Your browser does not support JavaScript!

Repérer l'essentiel de l'information • Chercher le sens de l'événement • Comprendre l'évolution de la Chine

›› Technologies - Energie

Sciences de l’ingénieur : Qinghua en tête du classement mondial des universités

Questions rémanentes sur les capacités d’innovation chinoises.

En vert, les dépenses de la Chine en R&D et les projections de l’OCDE, comparées à celles des Etats-Unis (jaune), de l’UE (marron) et du japon (violet). A gauche en Mds de $, à droite en pourcentage du PIB.

Mais alors que paraissaient ces bons résultats des sciences de l’ingénieur chinoises, une étude du McKinsey Global Institute livrait une appréciation en demie teinte des capacités futures d’innovation des plus jeunes générations. L’idée maîtresse du travail était que, dans la période récente, la Chine avait excellé dans l’amélioration de découvertes déjà existantes telles que les TGV ou les « smartphones », à la fois meilleurs et moins chers.

Ses ingénieurs ont également montré un grand talent pour améliorer par d’astucieux ajustements l’efficacité des procédés de fabrication. Ces progrès qui reposent sur une imagination pratique souvent attisée par des attentes commerciales continueront. Ainsi Xiaomi, le fabricant de portables maîtrise parfaitement le feed-back des clients pour améliorer ses produits, tandis que We Chat a ajouté la fonction de paiement en ligne avant Facebook.

En revanche l’étude qui souligne que les percées chinoises dans la recherche fondamentale sont limitées, reste plus évasive sur les capacités d’innovation futures, en dépit des efforts financiers consacrés à R&D (200 Mds de $ en 2014, n°2 mondial, soit 2% du PIB), malgré la masse (1,2 millions) des ingénieurs diplômés chaque année et le foisonnement des dépôts de brevets (plus de 800 000 en 2013).

En réalité, dit l’étude, la Chine doit encore réussir la transition entre sa situation actuelle « d’éponge » qui absorbe et adapte de mieux en mieux les technologies et les procédés de fabrication et celle d’un pays chef de file de l’innovation. Associée à l’ajustement du schéma de croissance en cours, cette transition créatrice doit s’appliquer à tous les secteurs industriels et des services dans le but d’améliorer la productivité.

Une tradition éducative peu favorable à l’innovation.

Or nombre d’observateurs et d’experts éducatifs doutent que le système chinois d’enseignement, basé sur l’apprentissage par cœur et la préparation répétitive des tests où les étudiants chinois excellent, crée un environnement favorable aux innovations. Les plus critiques sont d’ailleurs souvent les Chinois eux-mêmes.

Dans son livre « Qui a peur du grand méchant dragon ? », Yong Zhao, originaire du Sichuan, titulaire d’un doctorat en éducation et président de l’institut d’enseignement en ligne à l’université d’Oregon où il est professeur, explique que le système éducatif chinois produit d’excellents candidats aux examens, mais pas assez de talents d’innovation. Dans son blog, Zheng Yefu, professeur à l’université de Pékin et auteur de « La pathologie de l’éducation en Chine » (2013) écrivait au printemps 2014 : « Après 12 ans dans le système scolaire chinois, les chances qu’un élève reçoive le prix Nobel sont nulles ».

En 2012, déjà Xiong Bingqi, expert pédagogique à l’Université Jiaotong de Shanghai et vice-président de l’institut de recherches éducatives du XXIe siècle, expliquait après la bonne performance de Shanghai aux tests PISA, « nos élèves sont bons dans les sujets connus désignés par les professeurs ; ils sont aussi bons en écriture et en maths, mais leur créativité et imagination sont faibles ».

A l’été 2014, le Bureau du CNRS à Pékin qui ne niait pas les progrès de la recherche et de l’innovation en Chine proposait deux angles d’analyse de la question de l’innovation : celui du financement et celui du fonctionnement en « écosystème » formule imagée pour désigner les ingrédients nécessaires au développement sans frein de l’innovation : une économie ouverte ; un cadre juridique rassurant et adapté en matière de droit de propriété et de droit commercial ; un environnement universitaire favorable ; un fort vivier d’investisseurs ; des structures administratives et académiques qui ne soient pas des freins aux initiatives ; l’existence d’instituts et d’entreprises phares.

Le bureau concluait que s’il est vrai que quelques éléments de cette panoplie existaient en Chine, d’autres manquent ou ne sont pas à la hauteur des exigences d’une recherche de haut niveau.

Sur les obstacles créés par environnement peu favorable lire : Accélération de l’immigration et retour des « cerveaux » expatriés

L’émergence de l’excellence.

Mais les patrons des entreprises chinoises de pointe n’attendent pas que la manne éducative chinoise modifie sa culture répétitive pour innover. Ils se mettent en mesure de concourir efficacement dans le grand bain global de la technologie de pointe en activant deux leviers stratégiques de première grandeur : l’attrait du marché chinois qui poussent les entreprises étrangères à partager leurs technologies ; le recrutement des meilleurs étrangers dans les secteurs où l’industrie chinoise est encore à la traîne, comme, entre autres, les microprocesseurs, les moteurs d’avions, la biochimie, les laboratoires P4 etc.

Les Chinois à l’école de la R&D occidentale.

Ainsi Baidu, moteur de recherche chinois, concurrent de Google et très en retard a t-il recruté en mai 2014 Andrew Ng, expert reconnu de l’intelligence artificielle pour installer un centre de recherche dans la Silicon Valley. Citons aussi Huawei, devenu le n°2 mondial, dont les efforts pour se maintenir à la pointe de la high-tech sont considérables. Plus de 60 000 personnes travaillent dans 20 « pôles d’innovation » et 17 centres de R&D répartis dans 6 pays, dont la Chine.

En 2010, le groupe avait déjà consacré 2,5 Mds de $ à la recherche, en augmentation de 500% depuis 2004, ce qui le classait n°3 en Chine et au 37e rang mondial. Selon la World International Property Organization (WIPO), Huawei se classe aussi au 2e rang mondial pour les brevets déposés. Lenovo, Tencent, Xiaomi suivent son exemple.

Enfin, une étude du consultant en stratégie Roland Berger (document PDF) pour la chambre de Commerce européenne rendue publique à l’été 2015, montre comment l’industrie de pointe chinoise parvient à surmonter l’obstacle – qui ne sera peut-être pas éternel – d’un système éducatif répétitif favorisant peu l’innovation.

Au milieu d’une mine considérable d’informations sur la manière dont les investisseurs européens analysent la situation économique de la Chine, ses avantages présents et les risques à venir, on apprend que 25% des entreprises européennes ont ouvert des centres de R&D en Chine où travaillent une foule de chercheurs chinois, avec 85% d’entre elles décidées à accentuer encore leurs investissements dans la recherche.


• Commenter cet article

Modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Votre message

Ce formulaire accepte les raccourcis SPIP [->url] {{gras}} {italique} <quote> <code> et le code HTML <q> <del> <ins>. Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

• À lire dans la même rubrique

Spectaculaires succès des véhicules BYD

La nouvelle course à la lune, au cœur de la rivalité sino-américaine

A Dubaï, la Chine championne des renouvelables et du charbon

Les guerres de l’espace et des microprocesseurs, deux secteurs clé de la rivalité sino-américaine

Projets spatiaux chinois et rupture de la coopération avec l’Occident