Your browser does not support JavaScript!

Repérer l'essentiel de l'information • Chercher le sens de l'événement • Comprendre l'évolution de la Chine

›› Politique intérieure

Reconstruire le lien entre le pouvoir et la société

La réactivité traditionnelle de la société.

Pourtant s’il est un pays qui dispose d’un fort potentiel de réactivité sociale, inscrite dans l’histoire et ses traditions, c’est bien la Chine. Dans son livre « Civil Society in China », Karla W. Simon montre que la société civile chinoise s’inscrit dans la longue histoire du pays. Elle s’intéresse précisément à la manière dont les Chinois ont, souvent contre les oligarchies au pouvoir, toujours trouvé le moyen de participer au développement socio-économique du pays par le truchement de la pléthore d’associations qui structurent la société.

Il est vrai que durant la règle maoïste tous les liens entre individus furent détruits, au point qu’à la fin de la révolution culturelle, l’atomisation et la défiance avaient atteint leur apogée. Les réformes de Deng Xiaoping libérèrent certes l’économie, mais l’organisation sociale verticale fut maintenue par le biais des « Danwei » - unités de travail -, chapeautées par les grands groupes publics.

A partir du milieu des années 1995, quand le filet protecteur des unités de travail s’est délité, les associations de masse, dérivées des traditions communistes, les organisations gouvernementales parallèles, mais également les fondations publiques et privées investies dans la philanthropie, et de plus en plus les ONG chinoises et étrangères, prirent le relais.

Avec cependant l’importante restriction que leur autorisation reste toujours soumise à une procédure compliquée et que toute implication dans une activité politique, sortant du cadre autorisé - le plus souvent dans des secteurs humanitaire et technique, où l’État est déficient -, est strictement prohibée.

C’est également le cas des associations professionnelles, chambres de commerce et syndicats qui peuvent débattre des techniques, des stratégies d’action commerciales et des conditions de vie ou de salaires, mais restent toujours sous le contrôle étroit du Parti. En 2011, Wang Yang, alors SG du Parti à Canton, avait suggéré d’accorder plus d’autonomie politique aux syndicats. Mais l’idée avait fait long feu. Ses initiatives en faveur de plus de démocratie lui ont peut-être coûté sa place au Comité Permanent du Bureau Politique lors du 18e Congrès.

Pourtant, une étude réalisée par l’Université de Stanford au printemps 2012 suggérait que la société civile continuera à exercer une pression de plus en plus importante sur le gouvernement et les milieux d’affaires pour les contraindre à une meilleure éthique démocratique.

« La modernisation et le capitalisme ont mis en lumière l’exigence de reformes dans tous les secteurs de la société. Cette mise à jour provoque en retour de profonds changements, conduisant à de nouvelles aspirations pour plus de responsabilité et de transparence des affaires publiques et privées. Les obstacles sur cette route seront nombreux, mais en fin de compte, la Chine n’aura pas d’autre choix que de s’ajuster aux contraintes de l’époque ». (Voir le document PDF 21st Century China :
Does Civil Society Play a Role in Promoting Reform in China ?
).

Une chose est certaine, la Chine en plein bouleversement n’est pas un pays facile à diriger. Dans une note datée de 2011 (Understanding Chinese Society), Thomas Gold, professeur de sociologie à l’Université de Berkeley, contredisant l’idée de la sclérose mise en avant par Sun Liping, expliquait que « La Chine était dynamique, énergique, bruyante et joyeuse, mais polluée et oppressante… [et que] ses dirigeants, confrontés à des défis d’une dimension inédite, s’appliquaient à construire et consolider des institutions capable de gouverner le nouvel ordre ».

L’avenir dira si, au-delà de la lutte contre la corruption, Xi Jinping et Li Keqiang suivront les conseils de Sun Liping et d’autres comme Yu Jianrong, et, tirant profit des traditions de réactivité sociale du peuple chinois, laisseront s’exprimer l’énergie associative dont il est capable. Ou si la crainte de perdre le pouvoir qui hante la bureaucratie et la machine politique du régime continuera de favoriser les stratégies de suppression si efficacement mises en œuvre par Zhou Yongkang l’ancien grand maître de la sécurité.


• Commenter cet article

Modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Votre message

Ce formulaire accepte les raccourcis SPIP [->url] {{gras}} {italique} <quote> <code> et le code HTML <q> <del> <ins>. Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

• À lire dans la même rubrique

L’appareil fait l’impasse du 3e plénum. Décryptage

A Hong-Kong, l’obsession de mise au pas

Pour l’appareil, « Noël » est une fête occidentale dont la célébration est à proscrire

Décès de Li Keqiang. Disparition d’un réformateur compètent et discret, marginalisé par Xi Jinping

Xi Jinping, l’APL et la trace rémanente des « Immortels » du Parti