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Pyongyang, enjeu de la rivalité sino-américaine

Les sponsors du dialogue à 6 divisés.

L’Asie du Nord-est est traversée par les affres récurrentes de la crise nord-coréenne, nourrie par les provocations de Pyongyang qui oscille invariablement entre un épisode de famine et d’incessantes bouffées d’agressivité, alternant les mises en scène d’une menace missile et celles de son arsenal nucléaire en gestation.

Egalement agitée par les déboires des pêcheurs chinois en Mer Jaune, aux prises avec les maîtres chanteurs nord-coréens ou les gardes-côtes sud-coréens, la zone, encadrée par la Chine, la Russie, le Japon et la Mer de l’Est sillonnée par les marines de guerre de Pékin, Séoul, Moscou, Washington et Pyongyang, est devenue une des régions les plus volatiles de la planète, séquelle néfaste de la guerre froide. Les frères ennemis coréens s’y observent, figés de chaque côté de la ligne de démarcation dans des postures rigidifiées par près de 60 ans de méfiance et ponctuées par d’innombrables incidents, souvent meurtriers.

Les deux orphelins de la paix, l’un resté presque immobile depuis 1953 dans ses obsessions totalitaires paranoïaques, l’autre ouvert aux vents de la modernité politique, économique et industrielle, mais hésitant entre ses élans fraternels vers le Nord et le raidissement militaire, sont parrainés par Washington et Pékin, devenus les deux rivaux stratégiques du XXIe siècle. Chaque sponsor ayant lui-même un allié, le Japon d’un côté, la Russie de l’autre. Les acteurs ainsi définis formant les membres du dialogue à six, en panne depuis 2009, mais toujours parrainé par Pékin, qui y cherche un moyen d’influence et de contrôle.

Sous couvert d’une connivence d’apaisement qui affirme vouloir interdire la nucléarisation de la péninsule, les sponsors du dialogue abordent cependant la question sous deux angles de vue très différents, presque contraires.

Pour Washington, qui sans le dire officiellement, spécule sur l’effondrement du régime dynastique de la famille Kim, incapable d’ouverture économique et encore moins politique, la priorité, gravée dans le marbre, est toujours de s’ériger en obstacle au développement d’une arme nucléaire par Pyongyang, y compris au risque d’une catastrophe humanitaire et politique.

En revanche, même si les attitudes et les réponses ont varié au fil du temps, Pékin, n’a jamais rompu le fil d’une proximité stratégique tissée dans le sang des batailles de la guerre de Corée, où les deux armées avaient, pour la seule fois de l’histoire, directement affronté celle des Etats-Unis. Dans ce contexte, la priorité de la Chine aura toujours été d’éviter un accident interne du régime nord-coréen, dont elle juge - peut-être à tort - que les conséquences seraient pour elles bien plus catastrophiques qu’une nucléarisation de la péninsule.

Il est vrai que, pour Pékin, cette ligne de conduite protectrice n’a pas toujours été facile à tenir, tandis que Pyongyang a souvent fait preuve d’une grande désinvolture à l’égard de son parrain, notamment après que la Chine de Deng Xiaoping, pressée de s’ouvrir et de se moderniser avait, en 1992, fait le pas iconoclaste pour les caciques nord-coréens, de nouer des relations diplomatiques avec Séoul.

En 2003, excédé par les provocations, Pékin avait même un moment stoppé ses livraisons de fuel. Interruption que le Parti, soucieux de sauver les apparences, avait mis sur le compte d’incidents techniques. En 2006 et 2009, après les deux tests nucléaires conduits en dépit de mises en garde chinoises, la Chine, ulcérée s’était jointe aux sanctions internationales, tout en s’efforçant cependant de les édulcorer.

Depuis 2010, pourtant, et malgré la crise des deux tests nucléaires, Pékin, dont les effets de la rivalité stratégique avec Washington sont de plus en plus manifestes, avait multiplié les gages d’une proximité réaffirmée avec Pyongyang.

La Chine s’est en effet systématiquement positionnée contre les Etats-Unis et la Corée du sud, notamment lors du torpillage de la frégate Cheonan en Mer Jaune, le 26 mars 2010 (46 marins sud-coréens tués) et du bombardement de l’Ile sud-coréenne de Yeonpyeong par l’artillerie nord-coréenne, le 23 novembre 2010. Entre mai 2010 et août 2011, Kim Jong Il avait été invité quatre fois en Chine, et Pékin avait pesé de tout son poids pour qu’augmentent les relations commerciales et les investissements directs chinois.


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