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Une autre manifestation spectaculaire de l’ouverture de la Chine est sans conteste ses extraordinaires progrès accomplis dans les disciplines sportives qui s’éloignent maintenant des épreuves d’agilité acrobatique où on l’avait un peu trop vite confinée (plongeon, ping-pong, gymnastique etc.).
J’ai été époustouflé par les médailles d’or chinoises au 110 mètres-haies (record du monde égalé) du Shanghaien Liu Xiang et de la jeune Xing Hia au 10 000 mètres féminin. Mais ce n’est pas tout : les Chinois figurent partout en force : natation, escrime, boxe, haltérophilie, marche, sports de combat, tennis, etc. Quand ils ont des lacunes comme en équitation, ils s’alignent quand même, s’accrochent et apprennent. La jeune cavalière chinoise, tombée deux fois, est remontée en selle, accrocheuse et insensible au désastre. Elle a terminé sous les vivats de la foule impressionnée. Rendez-vous donc en 2008 à Pékin.
La France est septième, ce n’est pas terrible, mais au fond c’est un peu homothétique de notre perte d’influence dans le monde (aux JO de 1900, la France était première). Après tout 7e ce n’est pas déshonorant, compte-tenu de la taille de la France et de nos très mauvais résultats en athlétisme. Certains de nos athlètes ne savent sans doute pas que la racine grecque de cette appellation est athlon (combat). Nos « champions » ne se battent plus jusqu’au bout, ne « sortent plus leurs tripes ». Seraient-ils devenus des fonctionnaires soucieux de leurs droits plutôt que de leurs devoirs, confortablement installés dans la vie matérielle, très gâtés, trop sensibles à la gloire, fragiles psychologiquement... Il faudrait alors une révolution des mentalités dans ce secteur pour sortir du marasme. Mais ça viendra, j’en suis sûr.
Pour l’Europe, une observation mérite réflexion : si les 25 pays européens (500 millions d’habitants) avaient été rassemblés aux JO sous un seul drapeau, l’Union européenne aurait obtenu : 78 médailles d’or, 101 médailles d’argent et 97 médailles de bronze - soit un total de 276 médailles, ce qui fait plus que les Etats-Unis, la Chine et la Russie réunis (1,7 milliards d’habitants et 258 médailles).
Si on s’arrête aux médailles d’or, l’Europe est meilleure que les Etats-Unis et la Chine réunis : 78 contre 67. Enfin si on s’arrête à des chiffres de population comparables - Etats-Unis plus Russie réunis (400 millions d’habitants) - l’Europe a obtenu 78 médailles d’or contre 67.
N’enterrons donc pas trop vite la « vieille Europe ». Et au fond, peut-être est-ce un bien que les vieux pays européens continuent à préserver leurs particularités, ne serait-ce que pour éviter que l’uniformisation ne transforme la planète en une vaste usine de production et de consommation, avec des fermes industrielles de cauchemar polluantes et cruelles, des tomates et des fraises calibrées et sans goût en toutes saisons, des poulets gonflés et des viandes artificielles. Bref, un monde où les rapports humains ne seraient plus que contrats d’affaires, fusions-acquisitions, prises de participation et conquêtes de marchés, à moins que tout se résume en contrats d’avocats pour règler les différends qui surgissent dans ce maquis matérialiste.
Après tout les JO des vieilles nations à la Grecque sont encore peut-être le seul espace ou souffle l’esprit de Vercingétorix le rebelle, ou celui d’Astérix comme on voudra. Je suis sûr que nos gouvernants, qui apprécient peu George W. Bush, doivent penser à ça de temps en temps. Espérons qu’ils n’auront pas un jour à rendre les armes devant un César renfrogné dans sa morgue dédaigneuse.