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›› Chronique

Risques de crise en Chine

La fragilité du parti : un débat récurrent.

Zhang Chunxian n°1 du Parti au Xinjiang, lors d’une conférence de presse en mars 2015. Les révoltes meurtrières de la population ouïghour en 2009 ont créé un sentiment de vulnérabilité dans le Parti, auquel le régime a répondu par une répression sans merci. Durant la conférence de presse, Zhang a fait allusion aux militants ouïghours ayant rejoint les rangs de l’État islamiste. Photo : South China Morning Post.

Le thème d’une crise, brutale ou pas, mais de forte ampleur en Chine n’est pas nouveau. On rappellera un ouvrage qui fit grand bruit à sa publication : « The coming collapse of China », de Gordon Chang, avocat américain, d’origine chinoise. Le livre écrit en 2001 anticipait une crise grave après l’entrée de la Chine dans l’OMC.

« Cassandre » démentie par les faits. Les années glorieuses.

C’était une erreur d’appréciation. Le contraire s’est produit. L’OMC fut un considérable adjuvant de la puissance commerciale chinoise, puisque les entreprises, presque toujours contrôlées et aidées par le Parti ont engagé un « combat asymétrique » contre leurs concurrents étrangers, s’abstenant à l’occasion de se conformer aux règles du libre commerce, notamment sur le marché chinois lui-même, installant par exemple des préférences chinoises sur les marchés publics, ou obligeant, comme par le passé, les groupes étrangers à passer par la case JV pour investir.

A l’étranger, les groupes chinois ont également affronté leurs concurrents sur un mode déséquilibré, organisés en véritable force de combat commerciale, appuyée par la puissance financière de la Banque Chinoise de Développement.

L’offre chinoise, financièrement imbattable, est parfois devenue irrésistible. Par exemple pour les projets TGV ou bientôt, pour les centrales nucléaires, elle propose en une seule et très efficace combinaison intégrale, un vaste ensemble de services et de compétences industrielles, qui vont des prêts et des plans de financement à long terme, jusqu’à la réalisation d’ouvrages d’art complexes, en passant par la vente d’équipement dotés de technologies importées dernier cri et habilement « sinisées » par le truchement de quelques modifications.

Présente partout dans le monde, l’offre chinoise est capable de remporter des marchés contre ses anciens modèles occidentaux ou japonais, éberlués d’avoir été si vite dépassés sur leur propre terrain. Il est vrai que les offres de ces derniers sont, le plus souvent, notamment en France, éclatées entre les institutions financières pourvoyeurs de crédits, les bureaux d’études et les ingénieurs engagés dans de sévères concurrences industrielles et commerciales et les entreprises de travaux publics aux coûts prohibitifs.

A l’intérieur, le vieux schéma de développement par les investissements massifs et les faibles coûts de production grâce à une main d’œuvre pléthorique et assez docile s’est perpétué jusqu’aux jeux olympiques et l’expo de Shanghai (2008 – 2010).

*

Retour des contestations et des doutes existentiels.

Depuis cette époque qui marqua un retour en force des doutes existentiels chinois marqués par les très meurtrières explosions de violence aux Tibet et au Xinjiang en 2008 et 2009 dont il est impossible de minimiser l’impact psychologique sur la direction politique du régime, le pays, aux prises avec l’atonie de ses marchés traditionnels d’export en Europe et aux États-Unis est entré dans les eaux tumultueuses des revendications salariales qui remettent en cause son schéma de croissance.

Le tout au milieu de bien d’autres protestations déjà anciennes, contre la corruption, la pollution, l’arbitraire et les captations de terres, tandis que, comme ses concurrents occidentaux, la Chine est désormais confrontée aux affres de l’équilibre budgétaire, au souci du meilleur choix d’allocation de ressources et à l’accumulation des dettes.

Autant d’épées de Damoclès qui s’ajoutent à celle complexe de la structure démographique vieillissante et déséquilibrée par le déficit de filles qui pèsera à moyen terme et à celle plus immédiate des plus de cent millions de migrants dont l’intégration dans la nouvelle Chine urbaine pose d’inextricables problèmes financiers, sociaux et politiques. En fond de tableau monte l’angoisse d’un irrédentisme religieux au Xinjiang qui constitue un défi de sécurité de première grandeur pour le régime qui ne communique que très partiellement sur la réalité de la situation dans la province turcophone.

Face à ces défis la direction politique a fait le choix de la modernisation de la gouvernance, de la réforme du modèle de croissance, assorti d’une politique violemment répressive qui cible les corrompus et les dissidents, tout en s’efforçant de protéger le parti contre les influences politiques occidentales qu’il juge dangereuse pour la survie du régime.

Tel est le contexte des débats sur la pérennité du système politique chinois qui, pour faire simple, oppose deux écoles assez bien représentées par les analyses divergentes de David Shambaugh et Timothy Heath. Aucun des deux ne nie l’ampleur des problèmes qui plombent l’avenir de la Chine. Mais leurs conclusions sont contrastées.

L’un exprime un pessimisme presque sans nuance : le Parti qui refuse la réforme politique est entré dans la phase ultime de son existence ; l’autre affirme au contraire que le régime qui fut à l’origine de vastes progrès socio-économiques se bonifie sans cesse, à la rencontre des aspirations des Chinois et qu’il constitue une chance pour le pays.

Ces analyses rejoignent celles d’autres chercheurs et sinologues rangés dans la suite de l’étude en deux catégories : Les optimistes rassurants qui spéculent sur la force de résilience du Parti ; Les pessimistes qui estiment que, tôt ou tard, la machine politique du régime subira une secousse.


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