›› Politique intérieure
Les retraités du Parti donnent de la voix.
Après avoir relevé l’absence de pertinence politique des visions rivales, mais inopérantes dans une situation gangrénée au plus haut niveau, du Secrétaire du Parti de Canton, le réformateur Wang Yang et de son homologue en embuscade à Chongqing, le populiste Bo Xilai, qui « surfe » sur la mémoire révolutionnaire, (voir notre article), Xiang met le doigt sur une situation insolite en Chine, où les anciens responsables, retirés des affaires par la contrainte de la limite d’âge, donnent de plus en plus publiquement de la voix pour critiquer le cours des choses.
C’est le cas de Zhu Rongji (82 ans), ancien premier ministre au verbe haut et aux réflexions abruptes et cinglantes, connu pour ces attaques contre les dérapages des bureaucraties locales, les risques d’emballement de l’économie et les effets néfastes de la spéculation immobilière. Il a rassemblé ces critiques, qui sonnent comme une mise en garde, dans un livre en plusieurs volumes, récemment publié à Pékin. L’ironie des choses est que l’autre tête d’affiche politique, dont le discours tranche avec la prudence consensuelle du Régime, est Wen Jiabao, son successeur au poste de premier ministre.
Ce dernier, mis sur la sellette par son prédécesseur, propose cependant une stratégie pour corriger les dysfonctionnements dénoncés par Zhu. Il réclame en effet l’ouverture politique, l’indépendance de la justice, et le contrôle constitutionnel du pouvoir. Autant de réformes rejetées bec et ongles par les conservateurs.