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›› Société

Pollution des sols, exode rural et revenus agricoles

Note de Contexte.

Les grands défis de l’agriculture.

Au cours des 30 dernières années l’urbanisation, la désertification et la pollution ont fait disparaître de multiples petites exploitations agricoles. Pour résoudre le dilemme population – ressources qui se double de fortes tensions sur les revenus agricoles, le pouvoir table sur la modernisation.

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Le combat que vient de lancer le gouvernement pour restaurer la qualité des sols, vaste entreprise par endroits impossible, compte tenu du niveau de dégradation des terres gravement polluées par de longues années de rejets chimiques non contrôlés, est l’occasion de revenir sur la situation socio-économique du monde agricole chinois dont il faut rappeler la puissance avant d’énumérer les défis auxquels il doit faire face.

Contribuant à 10% du PNB, l’agriculture emploie plus de 200 millions de personnes (30% de la main d’œuvre chinoise) qui font de la Chine le premier producteur mondial de coton, de riz, de viande de porc, de fruits et de légumes. Dans le passé, en dépit des vicissitudes de l’histoire et de la nature, les fermiers chinois ont nourri presque 3 fois plus de personnes que les paysans du reste du monde.

Aujourd’hui, la demande de la nouvelle classe moyenne pour plus de protéines et de viande bovine augmente considérablement la demande en céréales et bouleverse le paysage traditionnel de l’agriculture chinoise.

S’il est vrai que la Chine ne figure encore qu’au 12e rang mondial des pays consommateurs de viande avec 28% de la consommation globale, la forte hausse des régimes carnés (porc, volaille et bœuf) aura à court terme un impact sur les émissions de gaz et l’équilibre sanitaire de la population chinoise. Au point que le gouvernement a, en juin dernier, décidé de lancer une campagne pour réduire de 50% la consommation de viande dans le pays.

Autre évolution notable modifiant l’ancestral schéma de l’agriculture chinoise articulée autour d’une consommation de riz au sud, de céréales au nord avec peu de consommation d’ovins et de bovins au profit des poissons des volailles et du porc : l’augmentation spectaculaire de la consommation de lait. En 2017 elle représenterait un marché de près de 100 Mds de $, mobilisant d’importants investissements chinois et étrangers (Alibaba, Fosun, COFCO, Danone, Arla) dans les laiteries chinoises telles que Mengniu, Huishan et Shengmu.

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Le double mouvement d’industrialisation et d’urbanisation rapide entraîne la conversion de vastes surfaces périurbaines en zones constructibles dont la valorisation foncière profite plus aux promoteurs immobiliers et aux administrations locales qu’aux fermiers.

Expulsés par les projets immobiliers, ces derniers mal indemnisés deviennent pour partie des migrants, main d’œuvre socialement vulnérable des usines d’assemblage de l’atelier du monde.

Mais la stratégie du pouvoir d’augmenter massivement la population urbaine (240 millions de ruraux migrant vers les villes entre 2013 et 2025) repose sur l’arrière pensée d’une meilleure efficacité agricole obtenue par la diminution du nombre de fermiers, épine dorsale de la modernisation des campagnes et de l’agriculture.

Pour Pékin, les clés en sont 1) le remembrement des parcelles autorisé par la chute de la pression démographique rurale, condition de meilleurs rendements et 2) le choix de l’agriculture organique ayant des effets bénéfiques, tant sur la qualité des produits, la sécurité alimentaire et la compétitivité à l’export. Nous sommes là devant un des paradoxes chinois.

La mode Bio, les pesticides et les scandales alimentaires.

Alors que l’agriculture souffre d’une mauvaise image née de fréquents scandales alimentaires, l’élan pour l’agriculture bio gagne en ampleur, essentiellement dans les produits laitiers, le vin, les cultures maraîchères, les aliments pour bébé, l’huile d’olive et les céréales, au point qu’avec plus de 2 millions d’hectares, la Chine s’est hissée au 4e rang mondial des surfaces bio après l’Australie, l’Argentine et les États-Unis (source Natexbio).

Mais il y a loin de la coupe aux lèvres. Le pays compte toujours parmi les plus gros consommateurs au monde d’engrais et de pesticides et son image de fiabilité alimentaire est encore fragilisée par les scandales et la faiblesse des contrôles.

La réputation aléatoire des produits agricoles chinois que le pouvoir s’applique à redresser est, avec la forte consommation domestique, à l’origine de la place modeste des exportations agricoles avec 35 Mds de $, assez loin derrière l’UE, n°1 mondial avec 120 Mds de $, les États-Unis 115 Mds de $ et le Brésil 65 Mds de $ (chiffres de 2013). Au palmarès des importateurs, la Chine est au 2e rang avec 84 Mds de $ en 2013, au même niveau que les États-Unis, dernière l’UE (100 Mds de $).

Innover pour relever les revenus agricoles.

La mode de l’agriculture BIO se développe rapidement. Au point qu’en surfaces cultivées la Chine est aujourd’hui en 4e position dans le monde.

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Par dessus tout le pouvoir fait feu de tous bois pour tenter de relever le niveau de vie des fermiers. Récemment, le ministère de l’agriculture a annoncé un plan ambitieux de commercialisation des produits agricoles par internet avec l’objectif d’atteindre 116 Mds de $ de ventes en ligne en 2020, contre seulement 20 Mds en 2015.

Selon le site du ministère, le succès reposera sur l’utilisation des nouvelles technologies de l’information et de collecte des données qui devraient améliorer la mise en relation des vendeurs et des clients et aider à résoudre les défis logistiques de la vente en ligne.

Objectif prioritaire : en augmentant la densité des échanges, améliorer les revenus des agriculteurs (En moyenne à peine 1500 € par an en 2015). Le plan comprenait également des cours de formation dispensés aux fermiers pour les former à l’utilisation de « smartphones » et d’ordinateurs.

L’initiative dont il faut souligner l’esprit moderniste et la souplesse ayant valeur d’exemple, vise à réduire les circuits de distribution. Elle est cependant freinée par les réseaux des grands intermédiaires qui tiennent le haut du pavé dans le secteur où la capacité à distribuer rapidement des produits frais dépend d’une puissance logistique encore hors de portée des agriculteurs mal organisés.

La volonté des pouvoirs d’aller de l’avant en dépit des obstacles est remarquable. En 2015, il existait déjà 30 000 sites de vente de produits agricoles en ligne, allant des petits distributeurs locaux aux géants comme Alibaba et JD.com.

Les deux ont lourdement investi dans la partie logistique du projet qui leur permet d’approvisionner directement les clients en ligne sans passer par les intermédiaires. Il n’est cependant pas certains que les fermiers isolés seront les gagnants de cette guerre où les prix à la livraison sont tirés vers le bas par la rivalité des grands acteurs.

Enfin, le plus grand défi auquel la Chine est confrontée reste probablement le stress hydrique. Voir à ce sujet :
- Retour sur le stress hydrique chinois
- Le dessalement de l’eau de mer et le défi de l’eau potable


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