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Shenzhou 10 et Tiangong 1, dernier arrimage. Quelle coopération avec la Chine ?

NOTES DE CONTEXTE.

Xi Jinping et Barack Obama en chemise.

Un article du 8 juin publié par Xinhua après la rencontre informelle du 7 juin entre Xi Jinping et B. Obama en Californie, donne une image plus optimiste et moins crispée des relations entre Washington et Pékin. Au milieu de fortes controverses commerciales et stratégiques, avec notamment les accusations américaines de cyber-espionnage, les deux chefs d’État ont, dit Xinhua, grâce à « un échange sincère et sans arrières pensées », abouti à « un consensus sur les politiques intérieures et extérieures de la Chine et des États-Unis ».

Le président chinois a à cette occasion rappelé que « la Chine était fermement attachée au développement pacifique et qu’elle poursuivra sans faiblir la voie des réformes et de l’ouverture » … « Le “rêve chinois“, a ajouté le Président, renvoie au « projet de prospérité économique, à la renaissance nationale, au bien être des Chinois et à la noble cause du développement de l’humanité. Ses objectifs rejoignent ceux du “rêve américain“ ».

Concrètement, Xi a invité le Président Obama à venir aux États-Unis « à sa convenance », rappelant que les relations officielles vieilles de 40 ans, étaient articulées autour de 90 mécanismes inter-gouvernementaux. Elles avaient le soutien global des deux peuples, comme le prouvaient les 190 000 Chinois étudiants dans les universités américaines ou les 220 jumelages entre états américains et provinces chinoises ou entre les municipalités des deux pays.

« Les défis et les élans sont une première dans l’histoire » a t-il ajouté, précisant que Pékin et Washington devaient améliorer leur niveau de compréhension, de confiance et de coopération et « gérer leur différends » afin d’éviter toute confrontation. Il a conclu qu’il croyait à la sagesse et à la patience des deux pays pour réaliser ces objectifs. A cet effet, l’accent sera mis sur l’approfondissement du dialogue économique et stratégique et sur la qualité des relations militaires.

En dépit des lourds contentieux évidents ou sous-jacents tels que les ventes d’armes à Taïwan, les tensions en Mer de Chine, ou, plus prosaïquement, les différends financiers et commerciaux, Obama et son administration ont choisi de rester sur le même ton de la conciliation et du contrôle des tensions.

A cet effet Obama a souligné l’infléchissement de l’attitude chinoise sur la question nord-coréenne et rassuré Pékin sur les bonnes intentions américaines qui n’étaient pas de bloquer la montée en puissance pacifique de la Chine, et encore moins de l’encercler. On ne peut cependant évacuer la probabilité des arrières pensées de Pékin et sa lourde méfiance en face de la bascule stratégique vers le Pacifique effectuée par le Pentagone en 2012.

En même temps, il est difficile de ne pas voir que le ton et l’allure informelle de cette réunion au sommet tranchent radicalement avec les rigidités et le formalisme des rencontres précédentes.

L’avenir dira si les deux sauront étoffer les espoirs qu’ils viennent de faire naître ou s’ils se sont livrés à un jeu de poker menteur, tandis que les vieilles lunes des rivalités stratégiques reprendront le dessus, attisées en Chine et aux États-Unis par les adeptes d’un nationalisme mal compris, assez souvent en contradiction avec l’espoir d’un règlement global des grandes questions qui hantent l’humanité - .

A ce sujet, le pire n’est jamais sûr, mais comme dans d’autres questions stratégiques sous-tendues par de profonds machiavélismes, « un prudent scepticisme » est de mise.

Programme antisatellites chinois

Oubliant de préciser que le Pentagone fait très exactement la même chose, le 11 juin dernier, le site américain « Strategy Page » mettait en ligne un article intitulé « The Chinese Conspiracy In Orbital Space », dans lequel il indiquait que pour se préparer au durcissement de la compétition spatiale avec les États-Unis, la Chine allait développer « entre 20 et 30 missiles antisatellites ». Le développement insiste d’abord sur les progrès rapides de la Chine dans l’espace.

Alors qu’en 20 ans elle n’avait mis en orbite que 36 satellites la Chine est aujourd’hui capable d’en lancer autant en seulement 18 mois. En 2020, l’efficacité sera encore améliorée de 50%, avec une capacité de lancement de près de 40 satellites par an.

Le site ajoute que ces nouvelles capacités inverseront la situation actuelle où les États-Unis contrôlent près de 50% des 900 satellites orbitant autour de la terre. Plus encore, pour éviter une saturation par Washington en cas de conflit des systèmes de renseignement et de navigation par l’espace, l’APL serait engagée dans un programme destiné à « détruire ou à brouiller » les satellites américains. (The Chinese Conspiracy In Orbital Space).

Espionnage de la NSA. La Chine exige des explications.

Le 17 juin, le porte parole du Ministère des Affaires étrangères chinois s’est joint au concert des demandes d’explication concernant les révélations sur les activités de la National Security Agency qui collectionne des millions d’informations recueillies par l’écoute des téléphones portables et par l’intrusion dans les réseaux internet aux États-Unis.

Plusieurs pays assistés par des avocats ont déjà fait pression sur Washington pour avoir des informations sur les révélations de l’ancien agent de la CIA Snowden réfugié à Hong Kong depuis le 20 mai. Le porte parole chinois a renchéri exigeant « que les États-Unis considèrent sérieusement les demandes de la communauté internationale et des peuples de tous les pays et produisent toutes les informations nécessaires. »

Espionnage chinois et chasse aux sorcières

Dans le contexte actuel de suspicions réciproques sino-américaines, un livre récemment paru aux États-Unis fait grand bruit. Il s’agit de « Chinese Industrial Espionage », 320 pages n° ISBN/EAN 978-0-415-82142-1.

Il est rédigé par William C Hannas, Docteur linguistique et en langues de l’Asie de l’est de l’université de Pennsylvanie, membre de l’administration américaine ; James Mulvenon, Docteur en sciences politique de l’Université de Californie, sinologue, spécialiste de l’armée chinoise et vice-président d’un groupe de recherche multinational travaillant au profit du gouvernement américain sur les questions de défense et de renseignement ; Anna B. Puglisi, analyste auprès du gouvernement américain, experte des cyber-réseaux.

Le livre révèle que, depuis des dizaines d’années, la Chine a mis sur pied un système élaboré destiné à cibler les hautes technologies étrangères et à se les approprier par tous les moyens, pour les utiliser dans la fabrication des armes ou des produits haut de gamme vendus à des prix imbattables, sans compensation pour les propriétaires des brevets. Récemment, ajoutant à la polémique en cours, le Directeur de la NSA a baptisé l’opération « le plus important transfert de richesses de l’histoire ».

La présentation du livre explique qu’après avoir replacé la quête chinoise dans son contexte historique, l’enquête, menée par 2 célèbres analystes américains et une spécialiste des réseaux cybernétiques chinois, analyse les transferts de technologies en détail, à partir de sources chinoises jusqu’ici non exploitées. Elle met à jour l’implication de l’État chinois dans les transferts de technologies, non seulement par intrusion internet, mais également par l’activation des réseaux d’espions chinois travaillant aux États-Unis.

Selon Puglisi, chercheur au profit du gouvernement américain, « depuis le milieu des années 50, la Chine est engagée dans un effort systématique pour s’approprier discrètement, par des moyens légaux ou illégaux, les technologies haut de gamme existant sur la planète ». L’opération en cours depuis plus d’un demi-siècle est vue par les Chinois comme un raccourci qui économise le temps et le coût de la R&D et fait appel au sentiment patriotique des centaines de milliers de Chinois expatriés qui travaillent ou étudient à l’étranger.

Aux lecteurs qui pourraient considérer cette opération visant à collecter les technologies étrangères comme normale et courante, les auteurs répondent « qu’elle est ni normale, ni courante, mais qu’il s’agit d’une attaque directe organisée et soutenue par l’État chinois, ciblant les innovations étrangères au moyen de procédés occultes qui organisent un véritable pillage des données rassemblées dans des « centres de transferts », avant d’être envoyées en Chine.

Toutefois, les auteurs prennent soin d’ajouter que, tout en traitant le problème, il convient « d’éviter de soupçonner tous les Chinois et tous les Américains d’origine chinoise ». Compte tenu du battage fait autour des affaires d’espionnage, et de l’engouement des jeunes chinois pour les études aux États-Unis, ainsi que des nombreux sino-américains travaillant dans les sociétés high-tech, on voit mal comment ces dérapages pourraient ne pas avoir lieu.

De manière pour le moins utopique, la conclusion du livre suggère de mettre fin à cette hémorragie en corrigeant l’individualisme des Américains et en les appelant à plus de solidarité nationale. Dans ce qui est déjà un début de dérapage, elle remet également en question le nombre de Chinois admis à étudier dans les Universités américaines. Enfin, elle appelle le gouvernement fédéral à exiger que la question soit inscrite à l’agenda du dialogue économique et stratégique avec la Chine.


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