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Pyongyang. Kim le IIIe droit dans ses bottes ?

Washington et Pyongyang. Le cul-de-sac.

Dans l’affaire nord-coréenne, les États-Unis sont dans une position particulière, héritage de la guerre de Corée, dont la paix n’est toujours pas signée, puisque, périodiquement, Pyongyang exige une garantie de sécurité de la part de Washington et la signature d’un traité de paix directement avec l’Amérique, en échange de l’arrêt de ses programmes nucléaire et balistique.

Le 22 mai 2012, la télévision nord-coréenne avait, au demeurant, réitéré la menace de poursuivre la mise au point d’une arme atomique « tant que les États-Unis ne mettraient pas fin à leur attitude agressive ». Une situation qui dessine un cul de sac stratégique, puisque Washington est précisément sur l’attitude inverse, faisant de l’abandon des programmes proliférants de Pyongyang, la condition préalable à toute reprise des négociations.

En effet, pour la Maison Blanche, qui sans le dire officiellement, spécule sur l’effondrement du régime dynastique de la famille Kim, incapable d’ouverture économique et encore moins politique, la priorité, gravée dans le marbre, est toujours de s’ériger en obstacle au développement d’une arme nucléaire par Pyongyang, y compris au risque d’une catastrophe humanitaire et politique. Cette détermination nourrit également les menaces répétées de Pyongyang, faisant des États-Unis la cible future et hypothétique d’un tir nucléaire.

Cette fois encore les États-Unis ont donné le ton de la fermeté inflexible. Le 12 février, le Washington Post et le New York Times publiaient des articles alarmistes spéculant sur la possibilité d’une accélération du programme nucléaire et critiquant l’attitude conciliante de la Chine.

« 15 années de négociations ont démontré que Washington ne pourrait pas convaincre la Corée du Nord d’abandonner ses armes nucléaires. S’il existe un pays qui en a les moyens c’est bien la Chine qui livre à Pyongyang son pétrole et une partie de sa nourriture. C’est pourquoi la diplomatie américaine devrait s’efforcer de faire pression sur le régime chinois afin de le contraindre à prendre ses responsabilités et mettre un terme à la menace qui grandit à ses portes ».

Le jour même de l’explosion, quelques heures avant le discours sur l’état de l’Union, le président Obama s’appliquait à rallier la communauté internationale à une réaction rapide face à ce qu’il a appelé « un acte extrêmement provoquant, menaçant la sécurité des États-Unis et la paix mondiale ». Il ajoutait que ces attitudes agressives « n’augmentaient pas la sécurité de la Corée du Nord, mais contribuait à l’isoler et à appauvrir son peuple »

Il reste que, pour alourdir encore les pressions sur Pyongyang, les États-Unis n’ont eux-mêmes qu’une marge de manœuvre réduite, même si des accords de défense leur enjoignent de voler au secours du Japon et de la Corée du sud, leurs principaux alliés de la région. Washington a déjà mis en œuvre unilatéralement quelques sanctions économiques sévères, dans un contexte où le commerce bilatéral est voisin de zéro.

Enfin, s’il est vrai que le Pentagone maintient en Corée et au Japon un total de plus de 50 000 militaires, et que, techniquement - la paix n’ayant jamais été signée après le conflit de Corée en 1953 - les belligérants sont toujours en état de guerre ouverte, une initiative militaire directe contre Pyongyang est hautement improbable, compte tenu des risques posés par le caractère irrationnel du régime.

Certains, en Corée du sud, héritiers de l’ère Kim Dae-jung, disent même que la rhétorique inflexible de la Maison Blanche contribue aux tensions et favorise le raidissement de l’appareil militaire, inquiet de protéger sa prééminence et sa survie. Aujourd’hui, chacun voit bien que, pour aller collectivement au-delà des condamnations verbales prononcées par l’ONU lors de la réunion d’urgence du Conseil de Sécurité, le jour même du test, il faudrait en effet le concours actif de la Chine.

Dans l’administration américaine, tout le monde a conscience de ces limites. Certains, comme le Président républicain de la Commission des Affaires étrangères de la Chambre, Ed Royce, considèrent que la stratégie nord-coréenne de la Maison Blanche est un échec. Quant au Président de la Commission du renseignement, Mike Rogers il a, peu après le test, indiqué que Washington devrait « exercer de sérieuses pressions sur Pékin, seule manière de mettre fin au cycle de provocations nord-coréennes ».

Il faut donc s’attendre à des efforts diplomatiques de la Maison Blanche en direction de la Chine sur ce thème. Compte tenu de l’arrière plan historique et des contraintes stratégiques actuelles, le succès de la démarche américaine n’est pas garanti.

Il y a plus d’un an déjà, Christopher Hill, ancien ambassadeur des Etats-Unis à Séoul et chef de la délégation américaine du dialogue à 6, estimait que Washington devait tout faire pour convaincre Pékin qu’un effondrement de la Corée du Nord ne heurterait pas ses intérêts stratégiques et que la Maison Blanche ne saisirait pas cette occasion pour étendre sa présence militaire au nord du 38e parallèle.


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