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Taiwan, le « chiffon rouge ». Analyse de la stratégie des provocations

Note de Contexte. Le Liaoning dans le Détroit.

Symbole de l’évolution des rapports de forces, alors que durant la 3e crise de Taiwan (1995 - 1996) le porte avions Nimitz de l’US Navy avait franchi le Détroit, cette fois c’est un PA chinois qui le 11 janvier naviguait entre l’Île et le continent, tandis que l’US Navy restait à l’écart.

Même s’il s’agit du 2e passage du Liaoning dans le Détroit - Il l’avait déjà fait en 2013 après avoir été livré par les chantiers navals à la marine -, cette fois l’incidence s’inscrit dans une crise directe. Signe de l’importance de l’événement, durant son voyage officiel au Honduras, Tsai Ing-wen s’est par deux fois tenue informée de la position du PA chinois, qui, quel que soit l’angle de vue exprime une menace.

En réponse, Taiwan a pour la 3e fois en 3 jours mis en alerte ses chasseurs de combat. Pour calmer le jeu, Liu Zhenmin, vice-ministre chinois des Affaires étrangères déclarait que le Détroit était partie des eaux internationales et que le passage du Liaoning n’aurait aucune incidence sur les relations entre Taiwan et le Continent.

Il n’empêche que la progression du Liaoning est suivie de près par la tête de l’exécutif chinois. Le 5 janvier, un article en première page du Quotidien de l’armée confirmait que les manoeuvres du PA retenaient l’attention personnelle de Xi Jinping.

Le 11 janvier, lors d’une conférence de presse, Ma Xiaoguang, porte parole du Bureau des Affaires taiwanaises contredisait les propos rassurants du Waijiaobu. Il anticipait en effet que les mois à venir seraient marqués par de « fortes incertitudes, des défis et des risques. », ajoutant que les manoeuvres séparatistes du gouvernement de Taiwan et des forces indépendantistes avaient sérieusement mis en danger la paix et la stabilité dans le Détroit. En conclusion il a prévenu que la Chine défendrait résolument la souveraineté et son intégrité territoriale.

Guerre des nerfs. Risques de dérapage militaire.

Un seul porte-avions chinois n’est certes pas de nature à modifier le rapport de forces. Mais son engagement dans l’actuelle montée des tensions constitue un symbole. En 1996, le monopole aéronaval américain neutralisait les avantages tactiques de l’APL sur l’Île que constituent le nombre et la proximité du Continent. Le surgissement dans le paysage stratégique d’un PA chinois, fût-il unique et démodé, annule en partie la suprématie américaine.

Tout comme il est vrai qu’en 1996, une agression directe contre un PA américain aurait ouvert une boîte de Pandore militaro-stratégique aux conséquences incalculables, 20 ans plus tard, il devient impensable que l’armée américaine s’attaque directement à ce symbole de la puissance chinoise et de ses ambitions, parties du « rêve chinois » que constitue le Liaoning. En même temps, chacun voit bien que, dans les actuelles circonstances où le futur président agite le nationalisme américain de la puissance face à la Chine, il est tout aussi impensable que Washington abandonne Taiwan en rase campagne.

Dès lors, répètent les diplomates raisonnables, la seule solution à la crise serait politique, marquée par des garanties et des concessions de part et d’autre. Il reste que l’irrationnel est toujours possible. La situation dans le Détroit et ses parages entre dans l’incertitude d’une guerre des nerfs. Plus celle-ci se prolongera, plus seront importants les risques de dérapage militaire.


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