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Taiwan, le « chiffon rouge ». Analyse de la stratégie des provocations

Le choix de la bravade et ses limites.

Vu du côté américain, le raidissement nationaliste est tout aussi dangereux. L’administration américaine s’apercevra vite à la fois de la vacuité des rodomontades et de l’étroite interconnexion des problèmes. Dans la guerre des sanctions commerciales, Pékin qui détient 30% de la dette extérieure des États-Unis à hauteur de 1150 milliards de $, pourrait répliquer d’abord en réduisant ses prêts qui, jusqu’à présent, nourrissent la consommation de la classe moyenne ; ensuite en harcelant les intérêts américains en Chine (plus de 60 milliards de $ investis annuellement par les groupes américains).

Ni Pékin dont les industries dépendent en partie du marché américain à la fois pour leurs exportations et pour leur modernisation, ni Washington dont la consommation intérieure et le déficit budgétaire sont en partie alimentée et couvert par les finances chinoises, n’y gagneraient.

A l’étage stratégique, l’imbrication des sujets sensibles limite également les marges de manœuvre. Si les États-Unis veulent agir efficacement sur la question de la prolifération nucléaire nord-coréenne, le choix le plus avisé n’est pas d’engager un bras de fer avec la Chine qui détient, en dépit des dénégations de Pékin, la clé de l’efficacité des sanctions contre Pyongyang.

Enfin, il faut s’interroger sur la vulnérabilité même du nouvel exécutif américain et, partant, de sa capacité à engager le fer avec la Chine, dès lors que les intérêts d’affaires de Trump et de sa famille sont connectés aux finances chinoises ce qui installe une double fragilité, d’abord vis-à-vis de Pékin, ensuite au regard du droit par le truchement de l’accusation de conflit d’intérêt. Depuis l’élection du nouveau président, la grande presse américaine multiplie les mises en garde sur ce thème. S’agissant des relations avec la Chine on citera un exemple récemment mis à jour par de longues enquêtes du New-York Times [1].

Les vulnérabilités de la famille Trump.

Alors que Jared Kushner, gendre de Trump ayant fait fortune dans l’immobilier (7 Mds de $ d’acquisitions au cours des 10 dernières années appuyés sur des financements étrangers), dont le père avait déjà été condamné pour corruption, a été désigné comme conseiller spécial à la Maison Blanche, les connexions d’affaires avec la Chine des proches du président et leur exposition aux finances chinoises directement connectées avec la tête du pouvoir à Pékin, constituent une sérieuse limitation de la marge de manœuvre du nouvel exécutif et un sérieux brouillage des intérêts stratégiques américains sur la question très sensible des relations avec Taiwan.

Dans une enquête publiée le 7 janvier, le New-York Times révèle que le groupe immobilier dirigé par la belle famille du président est, depuis 6 mois, en négociation d’affaires avec le groupe chinois d’assurances Anbang dont la structure financière floue pourrait être directement connectée avec l’appareil politique chinois. Lire à ce sujet :
- La nouvelle agressivité des groupes chinois à l’international mise en perspective
- Jared Kushner, a Trump In-Law and Adviser, Chases a Chinese Deal

A la clé, selon le NYT, des investissements du groupe chinois dirigé par le très secret Wu Xiaohui dans les affaires immobilières de la famille Kushner dont 1 milliards de $ de dettes arrivent à échéance en 2019. Or l’article ajoute que parmi les investisseurs d’Anbang figurent, datant de l’union de Wu avec Zhuo Ran, une petite fille de Deng Xiaoping, des prête-noms en réalité connectés à la machine politique chinoise et à l’APL.

Note(s) :

[1Le feu croisé des critiques qui accablent Trump et sa famille depuis sa nomination accusent aussi le gendre Jared Kushner membre d’une famille juive traditionnaliste de liens étroits avec la droite dure israélienne. Ils ajoutent que cette arrière-plan fut probablement à l’origine de la déclaration de Trump envisageant de déplacer l’ambassade des Etats-Unis à Jérusalem.

Toutes proportions gardées, ce pavé de la mare de l’imbroglio du Moyen Orient est homothétique de celui qui, en Asie, bouscule les non-dits de la question de Taiwan. Il reste à savoir si cette stratégie des provocations mises en œuvre au milieu de vulnérabilités financières de la belle famille de Trump exposées par le NYT a, dans la complexité des relations internationales, une chance de déboucher sur une solution des conflits enkystés depuis des lustres ou si, au contraire, elle ne conduit pas à leur aggravation.


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