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Trombe diplomatique chinoise en Asie du Sud-est

L’Indonésie objectif stratégique de Pékin.


Routine des sommets régionaux.

Le 3 octobre dernier, le Président Xi Jinping fut le premier chef d’État étranger invité à s’adresser au parlement indonésien à Djakarta. Le message était sans ambiguïté et à double entrée : alors que la Chine allait donner un élan sans précédent au commerce avec les pays de l’ASEAN - fixant l’objectif à 1000 Mds de $ pour 2020 -, il ne fallait pas que les questions de souveraineté en Mer de Chine restent un obstacle. Sur ce, il signa un accord de coopération de 30 Mds de $ et des engagements chinois pour l’exploitation des ressources minières et des projets d’infrastructure avant de s’envoler pour la Malaisie.

Là aussi l’intention était claire : affirmer l’influence culturelle et économique de la Chine. En rencontrant le Chef de l’État malaisien Abdul Halim Mu’adzam et le premier ministre Njib Razak, le 4 octobre, il évoqua les voyages de Zheng He au XVe siècle, venu 5 fois à Malacca, soulignant du même coup le poids historique de la Chine dans la région et l’importance pour Pékin de ses lignes de communication maritimes vers l’Ouest, l’Afrique et le Moyen Orient.

Les échanges commerciaux dont la valeur est de 95 Mds de $ en 2013 seront portés à 160 Mds dès 2017. C’est ce qu’a déclaré le président chinois aux 1000 hommes d’affaires rassemblés pour l’occasion. En même temps, un plan en 5 ans a été arrêté pour approfondir la coopération bilatérale dans les technologies, la finance, et les services. Le resserrement des liens se développe dans le cadre déjà ancien de la zone de libre échange entre 6 pays de l’ASEAN et la Chine, mis en œuvre le 1er janvier 2010. Son style ouvert et très peu contraignant contraste avec les conditions tatillonnes du Trans Pacific Partnership américain, assorti d’exigences de transparence, d’où la Chine a été exclue.

APEC et ASEAN sans surprise. Le TPP américain en retard

Le 7 octobre Xi Jinping était à Bali où il prononçait un long discours à la conférence annuelle des pays riverains du Pacifique (APEC) - 21 pays, dont la Russie, la Chine, les États-Unis, la Corée du Sud, le Japon, le Canada, la Papouasie-Nouvelle Guinée, le Mexique, le Pérou, le Chili, la Nouvelle-Zélande, l’Australie, 7 pays de l’ASEAN (Thaïlande – Vietnam – Philippines – Singapour – Malaisie – Indonésie, Brunei ), Hong-Kong, Taïwan - qui comptent 40% de la population mondiale, 55 % de son PNB et 44% du commerce de la planète.

Le président chinois ne fit aucune allusion à l’absence de son homologue américain, remplacé par John Kerry et concentra ses remarques sur les réformes en cours de l’économie chinoise et la nécessité pour la Chine de développer des liens avec les riverains du Pacifique. Alors que la situation économique de nombreux pays de la zone reste fragile, la plupart se tournent vers Pékin pour les facilités financières et les coopérations tous azimuts qu’elle propose. En revanche l’absence du président américain a handicapé la promotion du TPP.

Pour l’heure, hormis Singapour et Brunei qui furent membres fondateurs en 2005, aucun pays d’Asie n’a signé le pacte. Le Vietnam négocie depuis 2008, la Malaisie depuis 2010, Taïwan et le Japon depuis 2013. A Bali, la Corée du Sud et la Malaisie ont donné des réponses d’attente. Aucune nouvelle des intentions de la Thaïlande ni des Philippines. L’Indonésie penche nettement du côté chinois et n’a jamais marqué son intérêt pour le TPP. C’est peut-être à Djakarta que l’absence du président Obama a été le plus sévèrement ressentie, face au rouleau compresseur financier chinois.

Dans cette morosité vaguement anti-américaine la consolation est venue du vieil allié singapourien par la bouche du premier ministre Lee Hsien Loong qui, comme son père Lee Kuan Yew, se plaît à répéter « qu’aucun pays ne peut remplacer l’engagement des Etats-Unis en Asie. Ni la Chine, ni le Japon. »

Au sommet de l’ASEAN à Brunei c’est Li Keqiang qui représentait la Chine, tandis que J. Kerry parlait au nom de Washington. Une fois de plus la rivalité sino-américaine était palpable. S’il est vrai que les deux avancent des arguments de développement et de coopération, chacun selon ses critères, la Chine ayant manifestement une belle longueur d’avance dans l’établissement d’une zone de libre échange, en revanche sur la vieille question des revendications territoriales en mer de Chine du Sud, les tensions étaient sensibles. Au point que les 10 pays, qui tentent malgré tout d’équilibrer les relations entre les deux géants, ont tenu deux réunions séparées, l’une avec la Chine, l’autre avec les États-Unis.

Quand Washington cherche à promouvoir une unité d’action régionale face à la Chine, Pékin l’accuse d’ingérence et répète ses exigences d’entretiens bilatéraux seulement avec les pays en litige. Cette fois la Chine avait pris les devants. A la mi-septembre le Waijiaobu a commencé à négocier à Suzhou avec l’ASEAN une proposition de code de conduite en Mer de Chine du Sud. L’affaire avait été préparée par 2 voyages du ministre des Affaires étrangères Wang Yi, l’un au printemps en Thaïlande, Indonésie, Singapour et Brunei, l’autre an août, en Malaisie, au Laos, au Cambodge et au Vietnam.

Les pourparlers avancent très lentement prenant pour base la « déclaration sur le Code de Conduite » signée à Phnom-Penh le 4 novembre 2002, qui exhortait à la mesure, à la compréhension réciproque et excluait les provocations et l’usage de la force. Il définissait 5 secteurs de coopération (protection de l’environnement, recherche sous-marine, sécurité des lignes de communication et liberté de navigation, secours en mer, lutte contre le crime organisé, la piraterie et les trafics en tous genres). Mais à ce jour seulement 4 groupes de travail ont été mis sur pied et aucun de ces projets n’a été mis en œuvre. Lire DECLARATION ON THE CONDUCT OF PARTIES IN THE SOUTH CHINA SEA.


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