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›› Politique intérieure

Réunions des assemblées. Les réformes sont confirmées. Les doutes persistent

La lutte contre la corruption et l’indépendance de la justice.

Il faut enfin s’intéresser à la lutte contre corruption plusieurs fois évoquée dans le rapport du PM et par les questions de la conférence de presse. Devenue aujourd’hui un des thèmes majeurs de l’actualité politique chinoise puisque, la lutte contre la corruption a, pour la première fois depuis longtemps, bousculé le tabou de l’immunité des anciens membres du comité permanent par la mise en résidence surveillée de Zhou Yongkang.

En ciblant l’ancien n°9 du régime qui fut président de la Commission législative du Parti, ayant eu pendant 5 ans la haute main sur le système judiciaire chinois et l’appareil de sécurité intérieure de la Chine, le Parti met à jour – sans cependant communiquer clairement sur le sujet -, l’un des plus grands scandales politiques qui aient jamais secoué le régime.

Compte tenu des anciennes fonctions de supervision du système légal tenues par Zhou Yongkang, l’affaire pose aussi la question de l’indépendance de la justice, clé ultime de l’efficacité de la lutte contre les corrompus abrités dans les hautes strates du pouvoir politique.

Elle renvoie aussi, in fine, à l’autorité de Xi Jinping et à la somme des soutiens dont il peut se prévaloir. Depuis de nombreuses années le régime chinois se débat en effet avec la contradiction contenue dans le dogme « du rôle dirigeant du Parti », opposé à l’obligation maintes fois mises en avant de respecter sa propre constitution articulée autour du respect du Droit auquel le Parti devrait se soumettre.

Selon Reuter cette question a été abordée en marge des conférences avec l’intention de réduire le rôle de la commission législative. A la manœuvre Zhou Qiang, 53 ans, le jeune président de la Cour Suprême nommé il y a un an. L’objectif est pour l’heure de limiter le nombre de cas justiciables de la peine de mort et de réduire l’ingérence des autorités locales et des antennes provinciales de la Commission des lois dans les procès.

Officiellement il s’agit de réduire le nombre des erreurs judiciaires, stigmatisées par Xi Jinping lui-même. Selon un rapport établi par le Cour Suprême, le politique, y compris la Commission de discipline du Parti n’aura plus son mot à dire pour arrêter les jugements à l’avance.
Lire notre Coup d’œil sur l’appareil judiciaire.

Beaucoup de juristes chinois sont cependant sceptiques. « On n’en est pas encore à l’indépendance de la justice » constate Jiang Ming’an auteur d’un livre sur le système administratif et judiciaire chinois. De fait dans son rapport rendu public le 10 mars, Zhou Qiang précise que le Parti gardera la haute main sur les affaires politiquement sensibles, catégorie dans laquelle s’inscrit le cas de Zhou Yongkang.

Les appuis de Xi Jinping. Entre défiance et optimisme.

Le scepticisme est aussi de mise pour apprécier l’efficacité des réformes en général et même la volonté politique du Régime de les mettre en œuvre. L’incrédulité et le doute se nourrissent de la longue histoire des annonces passées restées lettre morte.

D’autres analyses plus optimistes soulignent que la mise en ordre de bataille du Parti avec la création d’une commission de réforme centrale, démultipliée localement, à quoi s’ajoutent des organismes de suivi avec des obligations de résultat, est inédite. Ils constatent aussi qu’en prenant la tête de la Commission centrale de réformes et en poussant sans faiblir l’attaque contre Zhou Yongkang et son réseau, Xi Jinping a considérablement renforcé sa position dans le Parti.

A cet égard, Cheng Li, Docteur en Sciences politiques, Directeur du Comité Chine – Etats-Unis, livre dans la dernière édition de China Leadership Monitor une intéressante analyse de la mouvance politique susceptible d’appuyer Xi Jinping, rassemblée dans un groupe qu’il a baptisé le « clan du Shaanxi. ». Sa capacité d’influence est considérable avec des alliés de choix qui tous, comme Xi Jinping lui-même, sont nés, ou ont exercé des responsabilités au Shaanxi.

Le réseau est présent au sommet du Parti avec Yu Zhengsheng, n°4 du régime président de la CCPC, Wang Qishan n°5, président de la Commission de discipline, Li Zhanshu, membre du BP et président du secrétariat du Parti, Zhao Leji, membre du BP, et président de la Commission d’organisation. On le retrouve aussi à l’Ecole Centrale du parti avec He Yiting, n°2.

La coterie est également active dans l’APL avec Chang Wenquan, ministre de la défense, Fang Fenghui, chef de l’état-major général, Zhang Youxia, Directeur général de l’Armement, Liu Xiaojiang, commissaire politique de la marine. Au total sur les 14 membres de ce groupe d’influence 9, dont Xi Jinping lui-même sont nés ou ont grandi au Shaanxi.

Quelques autres y ont été affectés de longues années, soit comme officiers (Chang Wanquan et Fang Fenghui) soit comme Secrétaire général du parti (Zhao Leji, Li Zhanshu et Li Jianguo, l’actuel vice-président de l’ANP). Dans son article Li Cheng consacre un très long développement à la connivence spéciale de Xi Jinping avec Wang Qishan, à la tête de la Commission de discipline et dont l’action énergique contre la corruption a contribué à consolider la position de Xi Jinping dans le Parti et à l’extérieur.

La question est de savoir ce que le Président fera de cette machine d’influence dans le paysage politique chinois et jusqu’où il poussera les limites de l’indépendance de la justice avec le jeune et dynamique président de la Cour Suprême. De l’avis des apparatchiks les mieux connectés à Xi Jinping, cette génération se contentera du nouvel état d’esprit créé par la limitation des pouvoirs de la Commission Législative du Parti et de ses antennes locales. Avec deux objectifs : réduire les effets les plus dangereux pour le Parti de la corruption et de la pollution.

Voir le document PDF Xi Jinping’s Inner Circle.

Photo Zhou Qiang président de la Cour Suprême.


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