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Pyongyang. Kim le IIIe droit dans ses bottes ?

Le dilemme chinois (2)

Sur la « blogosphère » chinoise, les internautes ont dénoncé la complaisance de Pékin à l’égard de Pyongyang : « cela revient à confier à un chien enragé la garde de la maison » écrit l’un d’entre eux ; un autre suggérait de dénoncer le traité d’assistance mutuelle de 1961, de mettre un terme à l’aide logistique et de rappeler l’ambassadeur.

Un troisième qualifiait la politique chinoise « d’extrêmement stupide », tandis que le dissident Hu Jia décrivait l’alliance entre Pékin et Pyongyang comme « un couple de chiens féroces ». Enfin, Yu Jianrong, de l’Académie des Sciences Sociales expliquait que la politique incohérente de la Chine « pavait la route de sa propre humiliation ».

Pour l’heure, il est encore trop tôt pour anticiper une inflexion des stratégies chinoises et un arrêt des aides logistiques dont les conséquences pourraient être catastrophiques. Pékin fournit en effet à la Corée du Nord 90% de son énergie, ainsi que 80% des biens d’usage courant et 45% de produits alimentaires qu’elle consomme. Sans compter que le Bureau Politique répugne à donner l’impression qu’il cède aux pressions de Washington.

Mais, les réponses aux questions sur l’état des relations entre Pyongyang et Pékin pourraient venir très vite. En 2009, après le 2e essai nucléaire nord-coréen, spéculant sur les possibilités d’ouverture économique du régime, et soucieuse de faire contrepoids à Washington, le Parti Communiste chinois s’était en effet systématiquement positionné contre les États-Unis et la Corée du sud, notamment lors du torpillage de la frégate Cheonan en Mer Jaune, le 26 mars 2010 (46 marins sud-coréens tués) et du bombardement de l’Ile sud-coréenne de Yeonpyeong par l’artillerie nord-coréenne, le 23 novembre 2010.

Entre mai 2010 et août 2011, Kim Jong Il avait été invité quatre fois en Chine, et Pékin avait pesé de tout son poids pour qu’augmentent les relations commerciales et les investissements directs chinois. Il est peu probable que, cette fois, Pékin fasse autant d’efforts.

En effet, dans le courant de l’année 2012, après l’accession au pouvoir du petit fils de Kim Il Sung, les relations se sont crispées entre les deux alliés, notamment après les rumeurs surgies en mai de la préparation d’un nouveau test nucléaire. Selon REUTERS, la Chine aurait même refusé de recevoir Kim Jong Un en visite officielle, en amont du 18e Congrès, en dépit de la requête formulée par son oncle Chang Sun Taek, désigné en 2008 comme mentor du futur n°1 nord-coréen, après l’attaque cérébrale dont Kim Jong Il avait été victime.

Cet enchaînement d’événements, où après les signes d’ouverture de la fin du règne de Kim Jong Il, Pyongyang revient, presque de manière caricaturale, au schéma du chantage nucléaire insupportable pour Zhongnanhai, conduit à faire l’hypothèse que la nouvelle direction politique du régime chinois est moins bien disposée à l’égard de Pyongyang, dont les dérapages mettent Pékin en porte à faux. Sans compter que les proliférations créent une situation de sécurité favorable au renforcement des alliances américaines de la région.

La succession des revirements suggère aussi de s‘interroger sur l’efficacité réelle du dispositif imaginé par Kim Jong Il pour, à la fois protéger Kim Jong-un, asseoir son influence au sein du parti des travailleurs comme dans l’armée et surtout introduire des réformes économiques capables d’extraire le pays du marasme, mais dont l’impact pourrait menacer les avantages de l’oligarchie.

Articulé autour de Kim Yong Hee, la sœur du « Cher dirigeant », nommée général à 4 étoiles en 2011 et de son mari Chang Song Taek, promu en 2010 au rang de vice-président de la Commission de la Défense Nationale, de fait l’organe exécutif suprême du pays, le parrainage de la succession pourrait avoir fait long feu, mis sous le boisseau par les caciques de l’armée qui manipulent à leur profit la mémoire de Kim Il Sung et de sa famille.

Cette hypothèse, non vérifiable, à rebours des analyses tablant sur la consolidation pouvoir de Kim Jong-un, spécule, à l’inverse, sur son inexpérience face à la machinerie opaque du régime qui le porte aux nues, tout en revenant aux stratégies antérieures de chantage et de menace, moins dangereuses pour son pouvoir. Elle expliquerait les récents revirements de la politique nord-coréenne.

L’autre hypothèse serait celle, classique, d’un Kim Jong Un grisé par le pouvoir et exalté par les succès technologiques du régime, incapable de résister à la tentation de la puissance et du face à face avec les Américains, spéculant sur l’efficacité de l’indéfectible paravent chinois. A la vérité, aucune des deux conjectures n’est rassurante.

Lire aussi : La mort de Kim Jong Il. Inquiétudes, non dits et arrière pensées


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