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Projet de diversion sud-nord : mise en service du canal central

Les trois tronçons du projet. Les deux de l’est et du centre sont en service. Le troisième à l’Ouest plus court est acrobatique et exigera de puissants ouvrages d’art, au point que sa mise en service n’est pas envisagée avant longtemps.

Une réponse d’urgence à la sècheresse chronique du nord.

Les travaux pharaoniques sont la réponse d’urgence de la direction chinoise à la pénurie d’eau de certaines provinces du nord dont les réserves d’eau douce par personne sont aussi réduites que celles des espaces désertiques du Moyen Orient. Cette année le Nord-est a été frappé par la plus grave sècheresse depuis 60 ans, mettant à mal les récoltes et obligeant certaines usines à fermer, occasionnant une perte de plus d’un milliard de $. (Xinhua).

Compte tenu de l’augmentation de la part consommée de certaines industries très voraces en eau, telles que l’électronique ou le textile qui, d’ici 2030, passera de 25 à 30%, le stress hydrique qui frappe la partie septentrionale de la Chine continuera d’augmenter si le ministère de l’eau ne parvenait pas à imposer une meilleure gestion des ressources.

La pollution, facteur aggravant.

Dans la région nord-est, la pénurie d’eau due à la sècheresse est encore aggravée par la pollution. Déjà une partie de l’eau acheminée depuis 2013 par le canal oriental qui s’appuie sur d’anciennes voies d’eau existantes n’est pas utilisable à son arrivée à Tianjin après son passage dans des sédiments chargés de polluants chimiques. Dans la région de Gupang au Shandong, 360 km à l’ouest de Qingdao, des pisciculteurs ont constaté que les eaux du canal de l’est déversées pour essai dans un lac avaient tué tous les poissons.

Polémiques sur l’impact.

Un effet pervers du projet mis en avant par certains experts internationaux et chinois est la possible création de pénuries d’eau dans le bassin de la rivière Hanshui, l’affluent du Fleuve Bleu qui alimente la retenue de Danjiangkou. Mais sur ce sujet les avis sont partagés.

Après une polémique publique stigmatisant la baisse de 40% du niveau de la retenue et « l’assèchement » partiel des rives de la rivière Hanshui, les médias officiels publièrent un démenti : « La province du Henan est la principale bénéficiaire du projet. Non seulement il n’a pas eu de conséquences négatives, mais il a été très utile ».

Xinhua souligne que le canal a par exemple acheminé en un mois et demi 50 millions de mètres cubes vers le réservoir de Baiguishan, 200 km au nord-est de Danjiangkou ce qui a directement soulagé une situation de grave pénurie dans la ville de Pingdinshan, sur la rive nord de la retenue au centre du Henan peuplée de 500 000 habitants.

Selon Christine Boyle, de l’ONG « Blue Horizon Insight », expert des questions hydriques en Chine, on ne peut pas dire que le projet de diversion produit la sècheresse en amont. Mais il aggrave la pénurie d’eau due à l’usage économique, dans une région où les fermiers, déjà soumis aux aléas du climat, aux inondations suivies de sècheresses, n’ont pas accès à l’eau du canal, d’abord destinée aux agglomérations urbaines et à l’industrie.

C’est le cas des petits fermiers le long du canal qui continuent de dépendre de l’eau des puits à une profondeur passée de 20 à 80 mètres en quelques années.

Quant au projet occidental, le plus court et le plus accidenté, qui devrait relier la haute partie du Yangzi eu Fleuve Jaune par les contreforts du Tibet et des zones montagneuses instables, les défis techniques sont tels que sa mise en service pourrait n’avoir lieu que dans plusieurs dizaines d’années.

Une solution transitoire non durable.

Portion du canal central dans la province du Henan (Photo : Zhao Peng/Xinhua Press/Corbis).

En février 2014, Qiu Baoxing, vice ministre du logement et de l’urbanisation déclarait que la diversion hydrique sud nord n’était pas durable, la solution devant selon lui s’articuler autour des techniques de désalinisation de l’eau de mer et d’une meilleure gestion de la ressource. Pour Ma Jun, le défenseur bien connu de l’environnement, le projet de diversion n’est qu’une solution transitoire. Il offre un sursis que le pouvoir devrait utiliser pour mettre en œuvre des solutions durables. La Banque Mondiale estime que la Chine devrait s’appliquer à moins gaspiller et à mieux recycler.

L’exigence d’une meilleure gestion de l’eau.

Le 13 décembre un éditorial du Global Times soulignait que le canal central offrira un soulagement hydrique à 100 millions de personnes des conurbations de Pékin et de Tianjin ainsi que des provinces du Hebei et du Henan. Mais il relevait aussi que l’approvisionnement en eau de la capitale risquait de se faire au prix d’un impact écologique sur d’autres régions et concluait en espérant que la diversion n’était qu’une solution d’urgence et pas le signal que l’urbanisation et le développement industriel pilleraient sans ménagement les ressources hydriques des autres régions.

L’auteur appelait notamment les régions Nord à améliorer leur gestion de l’eau dans un contexte où l’agriculture compte pour 60% de la consommation, avec d’importantes déperditions dues à la mauvaise qualité des systèmes d’irrigation. Le tiers restant est consommé par l’industrie qui n’en recycle que 40%, soit 50% moins que les pays développés. (source AFP).

Lire aussi : Pénurie d’eau au Nord et projets pharaoniques.


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