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Transferts de technologies et compétition commerciale.
Selon un schéma ultra classique, la technologie de l’AP 1000 a été transférée à la Chine en échange de l’ouverture du marché chinois au profit de Westinghouse, dans le cadre d’accords conclus entre 2007 et 2011 entre la compagnie américaine et SNPTC (State Nuclear Power Technology Company 国 家 核 电), le maître d’œuvre de l’autorité nucléaire nationale.
Le China Daily précise que l’accord comporte à la fois une assistance technique et des contrats très précis pour 34 séries de technologies et tâches à transférer, divisées en 7 catégories faisant l’objet de 27 sous-licences, appliquées à 30 éléments séparés du réacteur.
Selon Gu Jun, président de l’autorité nucléaire nationale, 90% de la technologie de l’AP 1000 auraient déjà été « sinisées », dans un processus ayant impliqué, avec Westinghouse, plusieurs très gros contractants industriels, dont le Coréen Doosan Heavy Industries, le Japonais Mitsubishi, ainsi que les Chinois Huaneng, China 1rst Heavy Industry, Shanghai Electric Group Corporation et Harbin Power Equipement.
Un autre contrat séparé de 35 millions de $, comprenant l’installation à Baotou d’équipements américains, a été signé avec Baotou Nuclear Fuel Co, - 中核北方核燃料元件公司-, destiné à produire du combustible pour les AP 1000.
Plus étrange encore, contredisant l’affirmation d’indépendance, l’article explique que « Westinghouse maître d’œuvre de la chaîne de production gardera la main dans l’exploration commerciale », mais que « localement, sur certains marchés, comme l’Afrique du Sud, l’industrie nucléaire nationale chinoise espérait pouvoir prendre l’initiative et promouvoir le CAP 1400 pour son compte ».
Enfin et surtout, le China Daily doute lui-même du succès du CAP 1400, citant Lin Boqiang directeur du centre de recherche sur l’énergie à l’université de Xiamen : « alors que la demande globale reste faible, on ne voit pas pourquoi un client choisirait un équipement moins connu que l’AP 1000 ».
A quoi Lin ajoute, toujours cité par le China Daily, contredisant Gu Jun : « s’il est vrai que la Chine détient les droits de propriété du CAP 1400, cédés en échange de l’ouverture du marché aux AP 1000, il n’est pas impossible que les Etats-Unis contrôlent toujours le cœur des technologies de l’AP 1000 et de l’AP 1400 ». En tout état de cause, conclut l’article, il faudra d’abord construire une dizaine de réacteurs AP 1400 en Chine avant que cet équipement soit crédible à l’international.
Alors que la crainte des captations technologiques chinoises ne faiblit pas, sur fond de rivalités commerciales entre l’offre française et américaine, certains, en France, relèvent que l’allusion du China Daily à l’Afrique du Sud - qui fut il y a quelques mois l’objet d’un sévère contentieux franco-chinois - suggère clairement une stratégie de pressions exercées sur l’industrie nucléaire française.