Qiushi.

« Nous nous opposerons résolument aux forces hostiles qui menacent notre système politique et judiciaire et résisterons à l’influence erronée des vues occidentales sur le droit. »

Chine Afrique.

Le 19 juillet, lors du sommet Chine – Afrique à Pékin qui se tient tous les 3 ans, la Chine a promis de doubler ses prêts à l’Afrique à hauteur de 20 Mds de $ pendant les 3 années à venir. Les fonds seraient consacrés à la construction d’infrastructures à l’aide aux PME et à la fabrication de produits manufacturés.

Au cours de la réunion le président sud-africain Jacob Zuma a mis en garde la Chine contre le caractère déséquilibré des échanges basés sur des exportations de matières premières africaines, contre des produits manufacturés chinois.

Mais en 2011, pour la première fois, les exportations africaines - 90 Mds de $ - on dépassé les importations – 73 Mds de $ -. Le total des échanges 162 Mds de $ a été multiplié par 2 et demi depuis 2007 et par 6 depuis 10 ans.

Chine – Syrie

Le 19 juillet, Pékin et Moscou ont, pour la 3e fois, opposé leur veto à une résolution du Conseil de sécurité visant à imposer des sanctions contre le régime de Bashar el Assad. Sur les 13 autres pays du Conseil, 11 ont voté pour et 2 se sont abstenus.

La position chinoise, héritage de ses déboires avec les pays occidentaux au XIXe siècle, est fondamentalement opposée à toute intervention militaire. Pékin suspecte les Occidentaux de développer leur influence par le biais de l’OTAN, considérée comme une machine de guerre occidentale et juge par ailleurs que la résolution sur la Libye, pour laquelle elle s’était abstenue, a été manipulée et outrepassée par Paris, Londres et Washington.

C’est la raison pour laquelle, elle avait même opposé sont véto à la résolution proposée au Conseil en février 2012, par la Ligue Arabe, alors que, par principe, Pékin semble plus porté à appuyer une résolution initiée par les pays arabes que par l’Occident. Si la situation empirait, la position de neutralité chinoise deviendra difficile à tenir.

Sur le fond de la question Pékin considère que les désordres en Syrie sont une guerre civile d’une faction contre une autre et qu’il convient de militer pour que les deux parties s’entendent, mais en aucun cas d’intervenir au profit de l’une d’entre elles.

Plus largement la Chine craint que ses approvisionnements en énergie venant du golfe soient perturbés par une déstabilisation du régime Syrien et, par contagion, de toute la région placée sous la tension de la rivalité entre Shiites et Sunnites, qui oppose Téhéran à Ryadh. (Lire aussi « Pékin et l’imbroglio du Moyen Orient. Priorité aux intérêts chinois »).


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Par de villepin Le 23/07/2012 à 07h44

Les embarras compliqués de la puissance chinoise.

toutes mes felicitations pour cet article xavier de villepin

Par Anonyme Le 3/10/2012 à 20h47

Les embarras compliqués de la puissance chinoise.

Résidant au Vietnam , je suis très frappé par la similitude et la concordance dans le temps des luttes pour le pouvoir dans ces deux pays. C’est à croire que ces luttes sont liées. C’est à croire qu’aux même maux on applique les même recettes (tension nationaliste sur la mer de chine pour amuser la galerie, pendant qu’on règle les choses sérieuses).

Ici , toutes les chancelleries cherchent à savoir qui est pro chinois, qui est pro américain... Je pense ce débat inutile. Pour moi la question est qui est pro bo xilaï , qui est pro Ji Xiping ou Hu Jin Tao

Un peu comme si le Vietnam était déjà une province chinoise.

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