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›› Chronique

Pékin – Washington. La diplomatie du Chunjie, sur fond de veillée d’armes

Pékin surveille le nouvel hôte de la Maison Blanche comme l’huile sur le feu et ne cesse de commenter ses faits et gestes. Récemment le site du Quotidien du Peuple a mis en ligne sa frustration que Trump n’ait pas souhaité la bonne année du Coq aux citoyens américains d’origine chinoise. Alors que Bill Clinton, Bush et Barack Obama n’avaient pas manqué à ce rituel, le nouveau maître de l’Amérique ne s’est pas donné cette peine, dit le journal, qui relève que certains internautes considèrent ce manquement comme un « grave manque de respect ».

Suivent quelques spéculations sur le sens de cette « absence de sympathie », logiquement liée, disent certains commentateurs à Pékin, à la ligne antichinoise dure empruntée par Trump soucieux de ne pas déplaire à ceux qui l’ont élu.

Comme pour indiquer que la Chine n’était pas la seule à subir la vindicte du nouveau président, viennent ensuite quelques considérations sur la brutalité de la nouvelle politique étrangère de l’Amérique, d’abord contre l’Allemagne, le Japon et le Mexique, tous accusés en vrac de détruire par leurs exportations les emplois américains ; ensuite contre les ressortissants de 8 pays musulmans interdits de visas pour une durée de 90 à 120 jours (approuvé par 49% des Américains), l’Arabie Saoudite pourvoyeuse de pétrole étant préservée, ajoute malicieusement l’auteur.

Très révélateur des intentions du Bureau Politique de calmer le jeu avec les États-Unis, son très puissant partenaire commercial et son premier client, passage obligé de toute stratégie globale, le Quotidien du Peuple constate que depuis son investiture, Trump, qui a ouvert les hostilités sur de multiples fronts, n’a pour l’instant pris aucune mesure hostile directe contre la Chine, préférant, dit l’auteur, s’en tenir à une « sorte de guerre psychologique ».

Ivanka et les hommes d’affaires chinois

Toujours en signe de bonne volonté, l’article comporte même un long reportage assorti des photos d’une visite à l’Ambassade de Chine à Washington d’Ivanka Trump connectée aux intérêts chinois par la fortune de sa belle famille.

« Son père a commis une gaffe. Plus intelligente que lui, elle tente de la réparer » dit un internaute cité par le journal. Créant un événement hors des habitudes diplomatiques et accompagnée de sa fille de 5 ans, Ivanka qui a été accueillie par l’Ambassadeur Cui Tiankai s’est, dit le journal, intéressée à la musique chinoise et, avec sa fille, aux traditionnels découpages de papier.

La communauté d’affaires chinoise, pas rancunière n’est pas en reste. Sponsorisé par 100 compagnies chinoises, un grand panneau publicitaire domine Times Square à New-York pour souhaiter un joyeux nouvel an chinois à Trump et au peuple américain. A Pékin, l’ambassadeur Branstad est sur la même ligne bienveillante et amicale, confiante dans les bienfaits pour le monde de la bonne coopération entre la Chine et les États-Unis.

*

En arrière plan subsistent cependant les mauvais souvenirs de la campagne de Trump et les déclarations hostiles de Steve Bannon qui, il y a seulement quelques mois, annonçait la probabilité d’une conflit militaire avec la Chine. « Il n’y a aucun doute que dans les dix ans qui viennent les États-Unis entreront en guerre en mer de Chine du sud. »

A Pékin, on n’a pas oublié qu’il y a exactement un an, il avait même mis la Chine et l’État Islamique dans le même sac : « nous avons l’expansion de l’Islam et l’impérialisme chinois. Ils sont motivés et arrogants. Ils avancent et pensent que la civilisation judéo-chrétienne est en déclin ».

Ripostes et mise en garde.

Changeant de ton, la conclusion de l’article met en garde contre les dangers d’une guerre tarifaire et rappelle que la Chine a la capacité de riposter.

Coïncidence ou première riposte de la vaste palette des contre offensives chinoises possibles, le 2 février, Xinhua annonçait après Mexico que le motoriste chinois JAC (en Chinois 江淮 汽车 – Jianghuai Qiche) allait installer une usine dans l’État mexicain d’Hidalgo assorti d’un investissement de 212 millions de $. Les voitures JAC seront assemblées dès le mois de mars et sortiront des chaînes de montage avant la fin de l’année.

Enfin, plus préoccupant, la Chine qui connaît la force des symboles, a en ce début d’année, testé au pas de tir Taiyuan, un missile balistique longue distance de type DF-5C équipé de 10 têtes nucléaires. L’essai suggère que la Chine a entrepris d’augmenter le nombre de ses vecteurs et fait suite à une campagne du Global Times préconisant d’augmenter la puissance de l’arsenal chinois en vue de tenir à distance une agression américaine.

Le 24 janvier, on pouvait lire dans les colonnes du journal que les forces stratégiques de la 2e artillerie devaient être renforcées pour dissuader qui que ce soit de menacer la Chine. Il ajoutait « nous devons nous mettre en mesure de “punir“ les indépendantistes taiwanais et nous préparer à réagir aux provocations américaines en mer de Chine du sud ».


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