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›› Politique intérieure

Les hussards de la réforme et leurs adversaires

Signes de fracture ou habileté manœuvrière ?

Quand on observe les réactions publiques des caciques du régime ou celles de chercheurs dont la proximité avec le pouvoir est avérée - certaines étant très contradictoires voire hostiles aux remises en ordre en cours -, il est légitime de s’interroger sur d’éventuelles fêlures au sommet du pouvoir. Il est vrai que depuis les ébranlements qui secouèrent le Parti dans les années 60 et une bonne partie des années 70, à quoi s’ajouta le spasme de 1989, le sommet du pouvoir chinois s’applique à donner une image cohérente et solidaire.

Il reste que l’ampleur des défis et mutations auxquels le Parti est confronté change la donne. Au milieu des critiques et inquiétudes, la difficulté des choix suscite une avalanche de commentaires et propositions, dont personne ne peut garantir l’efficacité, tandis que, pour l’heure, seul émerge le consensus autour des dangers de l’immobilisme. Au demeurant, en 2012, une première alerte sérieuse sur les risques de craquements a déjà secoué l’appareil chahuté par l’affaire Bo Xilai.

Sous une forme caricaturale ce dernier proposait une solution régressive et populiste à la quadrature du cercle des réformes à la fois nécessaires, mais refusées par le Parti qui les juge dangereuses pour son magistère. Le sentiment de sa toute puissante impunité, la conviction que la fin justifie les moyens, les dérapages corrompus, la perte des repères moraux les plus élémentaires ont, avec l’implication de son épouse Gu Kailai dans le meurtre crapuleux d’un consultant étranger, signé sa perte.

Aujourd’hui, les tendances populistes à tendance maoïste qui furent le moteur des succès de Bo Xilai à Chongqing, quoique moins exubérantes, n’ont pas disparu. Elles nourrissent toujours les frustrations des laissés pour compte et sont un adjuvant des convictions anti-réformistes.

Marquées à la fois par une série de déclarations anachroniques proches des slogans de propagande, un durcissement de la censure et un immobilisme qui frise l’obstruction sur certains projets portés par le premier ministre lui-même, les conservatismes freinent les ajustements structurels et donnent le sentiment d’un flottement à la tête. On peut même s’interroger sur la solidité réelle du couple Xi Jinping – Li Keqiang, quand on se souvient qu’en 2007, le premier avait ravi le poste de Secrétaire Général au second, suite à une manœuvre de la faction Jiang Zemin contre Hu Jintao.

Images brouillées au sommet.

Observés de l’extérieur, les signaux envoyés par Xi et Li donnent en tous cas une image contrastée et hésitante de leur coopération. Quand le Premier Ministre, s’appuyant sur une équipe résolument réformiste de bons techniciens de la finance décide de bousculer les banques en étendant la petite expérience de convertibilité du Yuan en cours à Qianhai depuis l’été 2012 à son projet de Zone de Libre Echange de Shanghai, il se heurte à l’inertie de ses détracteurs, dont l’immobilisme l’exaspère. (Lire notre brève Pékin teste la convertibilité du Yuan à Qianhai.).

Quand Xi Jinping stigmatise vertement et publiquement la corruption des cadres, le gaspillage et l’hédonisme, il marche sur la même voie que celle de son Premier Ministre. Mais il s’en éloigne en inscrivant son discours dans la phraséologie régressive des campagnes de masse maoïstes. Il s’en écarte aussi en oubliant son insistance récente pour le respect de la constitution et l’indépendance de la justice, qui garantissent la liberté d’expression et fondent la lutte contre l’arbitraire et la corruption. Lire notre article Reconstruire le lien entre le pouvoir et la société.

Deux mouvements, l’un marqué au sceau du populisme, l’autre à celui du raidissement idéologique, dont on peut penser qu’ils sont peut-être tactiques et destinés à rassurer les conservateurs, mais qui, pour l’heure, attirent au Secrétaire Général une série de critiques venant des intellectuels du sérail.


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