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›› Editorial

Mer de Chine du sud : au jeu de « Tape la taupe », la tension monte

Déclarations agressives et postures belliqueuses.

Le 11 mai 2015, l’USS Fort Worth croise dans les Spratly suivi à distance par le destroyer lance missile Yangcheng de la marine chinoise. Photo US Navy.

Le 25 mai, le journal Global Times surgeon populiste du Quotidien du Peuple, mettait en garde contre les risques de conflit militaire si les États-Unis persistaient à entraver les travaux de la Chine dans les Spratly. Au passage, l’article fustigeait le Président Aquinio des Philippines qui rejette les nouvelles affirmations de souveraineté chinoises, rappelle chaque fois que possible sa proximité stratégique avec Washington et prévient que ses appareils de reconnaissance continueront à survoler les îlots contestés.

L’auteur citait la mise en garde du porte parole du Waijiaobu : « La Chine rappelle aux Philippines qu’elle ne cherchera pas à intimider les “petits pays“, mais ces derniers doivent cesser de créer des troubles (…) Nous espérons que les Philippines mettront fin à leurs provocations et accepteront de résoudre les problèmes par la consultation et la négociation. »

Pour la première fois, le Livre Blanc sur la défense précise les priorités de sécurité de la Chine.

Le 26 mai, alors que le porte-parole chinois signalait le lancement officiel de la construction de deux phares sur les Spratly, la Chine publiait un nouveau Livre Blanc sur sa défense. Le document différait des précédents par le fait qu’il identifiait clairement ses priorités de sécurité extérieures au nombre de 6 où ses droits maritimes, la protection de ses lignes de communication et ses intérêts outre-mers [1] étaient placés en tête, en même temps que ses capacités de dissuasion nucléaire, la protection contre les cyber-menaces et ses inquiétudes face à la militarisation de l’espace.

Surtout, le document insistait sur la nécessaire évolution des mentalités de l’appareil militaire chinois qui continuait à accorder une prévalence aux forces terrestres par rapport à la marine. Enfin il ciblait précisément les États-Unis désignés – sans les nommer - comme « une nation étrangère occupée à se mêler agressivement des affaires de la Mer de Chine du sud et de celles des États riverains. »

Le 29 mai, l’agence Xinhua enfonçait le clou en dénonçant les survols provocateurs des territoires chinois des Spratly par des appareils de surveillance américains, accusant Washington – qui n’avait aucune légitimité stratégique dans la région -, de semer la discorde, de créer des tensions en ralliant les Philippines et le Vietnam et de vouloir freiner l’ascension stratégique de la Chine.

La fin de la dépêche spéculait sur la cohérence des intérêts des 2 premières puissances économiques de la planète et mettait en garde Washington contre le risque d’une dégradation durable de ses relations avec Pékin alors que leurs objectifs à long terme étaient pourtant complémentaires, non seulement sur les sujets économiques et commerciaux, mais également sur les questions stratégiques tels que le nucléaire iranien et le contrôle de la Corée du Nord.

La réponse américaine est venue le 30 mai, lors du forum de Singapour par la voix d’Ashton Carter secrétaire d’État à la défense. Il demandait que la Chine mette « immédiatement et durablement » fin à l’extension des îlots qui, selon le Département d’État et John Kerry venu à Pékin le 16 mai, contrevenaient directement au droit international. Dans son discours de Singapour, Carter a en outre affirmé que l’aéronavale américaine continuerait « à voler et naviguer chaque fois que les lois internationales l’autorisent comme elle le fait partout dans le monde ».

Quelles stratégies de « désescalade » ?

Tandis que certains des adversaires potentiels de la Chine dans la région Japon, Philippines et Vietnam rapprochent leurs appareils militaires, les rapports de forces dans la région du Pacifique occidental se rééquilibrent progressivement en faveur de Pékin. Alors qu’en apparence les positions sur la souveraineté paraissent irréconciliables, la question se pose des stratégies possibles de « désescalade » pour éviter un dérapage militaire intempestif.

Conscient que plus que des travaux d’agrandissement des îles, les tensions dans la région se nourrissent du projet final, matérialisé par la ligne en 9 traits, d’annexion par Pékin de toute la mer de Chine du sud, l’Amiral Blair conseille aux États-Unis de cesser de réagir ponctuellement à chaque nouvel élargissement au risque de provoquer un grave incident militaire.

Au lieu de quoi il suggère une action politique militant pour une solution négociée avec tous les pays de l’ASEAN. Celle-ci prévoirait le partage des ressources, des accords sur les zones de pêche et la démilitarisation complète des archipels. Une solution que, pour l’instant, Pékin n’accepterait qu’à la condition de négocier en bilatéral avec chaque État, sans l’intrusion de Washington.

La proposition Blair rejoint celle de Taïwan qui, tout en ayant les mêmes revendications que Pékin (ligne en 11 traits datant de 1947) tente d’apparaître comme une force de conciliation face à la fermeté inflexible des réclamations chinoises. Mais, tout comme celle de l’ancien commandant des forces américaines du Pacifique Occidental, l’initiative de Ma Ying-jeou n’a, pour l’instant, eu aucun succès à Pékin.

Note(s) :

[1En décembre 2014, Pékin a pour la première fois envoyé un bataillon d’infanterie de 700 hommes dans une opération de maintien de la paix au Soudan. Dans le même temps, le pouvoir chinois négocie avec Djibouti pour établir comme l’ont déjà fait le Japon et les États-Unis une base navale dans l’ancienne colonie française. Il s’agit de créer un point d’appui logistique pour les bâtiments chinois qui participent aux opérations anti-piraterie dans le golfe d’Aden et au large des côtes somaliennes.


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