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Quelles perspectives pour les candidats ?
Alors qu’il est encore trop tôt pour prévoir le résultat des élections, qui pourraient avoir lieu en mars 2012 plutôt qu’en janvier, suite au regroupement des deux scrutins législatif et présidentiel - mesure très critiquée par l’opposition, mais approuvée par les sondages d’opinion -, il est en revanche déjà possible de passer brièvement en revue les atouts et handicaps des deux candidats.
Le Président Ma pourra se prévaloir d’avoir initié le plus spectaculaire apaisement des relations entre les 2 rives depuis 1949 - 15 accords avec la Chine, dont l’Accord Cadre Economique entré en vigueur en 2010 - . Une réalité à laquelle les Taïwanais sont sensibles, comme ils sont sensibles au développement des affaires avec la Chine et à la reprise économique après la crise (10,8% de croissance en 2010).
Mais les sondages en sa faveur restent hésitants, essentiellement parce que le rebond n’a pas profité à tous, alors que les écarts de richesse se sont aggravés, que le chômage des jeunes est préoccupant et que les conséquences positives de l’Accord Cadre ne seront perceptibles que dans plusieurs années.
Surtout, la logique de rapprochement avec Pékin initiée par Ma Ying Jeou, pourrait atteindre bientôt ses limites, quand la Chine - dont la puissance militaire ne cesse d’augmenter - fera pression pour accélérer le dialogue politique et militaire que les Taïwanais, attachés au statu quo et à l’indépendance de fait, considèrent avec la plus extrême méfiance.
Quant à Tsai, qui prône des relations avec la Chine sur un pied d’égalité et des liens commerciaux moins univoques, équilibrés par des accords avec d’autres partenaires - au demeurant observés avec méfiance par Pékin, ce qui pourrait être source de conflits à venir, y compris entre le PCC et le KMT -, elle pourrait rallier ceux qui craignent une réunification rampante, favorisée par les trop fortes imbrications d’affaires avec la Chine.
Elle aura cependant des difficultés à réaliser une synthèse entre les indépendantistes modérés et les radicaux qui la soutiennent. Enfin, même si la perspective est éloignée, la fermeté de principes de ses positions indépendantistes est mécaniquement porteuse de tensions avec Pékin et même avec Washington, une occurrence que la majorité des Taïwanais ne souhaite pas.