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›› Politique intérieure

Lutte contre la corruption ou élimination des factions rivales ?

Le mur du silence et les rumeurs de règlements de compte

Le professeur Hu Angang, cité en début de cet article, avait d’ailleurs depuis longtemps souligné que pour mettre fin à ces dérives, il faudrait d’abord démanteler les collusions entre le Parti, la justice, la police et les mafias. Une perspective compliquée qui n’est toujours pas à l’ordre du jour.

Le fait est que les hommes politiques de premier plan et leur famille, dont la corruption est pourtant de notoriété publique, à la tête de prébendes et de fiefs industriels ou commerciaux très lucratifs, n’ont jamais été inquiétés. Selon nombre d’études effectuées par des chercheurs chinois, la grande majorité des responsables de haut niveau dans les secteurs de la finance, du commerce extérieur, de l’immobilier, du secteur de la construction et de la high-tech est liée aux dirigeants politiques de premier plan. La proportion est tout aussi forte chez les milliardaires.

Mais il y a plus. Alors même que le Président Hu Jintao amplifie ses campagnes dans un mouvement qui semble constituer un axe majeur de son deuxième mandat, ciblant des cadres de plus en plus haut placés, le nom de son propre fils apparaît aujourd’hui, mêlé à une affaire de corruption. Dirigée jusqu’en 2008 par Hu Haifeng (38 ans), fils aîné du Président, la société Nuctech, qui fabrique et commercialise des équipements de sécurité utilisés par les aéroports et les ports pour le contrôle par rayons X des chargements lourds, est soupçonnée par le gouvernement namibien d’avoir détourné tout ou partie du versement initial de 8 millions de livres, payé pour l’achat de scanners de sécurité.

Tandis qu’en Chine les informations concernant l’affaire sont bloquées sur Internet, que Nuctech et le Ministère des Affaires étrangères éludent les questions de la presse, la société est également sous le coup d’une accusation de manipulation des prix et de dumping déposée à l’Union Européenne par son concurrent anglais Smith Detection Group Ltd.

Enfin, vue par un observateur occidental, toute l’affaire pourrait bien relever du népotisme et du trafic d’influence présidentiel. Dans ce schéma, Hu Jintao aurait, lors de son voyage en Namibie en février 2007, utilisé des fonds publics pour faciliter le financement d’équipements, dont le commerce, très lucratif, enrichit une société contrôlée par son fils.

S’il est vrai qu’en Chine, l’opacité qui protège le système fait que les mèches des explosions politiques sont plus longues et bien moins visibles qu’en Occident, il n’en reste pas moins que dans l’ambiance actuelle, marquée par la répression brutale d’une partie de l’élite, l’affaire pourrait constituer une sérieuse menace pour Hu Jintao.

Celle-ci serait encore plus redoutable si, comme l’affirment certains observateurs à Hong Kong et à Pékin, les campagnes anti-corruption avaient également pour objectif de réduire ou d’éliminer l’influence des clans rivaux, notamment celui de Shanghai.

Ces interrogations avaient déjà été soulevées lors de la disgrâce à Shanghai en 2007 de Chen Liangyu, proche de Jiang Zemin.

Elles refont surface aujourd’hui avec la destitution du maire de Shenzhen également proche des Shanghaïens et la série de mises en examen de plusieurs cadres haut-placés du PCC à Canton, intervenues depuis la nomination, en 2007, du gouverneur Wang Yang, allié de Hu Jintao. La rumeur court même à Pékin que Li Peiying, exécuté le 7 août, aurait été en conflit direct avec Wen Jiabao.

Le professeur Hu Angang lui-même avait dans un de ses rapports déjà anciens, identifié ce risque pour la cohésion du Parti en écrivant : « la lutte contre la corruption au sein de la haute direction du régime ne devrait pas être le prétexte à des règlements de compte entre factions politiques rivales ».


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