Your browser does not support JavaScript!

Repérer l'essentiel de l'information • Chercher le sens de l'événement • Comprendre l'évolution de la Chine

›› Editorial

Les repères brouillés du Parti

Désarroi des cadres locaux. La puissance dérangeante d’Internet.

Il n’est pas certain que le Secrétaire Général de base d’une mairie locale soit politiquement bien armé pour faire face aux révoltes publiques contre des projets économiques, certes impopulaires et polluants, mais dont il pensait que l’implantation garantirait à la fois les revenus de son administration que Pékin n’assure pas ou très peu, et le plein emploi, condition de la stabilité sociale, dont on lui répète depuis des lustres qu’elle est la priorité cardinale du système politique.

D’autant que le réflexe de contrôle étroit de la société et de répression vient encore d’en haut, notamment quand, s’agissant du Tibet, du Xinjiang ou des dissidents qui font mine de remettre en cause le sacro-saint « rôle dirigeant du Parti », l’appareil répressif abat de manière indiscriminée et peu subtile sa lourde main sur la société chinoise. Ainsi, n’est-il pas étonnant que, pris entre autant d’objectifs contradictoires, assortis de signaux politiques flous et changeants en fonction des situations et parfois des provinces, les responsables locaux commettent des erreurs lourdes de conséquences.

Les incidents qui viennent de se produire au Sichuan, à la suite d’autres turbulences semblables dans plusieurs provinces, dans le Liaoning à Dalian, à Shanghai et à Canton, où les autorités ont été contraintes par la foule en colère et par l’effervescence du net de faire marche arrière, souvent à propos d’atteintes inacceptables à l’environnement, d’affaires de corruption ou de captations de terres par les cadres locaux, sont emblématiques de cette dichotomie inconfortable entre le Centre et la Province.

Le 2 juillet, Li Jincheng, SG du parti de Shifang – 50 km au nord de Chengdu - où devait s’implanter une usine d’affinage industriel de cuivre, annonçait que le projet, d’une valeur d’1 milliard de $, serait reporté sine-die, à la suite de violentes échauffourées entre la population et la police qui firent plusieurs blessés, dont les images ensanglantées firent le tour de la toile. Simultanément, le China Daily publiait pourtant un éditorial dénonçant « le manque de connaissances scientifiques des résidents de Shifang, qui, à cause de soucis écologiques excessifs, pourraient faire obstacle à des entreprises pourtant utiles au développement ».

En même temps, le Global Times stigmatisait l’absence de concertation entre la population et les autorités locales. Quelques jours plus tard, le SG de Shifang, qui avait pourtant obtenu au préalable le blanc seing de l’agence de l’environnement pour l’usine de cuivre, était démis de ses fonctions, tandis que le Parti commençait, comme il ne manque jamais de le faire, la recherche des meneurs protestataires, les incitant à se constituer prisonniers en échange d’une amnistie et les menaçant de sévères sanctions s’ils restaient dans l’ombre.

A ces symptômes dissonants, où les cadres locaux subalternes sont dénoncés par le Centre qui les sacrifie comme des boucs émissaires chaque fois que les images des révoltes passent la barrière de la censure, s’ajoutent aujourd’hui les indices de sérieuses hésitations et contradictions à la tête du système sur la manière de faire face à la contagion des révoltes, dont les images dérangeantes, prenant de court les censeurs, se répandent en un éclair sur la toile chinoise de plus en plus réactive, avec ses 513 millions d’abonnés.


• Commenter cet article

Modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Votre message

Ce formulaire accepte les raccourcis SPIP [->url] {{gras}} {italique} <quote> <code> et le code HTML <q> <del> <ins>. Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

• À lire dans la même rubrique

Le révisionnisme sino-russe sur les traces de la révolution mondiale maoïste. Au Moyen-Orient, les risques avérés d’une escalade mortelle

A Hong-Kong, l’inflexible priorité à la sécurité nationale a remplacé la souplesse des « Deux systèmes. »

14e ANP : Une page se tourne

La stratégie chinoise de « sécurité globale » face aux réalités de la guerre

Que sera le « Dragon » ?