›› Taiwan
Elle est également le résultat du ratissage par le KMT des voix des petits partis de droite et de l’opportunisme politique de Ma Ying-Jeou. Tout en se disant favorable à la réunification à terme, ce dernier a en effet également pêché dans les eaux du DPP en soutenant avec lui un projet de référendum à organiser en même temps que les présidentielles de mars prochain pour interroger le peuple sur son soutien à la candidature de Taiwan à l’ONU. Une initiative qui surfe sur la quête d’identité d’une grande majorité de Taiwanais et considérée comme très sensible par Pékin, dont les élites considèrent Ma Ying-Jeou avec circonspection. Ce dernier avait déjà irrité les caciques du Parti Communiste Chinois, lorsqu’en 2005 il s’était fermement prononcé contre la loi anti-sécession promulguée par la Chine.
Les chances de Frank Hsieh, le candidat du DPP, de remporter les élections présidentielles sont aujourd’hui réduites. Elles reposent toutes entières sur son habileté politique : Il s’agit pour lui de se démarquer de la stratégie agressive et provocatrice de Chen Shui-Bian, sans renier ses engagements en faveur de l’identité de l’Ile qui constitue le message central de son parti. Une approche qui ne sera pas moins difficile à mettre en oeuvre que celle également acrobatique imaginée par le KMT.
Tout en restant fidèles à leur projet politique à long terme (indépendance pour le DPP et réunification pour le KMT), les deux partis - qui regroupent plus de 80% des suffrages exprimés - doivent en effet prendre en compte le glissement de l’électorat taiwanais vers le centre, dont la grande majorité, à la fois opposée à la réunification et à l’indépendance, souhaite préserver des liens apaisés avec la Grande Terre, terrain de chasse privilégié des hommes d’affaires de l’île.