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›› Editorial

Quel bilan pour l’année du Serpent ? Quel « rêve chinois » ?

Progrès technologiques.

Depuis la fin du XVIIIe siècle, en passant par la révolution de 1911 et l’obsession maoïste de rattrapage de puissance, « le rêve chinois », qu’on l’appelle les « Quatre modernisations », « le nouvel essor », ou, comme Jiang Zemin « la grande renaissance de la Nation chinoise », s’articule aussi autour de la quête de technologies modernes. A des allures différentes selon les secteurs et les obstacles, cette modernisation technique progresse sans faiblir.

La marche en avant est perceptible dans l’aventure spatiale chinoise qui a récemment franchi un pas important en posant sur la lune un engin de reconnaissance télécommandé, dont la durabilité sur la lune reste cependant à voir. L’amélioration qualitative est aussi visible dans les progrès du TGV devenu un des adjuvants techniques majeurs de l’urbanisation, dans le secteur du nucléaire civil, celui des énergies alternatives, comme l’éolien ou le solaire, lourdement subventionnés par l’État.

Si certains secteurs comme l’aéronautique éprouvent des difficultés à rattraper les innovations occidentales, d’autres progressent plus rapidement. C’est le cas des nouvelles technologies de l’information ou certains observateurs estiment que les groupes chinois petits et grands sont en passe de se hisser au niveau des meilleurs mondiaux. La méthode, toujours la même, allie la recherche domestique à la captation de technologies grâce à la coopération des groupes occidentaux.

A cet égard le secteur des machines de chantier est révélateur des stratégies qui tirent profit de l’affaiblissement des firmes occidentales et de l’attrait du marché chinois pour capter les meilleures technologies du secteur. Au point que les groupes chinois ont aujourd’hui rattrapé leurs concurrents japonais. L’objectif a été atteint par des fusions & acquisitions de groupes allemands en difficultés, parmi les meilleurs sur le marché mondial, puis par des coopérations au sein de centres de recherche et développement où les chercheurs chinois travaillent en symbiose avec les chercheurs étrangers, lesquels ont renoncé à protéger leurs avantages qualitatifs en échange de facilités sur le marché chinois.

Les mêmes stratégies sont aujourd’hui à l’œuvre avec quelques variantes – mais toujours articulées autour de l’attrait du marché chinois et de l’espoir que les « amis étrangers » renonceront à protéger leurs avantages qualitatifs -, dans 2 domaines stratégiques où l’industrie française possède toujours une avance technologique : le nucléaire civil et l’aéronautique.

Quête d’influence. Éloigner l’Amérique de l’Asie.

A l’extérieur, le « rêve chinois » renvoie aussi à une projection globale des finances et du commerce chinois, sous tendue par la recherche d’influence, de technologies, de ressources et de marchés, en Russie, en Europe aux États-Unis, en Amérique du Sud, en Afrique et au Moyen Orient. Sur ce dernier théâtre, Pékin a, avec Moscou, systématiquement bloqué les velléités d’intervention militaire contre le régime syrien et puissamment appuyé l’accord avec Téhéran sur le nucléaire iranien, au risque d’indisposer Tel-Aviv et Ryad. Pour l’heure, la décision de l’Iran annoncée le 20 janvier de mettre fin à son programme sensible d’enrichissement à 20% et la reconnaissance par John Kerry du rôle de Téhéran dans l’affaire syrienne confortent Pékin dans sa stratégie d’apaisement au profit de son allié iranien.

Dans son environnement proche, le « rêve chinois » recoupe consciemment ou non le « désir d’empire », dont la conséquence la plus visible est la somme des querelles territoriales avec l’Inde, le Japon et plusieurs pays de l’ASEAN, émaillées d’une crispation particulière avec le Japon et les Philippines. Au litige de Manille avec Pékin au tribunal international du Droit de la mer de La Haye, s’ajoutera un retour probable des frictions avec le Vietnam, après la mise en œuvre en janvier par l’administration de Hainan d’une nouvelle régulation sur les pêches.

Théoriquement valide sur une zone de près de 2 millions de km2, soit près de 60% de la surface de la mer de Chine du sud sur laquelle Pékin revendique la souveraineté, cette décision qui fait suite à la publication le 23 novembre 2013 d’une zone d’identification aérienne de 500 000 km2 couvrant l’archipel des Senkaku, vise à donner de la substance juridique aux revendications chinoises en mer de Chine du Sud. En même temps elle teste l’un des fondements de la stratégie américaine dans la région articulée autour de la navigation en haute mer.

Autre querelle de frontières : avec New-Delhi avec qui les méfiances restent vives en dépit des visites croisées de Li Keqiang au printemps 2013 et de Manmohan Singh moins de 6 mois plus tard, qui faisaient suite à celle de Hu Jintao à New-Delhi en mars 2012.


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