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›› Chronique

Ni révolutionnaire, ni réformateur

La dernière session d’étude du Politburo chinois, clôturée le 21 février dernier, s’est consacrée à la construction d’une « société en harmonie ». Il ne faut pas y voir l’annonce d’une quelconque nouvelle orientation politique. A l’approche du mi-mandat de Hu Jintao, le numéro un de Pékin conserve l’image d’un dauphin craintif, même si, à l’heure actuelle, le pouvoir dont il dispose n’a rien de factice. Ses actions politiques se résument à mettre des hommes de confiance à la tête de quelques provinces (ce qui n’a rien d’original) et à visiter les régions rurales pauvres pour afficher son image sinon populaire, du moins populiste. A la grande déception de la plupart des observateur, le Camarade Hu ne s’est pas illustré par une politique qui lui est propre. Il peut paraître paradoxal qu’un dirigeant suprême ne veuille pas imposer au régime sa marque personnelle. Cette contradiction n’est en réalité qu’apparente car plusieurs facteurs contribuent à former l’immobilisme qui caractérise le paysage politique chinois d’aujourd’hui :

D’abord, Hu Jintao n’est pas un dirigeant élu sur son propre programme politique, mais celui qui a reçu le « mandat du ciel » de la main de Deng Xiaoping. Il n’a de compte à rendre qu’à ses pairs qui le jugent sur la fidélité à la ligne politique de son mentor. Rester sur la ligne de Deng Xiaoping doit être le premier de ses soucis s’il veut garder durablement la direction du Parti et de l’Etat.

Ensuite, la situation d’une économie prospère n’incite pas à des réformes. La croissance annuelle à 9% suffirait à masquer la plupart des problèmes de société : inégalité sociale croissante, corruption généralisée, accidents mortels à répétitions dans les mines de charbon... La liste n’est pas exhaustive. A quoi bon prendre le risque de procéder à des réformes dont on ne peut évaluer avec précision les conséquences quand la population s’enrichit globalement avec une politique « qui a fait ses preuves » depuis 1978 ?

Enfin, les éléments biographiques publiés de Hu Jintao montrent qu’il n’est, tout au long de sa carrière, ni révolutionnaire, ni réformateur. S’il est moins mégalomane que Jiang Zemin, son prédécesseur immédiat, il partage avec lui le souci constant de suivre la « ligne juste » du Parti, c’est-à-dire, à plaire à ses supérieurs hiérarchique afin de s’assurer un avenir prometteur. Décidément, la Chine n’aime pas les enfants terribles.

Rares sont les circonstances dans lesquelles surgissent les réformateurs de grande envergure, comme Deng Xiaoping ou Zhu Rongji qui personnellement avaient subi les affres de la Révolution culturelle et ressentaient viscéralement la nécessité de changer le monde. A ces exceptions près, le régime chinois ne forme que des clones avec la même base idéologique. C’est probablement le signe avant coureur d’une société en marche vers la sclérose, semblable au temps d’un certain Léonid Brejnev.


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