Your browser does not support JavaScript!

Repérer l'essentiel de l'information • Chercher le sens de l'événement • Comprendre l'évolution de la Chine

›› Technologies - Energie

Les produits « high-tech » et la recherche en Chine

Il est vrai que quelques sociétés sont les champions de la recherche et développement (Il s’agit essentiellement d’entreprises du secteur des télécommunications comme Huawei Technologies, Datang Telecom - en coopération avec Siemens -, ou Zhongxing Télécom qui consacrent chacune 10% ou plus de leur CA à la R&D). Il est également vrai qu’en moins de 30 ans la Chine est passée d’une économie planifiée, axée sur l’industrie lourde et l’agriculture, à une économie plus ouverte, stimulée par l’information, le savoir et les qualifications. Ajoutons qu’en moyenne les 100 plus grosses sociétés chinoises consacrent 3% de leur CA à la R&D. Parmi elles, 37% opèrent dans l’industrie lourde - énergie, aciéries, mines et transformation des minéraux, chimie - et 12% dans les secteurs des télécommunications et de l’électronique.

Mais la réalité est que, malgré les slogans qui affichent la priorité du développement des hautes technologies, la grande majorité des entreprises chinoises ont, à quelques exceptions près (citées plus haut), beaucoup de difficultés à atteindre un réel niveau de sophistication technologique, principalement parce qu’elles manquent de ressources. Selon une étude chinoise, les PME sensées être les plus innovantes en Chine, c’est à dire celles installées dans les parcs high-tech ne dépenseraient en moyenne que 1,9% de leur CA en R&D, ce qui est bien inférieur à la norme de 5% fixée par le gouvernement chinois lui-même. Cette situation est encore aggravée par la férocité du dumping sur les prix, fond de tableau habituel du marché chinois. Dans ce contexte, beaucoup de sociétés n’ont pour survivre d’autre choix que de pratiquer la violation les droits de propriété intellectuelle ou de s’appuyer, au travers de coopérations ou JV, sur des technologies importées.
Les progrès ne sont donc pas à la hauteur de la mobilisation bureaucratique et financière consentie par l’Etat qui a bien conscience des lacunes. En 2002, la Chine ne représentait que 0,3 % du stock de brevets internationaux, très loin derrière les Etats-Unis (35,6 %) et le Japon (25,6 %). Plus encore, seuls 11% des brevets déposés en 2006 par des sociétés chinoises en Chine constituaient une réelle percée technologique, contre 74% pour les brevets déposés par les sociétés étrangères qui restent en moyenne propriétaires de plus de 40% des brevets.
Enfin la recherche chinoise est d’abord orientée vers les applications industrielles qui absorbent plus de 70% des budgets, contre moins de 6% à la recherche fondamentale. Comparés à ceux des pays industrialisés la part de la recherche (recherche fondamentale et recherche appliquée) était inférieure à 17% des budgets contre 50% en moyenne dans les pays de l’OCDE.
La réalité de la modernisation rapide de la Chine et de son développement high-tech est donc plus nuancée que ne le laissent entendre certains clichés de la presse occidentale ou les slogans des autorités chinoises. Sans nier les réels progrès déjà mentionnés, il faut souligner les difficultés dont la persistance constitue des handicaps que le Japon et la Corée, plus agiles et moins cloisonnés, n’ont pas connues : Il s’agit d’abord de la férocité des compétitions sur le marché chinois, qui tasse les prix et les revenus des sociétés, tirant vers le bas les ressources consacrées à la R&D. Plus encore, la dimension du marché chinois qui autorise la création de normes (notamment dans les télécommunications) pourrait paradoxalement constituer un autre handicap, puisque les normes pourraient, in fine, agir comme une barrière protectrice, créant un contexte encore moins stimulant pour l’innovation.

Pour améliorer la situation et faire sauter les verrous, l’Etat doit donc agir dans deux directions. D’abord poursuivre son effort qualitatif de rénovation de la recherche, dans les universités et dans les instituts et augmenter ses engagements financiers (il le fait déjà puisque plus de 88 milliards de dollars ont été dégagés pour la recherche pour les années 2006 - 2020). Ensuite assainir le marché encombré par une myriade de sociétés sans valeur ajoutée réelle, incapables d’innovation, mais dont les produits de qualité médiocre aux prix cassés plombent le marché et freinent le développement qualitatif de nombreux secteurs.


• Commenter cet article

Modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Votre message

Ce formulaire accepte les raccourcis SPIP [->url] {{gras}} {italique} <quote> <code> et le code HTML <q> <del> <ins>. Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

• À lire dans la même rubrique

Spectaculaires succès des véhicules BYD

La nouvelle course à la lune, au cœur de la rivalité sino-américaine

A Dubaï, la Chine championne des renouvelables et du charbon

Les guerres de l’espace et des microprocesseurs, deux secteurs clé de la rivalité sino-américaine

Projets spatiaux chinois et rupture de la coopération avec l’Occident