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›› Editorial

« 七个不要讲 – qige bu yao jiang – ». L’inquiétante panne des réformes politiques

Débats sur les risques d’une crise systémique.

La question est aussi une interrogation sur la pérennité du régime, déjà évoquée à maintes reprises par les intellectuels chinois, qu’ils soient en Chine ou à l’étranger. Voir nos article La 12e ANP. Un sentiment d’urgence. Des intentions ambigües et Le Parti à l’épreuve de la démocratie.

Le site la Vie des Idées a récemment mis en ligne l’amorce d’un débat sur cette question à l’occasion de la recension, par Jean-François Huchet, professeur d’économie chinoise à l’INALCO et ancien Directeur du Centre d’Etudes Français sur la Chine Contemporaine, du livre de Marie-Claire Bergère, « Chine, le nouveau capitalisme d’État », Paris, Fayard, 2013, 309 p., paru en janvier 2013.

J.-F. Huchet explique que, contrairement à l’approche trop spécifiquement technique de beaucoup d’analyses telles que celle la Banque Mondiale également citée par l’auteur, l’ouvrage présente le capitalisme chinois comme le moyen utilisé par le système politique pour asseoir encore son emprise sur le pays.

Contrairement à ce que beaucoup croient, il n’est pas le vecteur d’une évolution politique linéaire qui, après le retrait de l’état et la privatisation, devrait tôt ou tard conduire au libéralisme. « Rien n’a vraiment fonctionné de cette manière depuis le début des réformes en 1978 », nous dit Marie-Claire Bergère ; « et plus embarrassant encore, rien n’indique aujourd’hui que cela devrait fonctionner ainsi dans les années à venir. »
China 2030 - Building a Modern, Harmonious, and Creative Society.

Après avoir démontré que la « main de fer » de l’Etat avait en Chine gardé une puissante capacité de contrôle, y compris par divers biais au sein du secteur privé, dont la réelle liberté de manœuvre est systématiquement surévaluée, Marie-Claire Bergère, réfute les théories qui spéculent sur l’effondrement du Parti ou sur une crise grave liée au mode de croissance. Selon elle, la marge de manœuvre des dirigeants reste importante, - « plusieurs décennies » - grâce au matelas financier, aux poches de croissance potentielles, à l’urbanisation et à la consommation intérieure.

A quoi s’ajoutent le pragmatisme et la souplesse de l’appareil, qui, malgré la persistance des inégalités, permettront au régime de toujours se présenter, au moins à moyen terme, comme l’artisan de l’élévation du niveau de vie, même si, à l’occasion, il doit utiliser la répression pour éviter que les contestations sociales et politiques ne dérapent. Marie-Claire Bergère reconnaît cependant que le système de l’État-parti chinois n’est ni « exportable, ni stabilisé. »

Sans remettre en cause cette vision à rebours des analyses catastrophistes qui resurgissent à chaque ralentissement de la croissance chinoise, J.-F. Huchet regrette que ce scénario moins alarmiste de M.-C. Bergère n’ait pas fait l’objet d’une présentation plus détaillée. Dans sa conclusion, il évoque les facteurs capables de faire dérailler la trajectoire vertueuse du Parti. Ils vont des menaces portées par la structure démographique du pays, aux interrogations sur sa capacité à monter en gamme technologique, en passant par l’importance du facteur politique.

A cet égard, J.-F. Huchet doute de la capacité du régime à maintenir le consensus indispensable à la mise en œuvre des réformes, clés de la modernisation, et dont beaucoup, comme la libération de la finance, la dérégulation des monopoles publics et la privatisation de certains groupes industriels, « constituent des sujets hautement sensibles pour le Parti ».

Pour illustrer la force des blocages politiques, la recension de J.-F. Huchet rappelle que, par idéologie et par crainte pour son magistère, le Parti est révulsé par la simple évocation du fédéralisme – NDLR un des motifs qui conduisirent le prix Nobel Liu Xiaobo en prison -.

L’abandon du centralisme rigide est pourtant considéré comme une des solutions à la modernisation du pays et notamment au problème toujours en suspens du financement des administrations locales, aujourd’hui au cœur des inquiétudes sur la vulnérabilité d’un système affaibli par l’avalanche de dettes mal garanties ou non recouvrables.


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