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Su Tseng-chang - 苏贞昌 (Su Zhen Chang) - le retour

Brèves.

Discours d’inauguration de Ma Ying-jeou.

Le 20 mai, Ma Ying-jeou réélu pour 4 ans a prononcé un discours définissant sa politique intérieure et la nature des relations qu’il entendait développer avec la Chine, dans une ambiance de forte contestation interne au Kuomintang.

A l’intérieur, où il est sur la sellette à cause de la hausse des prix de l’énergie et des importations de viande américaine de bœuf et de porc traitée aux additifs favorisant la masse musculaire, il entend, sans surprise, appuyer son action sur les « 5 piliers » désormais classiques d’un pays développé : la croissance, la justice sociale, l’attention à l’environnement, le développement culturel et l’innovation.

Mais son autorité a été récemment remise en cause par une fronde des députés du KMT ayant refusé de voter une loi sur la taxation du capital, destinée à réagir contre les inégalités. Ce qui provoqua immédiatement la démission de la ministre des finances, Christiana Liu. En avril une vingtaine de députés du KMT avaient rejeté une loi autorisant l’importations de viande venant des Etats-Unis, traitée à la ractopamine.

Tout se passe comme si une partie des députés KMT, voyant la populatité de Ma Ying-jeou au plus bas dans les sondages (évoluant à moins de 35% d’opinions favorables, avec des chutes à 15%), prenaient déjà leur distance en vue des échéances électorales futures.

Quant aux relations avec Pékin, Ma les place toujours sous la double exigence du développement des relations économiques, encadrées par l’impératif, hautement sensible en interne, de protéger l’identité politique de l’Ile. La ligne, inchangée depuis 2008, reste les « 3 NON », qui balisent le statuquo auquel est attachée la majorité des Taïwanais : NON à l’indépendance, à la réunification et à l’usage de la force. A quoi il rajoute la variante sémantique, qui décrit la situation et la relation entre les deux rives comme celles « d’Un pays deux régions « 一國兩區 Yi Guo Liang Qu » (1) , le tout placé sous l’affabulation toujours aussi ambigüe du « consensus de 1992 ».

Enfin, ayant mesuré la sensibilité politique à Taïwan d’une proposition qu’il avait avancée il y a quelques mois, de négocier la paix avec Pékin, il a clairement fait marche arrière, rejetant le projet aux calendes grecques : « A ce stade, il n’y a pas urgence à discuter d’un traité de paix avec la Chine ». A quoi il a ajouté que la sécurité de l’Ile continuerait à reposer sur les trois piliers que sont la stabilité des relations dans le Détroit, une diplomatie stable et crédible et une défense nationale efficace. A cet effet Taïwan continuerait à acheter aux Etats-Unis des armes défensives.

Notons que seul le premier de ces trois piliers pourrait être accepté par Pékin. Les deux autres, qui affirment à la fois l’identité de l’Ile et la volonté de la défendre, constituent des motifs de tensions récurrents. De même la Chine est agacée par le report des négociations de paix qu’elle envisage comme un pas vers la réunification.

(1) Le concept de « région » est la reprise d’un terme de la Loi constitutionnelle qui dit « régir le gouvernement des peuples de la « région de Taïwan » et ceux de la « région du continent, ou Grande Terre - Da Lu 大陆 » »

Economie. Accord-cadre.

Selon les statistiques taïwanaises en mars le commerce a baissé en moyenne de 4,5% (-3,2% à l’export et -5,8% à l’import) du fait du ralentissement de l’économie globale. La croissance pour 2012 est estimée à +3,38% soit un demi-point en-dessous des prévisions. Dans ce contexte, le gouvernement est placé sous les contradictions de l’Accord-cadre, dont les effets d’abord bénéfiques pour l’Ile, grâce à la bonne volonté de la Chine, parfois au détriment de ses propres entreprises, pourraient créer une dépendance dangereuse, instatallant progressivement les conditions d’une finlandisation.

C’est pourquoi Taipei s’efforce de relever le niveau technologique de sa production pour reconquérir les marchés développés, tout en cherchant, en dépit des obstacles chinois, à multiplier les accords commerciaux avec d’autres partenaires.

A l’intérieur l’administration a identifié 6 secteurs à privilégier pour relancer l’économie et consolider ses parts de marché hors Chine : les biotechnologies, l’éco-tourisme, les énergies vertes, l’agriculture organique, la santé et les technologies de l’information.

A l’extérieur, des négociations pour des accords commerciaux ont été entamées avec les Etats-Unis, la Chambre de commerce européenne, Singapour, le Japon (signature en septembre 2001 d’un pacte d’investissement), les Philippines, l’Indonésie, l’Inde et la Corée du sud.

Enfin, la volonté affirmée par Ma Ying-jeou de participer en 2020 au projet de coopération transpacifique, lancé par la Maison Blanche en janvier 2012, procède également du souci d’alléger la pression chinoise. Toutefois, le fait que cette construction commerciale ait été envisagée sans Pékin et contre le schéma chinois d’une zone de libre échange Chine – ASEAN, crée les conditions de tensions à venir et augure mal de son succès.


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