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Livre Blanc sur la Défense entre ambiguïté et transparence

Le 16 avril dernier Pékin a publié son 8e Livre Blanc sur la défense. En Chine comme ailleurs l’exercice est ambigu. Tandis que le titre appelle à la transparence, le contenu ne l’est qu’en partie. Où qu’ils soient, les pouvoirs politiques n’entendent pas présenter la vérité objective de leur système de défense, avec leurs forces et leurs faiblesses, et encore moins dévoiler leurs secrets les plus sensibles. En réalité, les Livres Blancs sur la défense proposent toujours une image policée conforme à celle que les États entendent donner de leurs forces armées, à l’intérieur comme à l’extérieur.

Leur publication, avant tout politique, vise à affirmer la légitimité, la cohérence et l’efficacité des systèmes militaires destinés à mettre en œuvre la violence d’Etat face aux menace identifiées, ainsi que les conditions et les modalités de son déclenchement. L’extrême sensibilité de leur objet induit nécessairement une part d’ombre plus ou moins vaste.

En Chine, où la culture militaire est enracinée dans les préceptes de Sun Zi, qui prônent l’ambiguïté, la déception et les approches obliques, les réticences à la transparence sont encore plus fortes qu’ailleurs. Elles sont renforcées par la persistance de faiblesses tactiques et technologiques, dont Deng Xiaoping disait lui-même qu’elles fondaient l’essentiel de l’opacité du système de défense chinois peu désireux de dévoiler ses lacunes.

Mais l’exigence de transparence est en Chine comme ailleurs le nouveau mantra du pouvoir soucieux de donner des gages de bonne gouvernance. C’est un fait, et l’APL a sacrifié à cette mode. Mais elle n’y consent qu’avec mesure et sans aller trop loin dans l’abandon des ambiguïtés. Ses révélations sont soigneusement calibrées, soit qu’elles concernent des informations déjà connues des experts, soit qu’elles viennent en appui d’une stratégie de long terme visant à réaffirmer le rôle crucial de sa dissuasion nucléaire et à contrôler complètement sa zone d’intérêt stratégique immédiate.

Nouvelle transparence sur la structure des forces

Pour la première fois en effet le Livre Blanc communique la structure des forces stationnées dans les sept régions militaires, révèle les effectifs de l’armée de terre (850 000 h), de la marine (235 000 h, organisée en trois flottes du Nord, de l’Est et du Sud), de l’armée de l’air (398 000 h, implantés dans chaque région militaire), sans oublier la Seconde Artillerie.

La dissuasion nucléaire au cœur du concept de défense

Cette catégorie de forces ultra sensible, dont les effectifs ne sont cependant pas dévoilés, abrite la force de dissuasion nucléaire stratégique, équipée de missiles balistiques intercontinentaux Dong Feng et de missiles de croisière Chang Jian. Son évocation rappelle que ce système de forces est au centre de la défense chinoise, dont Pékin entend préserver la crédibilité face aux déploiements de systèmes anti-missiles américains et à l’émergence d’armes conventionnelles capables de neutraliser ses missiles stratégiques.

Effort sur les capacités de projection de forces

Autre affirmation de souveraineté, au cœur des actuelles controverses avec les États-Unis, le Japon et l’ASEAN, le Livre Blanc évoque les grandes unités interarmes mobiles des forces terrestres et l’existence de brigades indépendantes, confirmant leurs nouvelles missions de projection hors du territoire chinois.

Ces capacités inédites qui, à l’évidence, répondent aux impératifs de contrôle territorial en mer de Chine du Sud et de l’Est, sont, dit le Livre Blanc, rendues possibles par le développement de l’aviation de l’armée de terre, d’équipements mécanisés aérotransportés, de forces spéciales, et de petites unités modulaires « multi-missions », aptes aux « opérations aéroterrestres sur de longues distances, capables d’exécuter des assauts rapides et des opérations spéciales ».

Pour le reste, le Livre Blanc ne dévoile aucun budget, aucun mode d’action particulier, ni aucun type d’équipement spécifique hormis la mention des missiles de croisière et des missiles balistiques Dong Feng. Mais il confirme la modernisation des équipements et des capacités des trois armées et de la 2e Artillerie.

Celle-ci doit mettre l’APL en mesure de « s’engager victorieusement dans un conflit local, informatisé et de haute intensité » et de se projeter sur un théâtre opérationnel hors des frontières de la Chine. Mais, comme pour souligner les intentions pacifiques de la Chine, cette année, la présentation du document et son titre insistent encore plus que par le passé sur la variété des missions autres que celles directement liées au combat.


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