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Li Keqiang en Afrique. L’heure des bilans

Un déficit d’image en Occident

En dépit des démentis des médias officiels chinois qui accusent les citiques de propagande anti-chinoise, la direction du régime est consciente de ce déficit d’image. Et, depuis quelques années, la riposte ne s’arrête plus au simple déni et à la propagande. De jeunes étudiants travaillant avec des ONG internationales et des journalistes de la nouvelle génération de plus en plus préoccupés de l’empreinte sociale et écologique des compagnies chinoises, sillonnent l’Afrique. Leur objectif : prendre la mesure exacte des critiques faites aux hommes d’affaires et informer les autorités et le public chinois.

La prise de conscience est en cours sur de multiples sujets qui vont du trafic d’ivoire aux impacts environnementaux en passant par la responsabilité sociale des entreprises et les rapports parfois difficiles de l’encadrement avec les personnels locaux. Les compte-rendus qui, jusqu’à présent, n’atteignaient pas le public chinois commencent à faire l’objet d’articles dans la presse et même de reportages des chaînes nationales. En appui de ce mouvement, l’ONG londonienne « International Institute for Environment and Developement (IIED) » qui finance des reportages conduits par de jeunes journalistes. C’est ainsi qu’un enquête complète sur le trafic d’ivoire depuis la source jusqu’aux clients en passant par les réseaux de distribution en Chine a été diffusée sur CCTV.

S’il est vrai que la réputation des compagnies chinoises restent mitigée en Afrique, où elles sont connues pour leurs investissements et leurs modes opératoires efficaces et rapides, mais assez souvent critiquées pour leur faible intégration sociale et leur impact négatif sur l’environnement, notamment dans le secteur minier, il n’en reste pas moins que le sujet de la responsabilité sociale des entreprises -企业社会责任 - qiye shehui zeren - encore inconnu il y a seulement 5 ans, est de plus en plus présent dans la presse spécialisée et académique où, depuis 2002, il est en augmentation de plus de 30%.

Succès et déboires

Mais beaucoup reste à faire et le premier ministre n’ignore pas les défis, d’autant que les grands groupes publics n’ont pas encore été mis au pas écologique en Chine. Depuis 30 ans ils ont accumulé de mauvaises habitudes qui furent à la racine de la plupart de leurs déboires en Afrique. Ainsi même s’il n’a pas abandonné la stratégie de prêts à long terme (Li a promis 30 Mds de $ - dont 20 étaient déjà en cours - pour tout le continent lors d’un discours à Addis-Abeba, le 5 mai), assortie de constructions d’infrastructures, - notamment ferroviaires au Nigeria et au Kenya le voyage a, cette fois, révélé un souci de prudence et de remise en question.

Certes les bonnes affaires sont nombreuses dans le secteur de ressources – avec par exemple le quadruplement des profits du groupe Jinchuang Group International Ressources, coté à Hong Kong après le rachat en 2011 d’une mise de cuivre et de cobalt en Afrique du sud, ou le succès de CNOOC au Nigeria et de CNPC en Angola -. Mais les déconvenues n’ont pas été rares non plus. Y compris dans le secteur minier, en partie à cause de désaccords, parfois de frictions avec les autorités locales dont certaines accusent les Chinois de ne pas diversifier leurs engagements ou de ne pas débloquer assez vite les fonds promis.

A côté des tensions sur les lois du travail ou liées au climat des affaires, d’autres difficultés sont apparues pour la mise en œuvre des accords de construction d’infrastructures rémunérée par des livraisons de matières premières que les compagnies chinoises tentent de renégocier à mesure que les prix des matières premières baissent. Le Wall Street journal cite les 3 Mds de $ prêtés par la Chine au Ghana en 2011 pour, entre autres, financer un oléoduc et garantis par des livraisons de pétrole. Mais à Accra on se plaint qu’après la chute des prix du brut, les banques chinoises n’ont seulement déboursé que 20% du prêt, tandis que les autorités chinoises accusaient le Ghana d’avoir mal planifié ses travaux d’infrastructure.

Du coup, les investissements directs chinois marquent le pas. Alors qu’il avaient atteint 5,5 Mds de $ en 2008, en 2011 ils n’étaient plus que de 3,2 Mds et seulement 2,5 Mds en 2012 (Source MOFCOM). En un mot, le temps de la conquête de territoires vierges des investissements chinois où, dans une stratégie de rattrapage, Pékin distribuait largement ses capitaux pour asseoir son influence, tire à sa fin. Le thème du voyage de Li Keqiang était plutôt la résolution des différends et des malentendus, à des fins de consolidation et la recherche d’un meilleur rendement pour les engagements financiers chinois.

Photo Avec le président du Nigeria Goodluck Jonathan et son épouse, à Abuja, le 7 mai 2014. A gauche Madame Cheng Hong, épouse de Li Keqiang, professeur d’économie à Pékin. Son père fut le secrétaire général adjoint du Comité Central de la Ligue de la Jeunesse, base politique de Li Keqiang. A Abuja, où il a également assisté au forum économique mondial, le PM chinois a signé le 6 mai un accord de 13 milliards de $ pour la construction par la Compagnie chinoise China Railway Construction Corp (CRCC) d’une ligne de train rapide sur une distance de 1385 km. Au total près de 9000 travailleurs locaux seront recrutés pour projet.


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