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Santé. Un bel exemple venu des confins du désert

Toujours selon les cadres du district, il n’y aurait pas eu de dépassement du plafond fixé (300 000 Yuans - 36 000 Euros -), mais une trentaine de remboursements ont excédé 100 000 Yuans. C’est bien là le point clé. Les experts qui étudient l’expérience se demandent si les inévitables dérives pourront être contrôlées, dans un contexte où, pendant de longues années, l’Etat avait laissé le système de santé s’engager sur la voie du marché.

Le choix avait permis une modernisation rapide des équipements et une amélioration de la qualité des soins dans les grands centres urbains, mais avait entraîné une forte augmentation des coûts, en même temps qu’une baisse de la couverture médicale dans les villes, et un quasi effondrement du système de soins dans les campagnes.

En 1975, 85% de la population rurale pouvait bénéficier d’un minimum de soins gratuits, il est vrai très rustiques. Mais en 2003, la crise du SARS avait révélé que, dans les campagnes pauvres, 90% des ruraux n’avaient plus accès aux soins, que la loi de l’offre et de la demande avait placés hors de portée de leurs maigres revenus. Depuis, le Bureau Politique a fait machine arrière et promis de mettre un place un système de soins accessible à tous.

Dans ce contexte, l’expérience de Shenmu a naturellement retenu l’attention des autorités de Pékin. Quelques mois après le lancement du programme, le Quotidien des travailleurs écrivait : « l’expérience de Shenmu traduit une politique de santé publique qui privilégie les intérêts des personnes. Les responsables politiques locaux de toute la Chine devraient suivre cet exemple et placer la mise en œuvre de projets similaires en tête de leurs priorités de développement. »

Les experts chinois sont partagés. Pour les uns les risques politiques liés à la persistance d’un système de santé inégalitaire sont tels que le Parti n’a pas vraiment le choix. Guo Baocheng, secrétaire du Parti de Shenmu est sûr de lui et croit à la viabilité économique de sa caisse : “le projet est financé par les cotisations annuelles et seulement 9% de nos revenus fiscaux. Cette somme représente à peine 0,5% du PNB du district (...) Les autres districts sont libres de ne pas suivre notre exemple, mais à Shenmu, il ne sera plus possible de revenir en arrière. » Chen Zhu, le ministre de la santé considère, quant à lui, qu’en Chine, 20% des districts auraient dès à présent les moyens de suivre l’exemple de Shenmu.

Mais d’autres spécialistes indiquent que les coûts et les dérives seront tels - inflation des soins, abus, corruption - que, même dans les districts les plus riches comme Shenmu, la caisse ne sera pas viable à long terme. Yang Lixiong, Directeur du centre de recherches sociales à l’université du peuple de Pékin affirme par ailleurs que le gouvernement n’aurait pas les moyens d’étendre le programme à toute la Chine, sauf s’il réussissait à imposer des transferts de ressources, ce qui supposerait une réforme complète du système fiscal, pour l’instant improbable.

Il est vrai que l’expérience de Shenmu a, sans surprise, donné lieu à des dérives, dont les plus préoccupantes sont les prescriptions d’examens et de médicaments coûteux par des médecins en cheville avec les hôpitaux et les groupes pharmaceutiques. A quoi s’ajoute une affluence nouvelle de malades. En seulement quelques mois, le nombre de personnes traités a augmenté de 30%. « Il a fallu rajouter des lits dans les couloirs. Des personnes gravement malades ne peuvent pas êtres traitées, faute de place. De nombreux lits sont occupés par des personnes affectées de maladies bénignes », dit un docteur de l’hôpital du district.


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