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›› Editorial

Libye : Pékin réajuste sa position

Peu après les premières frappes, le porte parole du Wai Jiaobu mettait les choses au point : « Nous nous opposons à l’usage de la force qui pourrait provoquer un désastre humanitaire encore plus grave. (...). Nous demandons aux gouvernements concernés d’instaurer un cessez-le-feu immédiat et de résoudre les différends par des moyens pacifiques, sous l’égide de l’OUA, des Nations Unies et de la Ligue Arabe ».

Le 21 mars, le Quotidien du Peuple, qui adoptait un ton polémique ciblant directement le Etats-Unis et l’Europe, était encore plus explicite : « Après les guerres en Afghanistan et en Irak, l’agression militaire contre la Libye est la troisième menée depuis le début du XXIe siècle par certains pays contre un état souverain. Le bain de sang en Irak, qui dure depuis huit années, et a déjà provoqué d’indicibles souffrances, renvoie aux risques à venir et devrait servir de mise en garde ».

A ces déclarations officielles s’ajoutent de nombreux commentaires de presse, très critiques, où, au passage, l’activisme de la France, accusée, entre autres, de s’être engagée pour des motivations « électoralistes », est violemment condamné. La plupart des analyses visent à ôter toute légitimité à une intervention parfois qualifiée de cynique, que certains croient motivée, comme au Soudan, par la volonté d’aboutir à une partition du pays, moyen le plus efficace pour faire main basse sur les ressources pétrolières.

Li Hongmei, polémiste au style mordant du Quotidien du Peuple, rappelle les hésitations de la Ligue Arabe et de la Turquie, ainsi que les oppositions de l’Allemagne, du Brésil, de l’Inde et de la Russie, et s’interroge sur l’efficacité de frappes aériennes pour déloger Kadhafi. Sa conclusion prédit un enlisement et attribue à Obama, dont elle raille au passage le prix Nobel de la paix, le plan machiavélique d’isoler l’Iran.

Ces réajustements officiels sont entérinés par 70% des internautes chinois interrogés par la chaîne de télévision prochinoise Phoenix TV, basée à Hong Kong. Ils marquent un retour au réalisme prudent de la politique étrangère de Pékin, calibrée à l’aune de ses intérêts directs, axés sur la recherche d’influence, la quête de marchés, de technologies et de ressources, s’affirmant libre de tout prosélytisme politique et respectant la souveraineté des Etats.

Il n’empêche que les contradictions chinoises, où Pékin a laissé faire avant de condamner sévèrement, s’ajoutent à quelques commentaires teintés d’idéalisme de plusieurs bloggeurs célèbres, abondamment cités par la presse internationale. Sur son site au style imagé et à la fréquentation fleuve de plus 100 millions de visiteurs par an, Han Han clame que « les dictateurs n’ont pas d’affaires intérieures, qu’il faut les envahir et les éliminer » -. (voir notre article sur Han Han).


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