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Pékin ce n’est pas de la tarte

Chapitre V

Les Catouelle habitaient un appartement dans une des résidences pour diplomates de la capitale, un peu au Sud de l’Ambassade, face au Grand magasin Pacific. Monsieur Catouelle était le Ministre Conseiller de l’Ambassade, autant dire, le numéro deux. Comme il aimait à le répéter, c’était sa cinquième nomination en Chine, ce qui en faisait un vieux routard de ce pays.

Je m’étais permis de sonner deux trois fois, sans résultat apparent. En cette heure matinale où les diplomates diplomatisent, c’est finalement Berthe Catouelle en personne qui vint m’ouvrir la porte.

- Ha ! C’est toi qui fais tout ce boucan ! Tu as du pot ! Si ça avait été quelqu’un d’autre, ça aurait bardé ! J’ai horreur qu’on s’acharne sur ma sonnette !

Prends-toi un café dans la cuisine et viens t’asseoir dans le sofa du salon. Je te rejoins dans une minute, le temps d’enfiler un fute...

Elle avait de jolis bigoudis dans les cheveux et une nuisette vermillon à faire trembler un percheron. Je m’empressai d’exécuter ses ordres et profitai de l’attente pour parcourir la bibliothèque. Des centaines de volumes sur la Chine couvraient les murs de la salle à manger. Les derniers arrivés s’empilaient au bout d’une étagère, attendant leur classement futur. Le dernier de la pile était un Livre de Billeter, Contre François Jullien, et celui de dessous un livre de François Chieng qui s’appuyait sur la pensée du même François Jullien pour mieux comprendre la pratique de la Chine... Qui fallait-il croire ?

- Ça y est ? T’as finalement appris à lire ?

Berthe était revenue, dans un large pantalon noir qui ne l’affinait guère et sans les bigoudis...

- Tu les as lus ? Lui demandai-je en lui montrant les deux livres.

- Tu crois que j’ai que ça à foutre pour lire des conneries pareilles ? Ce sont deux peaux de couilles ! Tu n’en as pas un pour racheter l’autre. Depuis que mon homme a sorti son livre sur la poésie Tang, il est censé faire partie de la confrérie... Et comme en plus il est ministre conseiller, ils doivent penser qu’il vaut mieux l’avoir à la bonne, alors ils se croient obligés de nous dédicacer leurs livres. Je ne vois pas pourquoi faudrait en plus que je me croie obligée de les lire... De toute façon Billeter, je ne comprends rien à ce qu’il écrit et l’autre, je le comprends trop... Le Chieng, c’est la cinquième colonne larmoyante ! Ne dites surtout pas du mal de la Chine : si quelque chose vous choque, c’est simplement une différence d’approche et si vous croyez qu’on est en train de vous baiser... Pas du tout ! C’est simplement une différence de culture... Payez vingt euros pour lire des conneries de ce genre, merci ! Très peu pour moi ! Mais tu n’as sûrement pas fait tout ce chemin jusqu’ici pour me parler littérature, qu’est-ce qui me vaut l’honneur de ta visite ?


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Par Anonyme Le 31/10/2006 à 12h12

> Pékin ce n’est pas de la tarte

je reconnais les principaux personnages et je pense que l’auteur est l’un d’eux ! Il habite au-dessus ! Si c’est lui, il comprendra mais je ne dévoilerai rien c’est beuacoup plus amusant sans rien savoir, même si on sait que tout le monde sait !

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