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›› Politique intérieure

Lettre ouverte pour une ratification. Dialogue avec la société civile

POLITIQUE INTERIEURE. BREVES

Chine – Tibet. Guerre du feu, guerre des mots.

Dans un très long éditorial, publié le 1er mars par le Quotidien du Peuple, le Parti communiste accuse « la clique du Dalai Lama » d’avoir mis en ligne sur internet depuis Dharamsala « un guide des immolations », encourageant les Tibétains à se suicider par le feu et d’avoir organisé les protestations propagées dans tout le Tibet depuis 2011.

L’accusation d’incitation a été lancée par Pékin depuis l’automne 2011. En décembre 2012, la police chinoise avait prétendu détenir des preuves qu’au moins 2 immolations avaient eu lieu à l’instigation du Dalai Lama. Le 22 janvier le China Daily répétait ces mises en cause.

L’article du Quotidien du Peuple du 1er mars explique que l’auteur du site incriminé serait un ancien membre du parlement tibétain en exil et aujourd’hui un des responsables du système éducatif des Tibétains à Dharamsala. Le journal ajoutait que l’information constituait une « preuve crédible de l’implication des Tibétains en exil à Dharamsala dans les protestations et les immolations depuis 2011 ».

La référence semble être un site internet tenu par Lhamo Kyab (Je), ancien député du parlement tibétain, aujourd’hui résident en France, dont une récente mise en ligne présentait le livre « Iron-Hare Year’s fiercy protest against repression – les féroces protestations contre la répression pendant l’année du lapin de fer », publié en Inde en 2012 par un groupe de Tibétains. L’ouvrage présentait 4 parties : la chronologie des protestations depuis 2009 ; les biographies des militants ; l’aide apportée par la communauté internationale au mouvement tibétain ; les efforts de l’administration tibétaine de Dharamsala pour rallier l’aide internationale.

Le gouvernement Tibétain en exil a démenti les accusations. 107 Tibétains, dont 14 femmes, se sont immolés à ce jour depuis février 2009. Dont 106 depuis le 16 mars 2011. Parmi eux, 88 sont morts de suites de leurs blessures. 23 d’entre eux avaient moins de 19 ans. 38 suicides, soit 35% ont eu lieu dans la province du Sichuan, au sud de Aba, dans la préfecture autonome de Qiang.

Les deux dernières immolations ont eu lieu le 25 février, dans la région d’Aba (Sichuan) et dans la préfecture de Gannan au Gansu. La police chinoise détient au moins 70 Tibétains accusés d’avoir incité aux suicides et participé à leur organisation.

Les entreprises publiques sur la sellette.

Le 27 février, le Global Times, surgeon du Quotidien du Peuple publiait un article agressif contre les entreprises publiques, dont le titre était « Les Entreprises d’État doivent agir pour éviter le désastre de la République Populaire ». Le prétexte était un incident violent ayant opposé dans le sud Yunnan des ouvriers du rail à des populations locales.

Ces dernières ont été battues par une équipe de cheminots qui ont incendié leurs maisons. La rixe a éclaté en réponse à une querelle après que les villageois aient tenté d’extorquer un droit de passage aux ouvriers.

Suivait une longue suite de reproches adressés aux grands groupes publics, accusés de corruption, de dépenses extravagantes, de cupidité et de trafics d’influence pour bâtir des monopoles, devenus l’objet du ressentiment public. L’article incitait les groupes à corriger leur comportement pour améliorer leur image. Il concluait par une mise en garde indiquant qu’ils n’étaient plus protégés des investigations publiques.

La diatribe s’inscrit dans une politique générale visant à rabaisser le pouvoir des grands groupes étatiques, conformément à une stratégie de rééquilibrage de l’économie.

Restructurations.

Du 26 février au 28 février, la direction du Parti, a sous la houlette du nouveau Secrétaire Général, tenu une réunion préparant d’importantes restructurations administratives et industrielles, en amont de la réunion de l’ANP. Sur la sellette, encore une fois, le ministère du rail.

S’il est une administration qui symbolise jusqu’à la caricature, la survivance des anciens schémas de développement, avec leurs forteresses de prébendes, c’est bien le ministère du rail, ancien fief de Liu Zhijun, limogé pour corruption en février 2011. Lire Le rail chinois, la corruption du ministre et les ramifications occultes d’un scandale.

Rémanence de l’ancienne coopération sino-soviétique, il engerbe sous son contrôle plus de 2 millions d’employés et possède ses propres tribunaux et dispose de forces de police particulières. Jusqu’à présent, le monstre, qui garantit des emplois et dont les finances occultes arrosent les factions politiques a résisté aux tentatives de restructuration, visant à le placer sous le contrôle d’un grand ministère des transports.

La réussite ou non de cette remise en ordre, qui sera accompagnée d’un sérieux dégraissage, destiné à réduire les foyers de corruption et à augmenter la productivité constituera un sérieux test politique pour la nouvelle direction du pays.

D’autres réorganisations sont envisagées, autour du ministère de la culture qui regrouperait les organismes de régulation de l’industrie cinématographique, des médias, (TV et internet) et l’édition, avec cependant la crainte que ces regroupements facilitent la censure et freinent la créativité. Le ministère du planning familial, dont la réputation n’est pas bonne, pourrait être placé sous le ministère de la santé.

On parle aussi de la suppression du ministère des sciences et de la technologie, dont les composantes seraient intégrées en partie au ministère de l’éducation et pour partie au ministère de l’industrie et des technologies de l’information ; le ministère de l’agriculture engerberait aussi les eaux et forêts ; les ressources humaines, la sécurité sociale et les affaires civiles pourraient être regroupées au sein d’un seul ministère ; Enfin, les organismes de régulation des banques, des assurances et des opérations boursières pourraient être fondus en une seule et gigantesque administration.

Des réorganisations et dégraissages ont déjà eu lieu par le passé. En 1982, le nombre de ministères et d’agences diverses était passé de 100 à 61. Dans les années 90, on supprima le vieux ministère des constructions mécaniques qui contrôlait les prix et la production, et en 1998, Zhu Rongji réduisit encore le nombre de ministères de 40 à 29.

Dans le même temps une bataille s’était engagée pour créer un ministère du commerce qui ne vit le jour qu’en 2003, car sa naissance heurtait de nombreux intérêts partagés entre diverses officines et bureaux de planification et de soutien aux exportations. Tous étaient aussi de lucratifs canaux de détournement de fonds publics.

Le ministère du commerce a également pour mission de soutenir les sociétés privées à l’export, ce que l’ancien système très éclaté et trop lié à l’État ne faisait pas ou peu. Le dernier ministère né dans la douleur des oppositions factionnelles est celui de l’environnement, dont l’action heurte les intérêts des industries polluantes. Créé en 2008, il fut pourtant le seul survivant d’une série de réformes planifiées, mais tuées dans l’œuf par les oppositions conservatrices. Sa naissance a été favorisée par la succession des scandales de pollution.

Sursis pour le gouverneur de la Banque de Chine ?

Zhou Xiaochuan, le gouverneur de la Banque Centrale depuis 2002, 65 ans – mais il n’est pas seul, puisque plus de 30% des membres du BP ont au moins atteint ou dépassé cet âge – devait se retirer, fragilisé par sa non réélection au Comité Central en novembre dernier. Aujourd’hui le bruit court qu’il pourrait rester en poste encore un an ou deux. Rien n’est moins sûr mais l’existence de la rumeur indique les batailles en cours en sous main.

Zhou, principal avocat de la restructuration du système financier, fervent adepte de la lutte contre les risques d’inflation générés par la dérive des investissements publics, s’est récemment montré moins pessimiste sur la question des dettes non recouvrables du système financier chinois. Son opposition aux investissements publics massifs, générateurs d’inflation lui a créé beaucoup d’ennemis.

Il pourrait être remplacé par Xiao Gang actuel gouverneur de la Banque de Chine, très investi dans la lutte contre l’accumulation des dettes grises par le système financier chinois. Mais la mouvance Jiang Zemin très attachée aux réformes économiques et à la continuité des actions aurait fait pression pour que Zhou conserve son poste et travaille de conserve avec Xiao, pendant un temps.


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Par Anonyme Le 3/03/2013 à 00h09

Lettre ouverte pour une ratification. Dialogue avec la société civile.

Il est étonnant de voir,et je l’ai déjà souligné sur ce site, la ressemblance frappante entre la situation chinoise et vietnamienne . Au vietnam depuis le début de l’année ,circule sur internet une pétition demandant la révision de la constitution et le multipartisme . Vendredi 1 et mars on en était a près de 6000 signatures.

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